Les châteaux bas-navarrais du Maréchal Harispe

Les CHATEAUX BAS-NAVARRAIS

du MARECHAL HARISPE



Introduction

Au cours de son existence, le Maréchal Jean Isidore Harispe, s’inscrivant dans la politique habituelle de la bourgeoisie de rechercher de nouvelles alliances, se rendit successivement acquéreur de deux châteaux bas-navarrais, d’abord celui d’Echauz en pays de Baïgorry, son pays de naissance, puis celui de Lacarre en pays de Cize, ou pays de Garazi, dans lequel il décéda octogénaire. Notre propos est, après avoir rappelé ses origines familiales, de retracer les liens matrimoniaux et familiaux que le Général Harispe, anobli sous le premier Empire qui le fit baron, puis comte, et élevé à la dignité de maréchal de France sous le second Empire, établit avec les familles de la noblesse bas-navarraise, propriétaires originels de ces châteaux, et de faire connaitre leurs destins au cours des décennies qui suivirent.

Les Ancêtres de Jean Isidore Harispe

Jean Isidore Harispe naît à Saint-Etienne-de-Baïgorry le 7 décembre 1768 dans une famille bourgeoise de la cité, propriétaire de la Maison Eliçabehere située au centre du bourg dans le quartier proche de l’église paroissiale Saint Etienne, dont le registre des baptêmes indique : « L’an 1768, le 7 du mois de décembre, a été baptisé Jean Harispe, né d’aujourd’hui du mariage légitime de Jean Harispe et de Marie Harismendy de la Maison Eliçabehere de Saint Etienne de Baïgorry, le parrain a été Jean Harispe, aïeul paternel, et la marraine Jeanne d’Oxalde, aïeule maternelle »1.

Dans la famille Harispe, le prénom de Jean est décerné au moins au fils aîné de chaque génération. Le père et le grand-père de Jean Isidore, tous deux prénommés Jean, sont successivement Maîtres de la Maison Eliçabehere où ils exercent la profession de marchand, ou de négociant. L’acte de baptême de Jeanne, fille de Michel Detcheverry, notaire royal, et de Marie Harispe, précise la nature du négoce tenu par Jean Harispe, son frère, celui de marchand drapier : « L’an 1781 et le 12ème jour du mois de mars, a été baptisée par moy curé soussigné Jeanne Etcheberry, née avant-hier du légitime mariage de Michel Etcheberry, notaire royal, et de Marie Harispe, Sieur et Dame de la maison Matchineina du quartier de St Etienne. Le parrain : Jean Harispe, marchand drapier, maitre de la maison de ce nom, oncle maternel, … 2.

Parmi les ancêtres, paternels comme maternels, de Jean Isidore figurent plusieurs marchands et négociants ainsi que quelques cultivateurs, mais également des notaires royaux et des prêtres. La famille Harispe tend, en effet, à étendre son réseau d’alliances à la magistrature locale. A titre d’exemple, la tante de Jean Isidore, Marie Harispe, citée ci-dessus, cadette de la maison Eliçabehere, qui sera la marraine de son frère Charles Harispe en 1770, se marie le 24 novembre 1772 avec Michel Etcheberry, notaire royal, également habitant de St Etienne de Baïgorry. Les témoins sont Jean Harispe négociant l’ainé et Jean Harispe le cadet, tous deux frères de l’épouse. Autre exemple : un oncle de Jean Isidore, Jean Harispe (1740–1804) est curé de la paroisse de Saint-Etienne-de-Baïgorry lorsqu’il décède le 19 décembre 1804 :

« L’An 13 de la République, le 28 du mois de Frimaire (19 décembre 1804), par devant nous … , ont comparu Jean Jauréguy prêtre et Jean Dutey officier de santé, les deux amis de Jean Harispe, curé, domiciliés dans la dite commune de St Etienne de Baïgorry, lesquels nous ont déclaré que le dit Jean Harispe, curé de la présente commune, fils légitime de feu Jean Harispe et de Françoise de Sarry, en leur vivant sieur et dame de la maison d’Eliçabehere du dit St Etienne de Baïgorry, âgé de 65 ans, domicilié dans la dite commune de St Etienne de Baïgorry, est décédé hier à 2 heures et demie de relevé en la maison curiale située à la place de St Etienne de Baïgorry … … . »3.

Dans la vicomté d’Echauz, aujourd’hui canton de Saint-Etienne-de-Baïgorry, deux maisons, deux « Etche », portent le nom de « Maison Harispe ». La première se trouve sur la paroisse d’Ascarat : le maître de cette maison, prénommé Pierre4, a des liens de parenté avec la famille Jean Harispe : il est, comme nous le noterons plus avant, choisi comme parrain de l’un des fils de Jean Harispe et de son épouse Marie Harismendy. Une autre « Maison Harispe », citée à plusieurs reprises dans les registres paroissiaux de Saint-Etienne, est située dans le quartier Iramehaca5 de Baïgorry, aujourd’hui inclus dans la commune de Banca, en crête au-dessus du village.

La maison, l’« Etche », originelle de la famille pourrait être cette « Maison Harispe », de la paroisse d’Ascarat tandis que la « Maison Harispe » du quartier Iramehaca pourrait être la maison construite par un cadet de la famille qui se serait installé au XVIème ou au XVIIème siècle dans cette zone frontalière de pacage alors non encore habitée.

La Famille de Jean Isidore Harispe

Le mariage des parents de Jean Isidore, à savoir Jean Harispe et Marie Harismendy, est célébré le 20 janvier 1768 en l’église Saint-Etienne de Baïgorry par l’abbé Jean Harispe, oncle de l’époux, alors vicaire de la paroisse d’Uhart-en-Cize. La jeune épouse, elle aussi native de Saint-Etienne-de-Baïgorry, est issue d’une famille de marchands, comme son mari : « L’an 1768, le 20ème du mois de janvier, après avoir publié les bans … … , du futur mariage d’entre le sieur Jean Harispe, négociant héritier de la maison d’Eliçabehere, et demoiselle Marie Harismendy, … … , je Jean Harispe, vicaire de la paroisse d’Uhart, et avec la permission du sieur curé, leur ay imparti la bénédiction nuptiale avec les cérémonies accoutumées en présence de Jean Harispe, frère de l’époux, de Jean Harismendy, frère de l’épouse, et Pierre Harispe, cousin de l’époux, qui ont signé avec moy ainsi que les époux » 6.

En 1789, un nouveau mariage qui confirme l’alliance entre les familles Harispe et Harismendy, nous apprend qu’un membre de la famille Harismendy, en l’occurrence l’oncle maternel de Jean Isidore Harispe, appartient à la noblesse de robe navarraise : « Le 18 février 1789, mariage de Pierre Harispe, avocat au Parlement de Navarre et de Demoiselle Jeanne Harismendy, … … , en présence du Sieur Jean Harismendy, notaire royal, frère de l’épouse, de Jean Harispe négociant, neveu de l’époux, de Pierre Harismendy, neveu de l’épouse et de Martin Etcheverry »7.

Dans la famille Jean Harispe-Marie Harismendy, naissent après Jean Isidore Harispe, l’aîné né le 7 décembre 1768, neuf enfants, cinq garçons et quatre filles, dont les parrain et marraine sont en quasi-totalité des membres des familles Harispe et Harismendy :

  • Charles Harispe, né le 26 décembre 1770, baptisé le 27, dont le parrain est Charles Harismendy, négociant et aïeul maternel, et la marraine Marie Harispe, tante paternelle ;

  • Marie Harispe, née le 14 avril 1773, baptisée le 15, qui a pour parrain Jean Harispe, curé de la paroisse d’Irouléguy, oncle paternel, et pour marraine Marie Harismendy tante maternelle ;

  • Jean Harispe, né et baptisé le mardi 3 janvier 1775, avec pour parrain Jean Harispe, oncle paternel, cadet de la maison Harispe, et pour marraine Marthe Harismendy, tante maternelle, qui meurt en bas-âge le 29 janvier 1775 ;

  • Jeanne Rose Harispe, née et baptisée le jeudi 26 octobre 1775, dont le parrain est Jean-Baptiste Harismendy, négociant son oncle maternel, et la marraine Jeanne Rose de Bordenave de la maison de Florence de la paroisse Ossés ;

  • Plaisance Harispe, née et baptisée le 26 novembre 1776, dont le parrain est Arnaud Goyhenetche de Harispe, curé d’Anhaux, et la marraine Demoiselle Plaisance d’Amestoy de Harismendy, tante maternelle par alliance ;

  • Jean Harispe, né et baptisé le 24 janvier 1778, qui a pour parrain Jean Harispe prêtre curé d’Irouléguy, oncle paternel, et pour marraine Marie Harismendy, tante maternelle ;

  • Timothée Harispe, né et baptisé le 26 mai 1779, avec pour parrain Timothée Harispe, prêtre curé d’Irouléguy, oncle paternel, et pour marraine Marthe Harismendy, tante maternelle ;

  • Pierre Harispe, né le 15 mai 1781, baptisé le 16, qui a pour parrain Pierre Harispe, maître propriétaire de la maison Harispe de la paroisse d’Ascarat, et pour marraine Jeanne Harismendy, tante maternelle ;

  • Placide Harispe, née le 5 avril 1783, dont la naissance ne nous est connue que par son acte de décès survenu à Baïgorry le 29 décembre 1820 (les actes de naissance de l’année 1883 sont manquantes dans le BMS de Baïgorry).

Parmi les fils Harispe, trois poursuivent, comme leur frère aîné, une carrière militaire après la période révolutionnaire :

  • Charles Harispe, frère cadet de Jean Isidore, est « capitaine soldé » lorsqu’il épouse en 1806 la fille aînée de la maison Oronos de Baïgorry, maison dont il devient le « maitre adventice » :

« Mariage, le 16 février 1806, de Charles Harispe, cadet de la maison de ce nom, né à St Etienne de Baïgorry le 27 décembre 1770, capitaine soldé à la suite de l’armée, domicilié en la dite commune de St Etienne de Baïgorry, fils légitime de Jean Harispe, négociant de son vivant maitre de la maison d’Eliçabehere, et de Marie Harismendy, son épouse, domicilié en la dite commune de St Etienne de Baïgorry, et de Marie Oronos, née à St Etienne de Baïgorry le 5 juin 1785, cultivateur, domicilié en la dite commune de St Etienne de Baïgorry, fille légitime et mineure de feu Bernard Oronos, laboureur, de son vivant maitre propriétaire de la maison Oronos, et de feue Catherine Hiriart son épouse, domiciliée en la dite commune de St Etienne de Baïgorry »8.

Charles Harispe quitte l’armée peu après son mariage pour s’installer définitivement à Baïgorry, où il exerce ultérieurement la fonction de percepteur, comme le confirme l’acte de décès de sa fille, Olimpe Harispe, survenu le 12 novembre 1849 à Baïgorry à l’âge de 25 ans, « fille de Charles Harispe, ex percepteur, et de Marie Oronos, son épouse, décédée dans la maison Oronos ».

  • Timothée, qui, titulaire du grade de capitaine, serait mort pendant la guerre d’Espagne en 1808 à Espinosa ;

  • Jean-Pierre, baptisé Pierre en 1781, dont le décès est inscrit dans le registre d’état-civil de la commune de Baïgorry, année 1812, sur le témoignage de « son frère Charles Harispe, maitre de la maison Oronos à Baïgorry » qui présente son acte de décès survenu le 20 mai 1812, durant la guerre d’Espagne où il servait en qualité de capitaine aide-de-camp de son frère aîné, Jean Isidore, alors général de division commandant la 2ème division du 3ème corps d’armée, corps devenu « l’Armée d’Aragon » placée sous les ordres du maréchal Suchet :

« Extrait d’acte de décès établi à Valence, royaume d’Espagne, sous le timbre de l’état-major-général de l’armée impériale d’Aragon, par Alexandre Lalanne, inspecteur aux revues de l’armée d’Aragon, concernant le décès de M. Jean Pierre Harispe, capitaine aide-de-camp de Mr. le général de division Harispe, fils de feu Jean Harispe et de Marie Harismendy, natif de Baïgorry, décès survenu le 20 mai 1812 dans la région de Valence par suite d’une fièvre ».

Le mariage de Jean Isidore Harispe

Lors de la Révolution française, le jeune Jean Isidore Harispe, prend spontanément les armes dès 1792 et lève sa propre compagnie franche pour défendre « sa vallée de Baïgorry » contre les incursions espagnoles avant même le déclenchement des hostilités entre la France et l’Espagne. Telle est l’origine des « Chasseurs Basques »9 dont il commande un bataillon, avant que ne lui soit confié le commandement de la « demi-brigade de Chasseurs Basques » par les Représentants du Peuple qui le promeuvent alors « Adjudant-général-Chef-de-Brigade » à l’âge de 26 ans, sur le champ de bataille le 3 juin 1794, lorsque le général Lavictoire, qui commande cette demi-brigade dans l’attaque du col de Berdaritz, est mortellement blessé.

Pendant l’hiver qui suit la campagne victorieuse de l’été et de l’automne 1794, durant laquelle les chasseurs basques se sont distingués, de nombreux mariages sont célébrés dans les villages des Pays de Cize et de Baïgorry, entre des « chasseurs basques » et des jeunes femmes de la région. Parmi ceux-ci, Jean-Isidore Harispe épouse à Baïgorry, le 23 janvier 1795, Marguerite, âgée de 22 ans, l’aînée des deux filles du septième et dernier vicomte d’Echauz, Bernard Caupenne, ancien officier au Régiment du Roy Infanterie, qui était décédé en 1785, laissant son épouse veuve et ses deux filles orphelines. L’acte de mariage, établi sous la Convention, attribue à feu le vicomte la profession de cultivateur10 :

« Le 4ème jour du mois de Pluviôse An III de la République sont comparus dans la Maison Commune pour contracter mariage :

  • D’une part, Jean Harispe, âgé de 26 ans, né le 7 décembre 1768 à Thermopyle11, Chef de Brigade, domicilié dans la dite municipalité de Thermopyle, département des Basses Pyrénées, fils de Feu Jean Harispe, négociant, et de Marie Harismendy son épouse, les deux domiciliés dans la dite commune de Thermopyle du département des Basses-Pyrénées,

  • D’autre part, Marguerite Caupenne d’Etchaux, âgée de 22 ans, née le 5 février 1772 à Lasse, fille de Feu Bernard Caupenne d’Etchaux, cultivateur, et de Françoise Olympe Siry son épouse, les deux domiciliés dans la dite commune de Thermopyle du département des Basses-Pyrénées,

Lesquels futurs conjoints étaient accompagnés de :

  • Olimpe Echauz, âgée de 21 ans, domiciliée dans la dite commune de Thermopile, sœur de la future épouse, qui signe : « Olympe Caupenne D’Echaus Vve Autran »,

  • Charles Harispe, âgé de 24 ans, capitaine dans le 2ème bataillon basque, domicilié dans la dite commune de Thermopyle,

  • Jean-Pierre Larre, âgé de 21 ans, capitaine dans le 3ème bataillon basque, domicilié à Nive-Franche, ci-devant Saint-Jean-Pied-de-Port,

  • Timothée Mendiry12, âgé de 28 ans, adjudant dans le 2ème bataillon basque, domicilié à Nive-Franche, ci-devant Saint-Jean-Pied-de-Port »13.

En contractant ce mariage, Jean Isidore Harispe s’inscrit dans la tradition familiale d’ascension sociale. D’abord, ce mariage lui fournit l’occasion de resserrer les liens avec la famille Mendiry, famille de notables de Saint-Jean-Pied-de-Port, dont un membre, Jean de Mendiry, était « Conseiller du Roy, alcade et juge royal du Païs de Cize » dans la décennie 1770. Ensuite, après avoir commandé, durant l’offensive victorieuse de l’été 1794, la demi-brigade de Chasseurs Basques qui formait l’avant-garde de la 3ème division sous les ordres du général Moncey, ancien officier de l’armée royale, avec lequel il a créé des liens de fraternité d’armes, le Chef de Brigade Harispe s’allie avec la famille de la noblesse d’épée la plus importante de la vallée, comme s’il entendait s’inscrire dans sa continuité. Réciproquement, Marguerite Caupenne, dont la mère est absente de ce mariage car alors détenue dans la prison de Mont-Bidouze (Saint-Palais), se place sous la protection d’un jeune officier supérieur de la nouvelle armée de la République, auréolé de la gloire acquise dans les combats menés dans les cols pyrénéens contre les forces espagnoles.

De ce mariage naît l’été suivant, le 27 juillet 1795, dans la maison familiale Eliçabehere de Baïgorry, un fils auquel ses parents donnent le prénom de Jean Louis Hector. La déclaration de naissance est faite en la maison commune de Thermopyle (Baïgorry) par son père14 :

« Aujourd’hui, 11ème jour du mois de Thermidor 3ème année de la République (29 juillet 1795), … … , est comparu en la salle publique de la maison commune, Jean Harispe, chef de la demy-brigade de Chasseurs Basques, domicilié en la dite municipalité de St Etienne de Baïgorry, quartier d’Eliçaldea, lequel assisté de … et de … , a déclaré à moy Jean Iribarne, que Marguerite Caupenne Etchaus, son épouse en légitime mariage, est accouchée avant-hier 9ème jour du présent mois de Thermidor à 6 heures du matin dans sa maison de Harispe située au quartier d’Eliçaldéa, d’un enfant mâle qu’il m’a présenté et auquel il a donné le nom de Jean Louis Hector Harispe ».

Mais, le 16 novembre 1796, Jean Louis Hector Harispe décède à l’âge de quinze mois. A cette date, sa mère Marguerite Harispe, née Caupenne, réside dans le château d’Echauz alors que son père, Jean Isidore Harispe, habite Bayonne, où il exerce la fonction de chef d’état-major de la 11ème division territoriale commandée par le général Moncey. C’est son frère cadet, Charles Harispe, qui, assumant à Baïgorry le rôle de chef de la famille Harispe en l’absence de son frère aîné Jean Isidore, déclare le décès de son neveu :

« Aujourd’hui, 22ème jour du mois de Brumaire cinquième année républicaine française (17 novembre 1796), … … , ont comparu en la maison commune Charles Harispe, capitaine du 2ème bataillon de la demi-brigade de Chasseurs Basques, âgé de 27 ans, domicilié en la dite municipalité de St Etienne de Baïgorry, et Pierre Etchart, sergent du 2ème bataillon de la demi-brigade de Chasseurs Basques, âgé de 21 ans, le premier oncle paternel, le second amy de Jean Louis Hector Harispe, âgé de 1 ans et 3 mois, domicilié en la dite municipalité de St Etienne de Baïgorry, quartier de Çuripounta, fils de Jean Harispe, chef de la demi-brigade de Chasseurs Basques, et de Marguerite Echauz, son épouse, lesquels Charles Harispe et Pierre Etchart nous ont déclaré que le dit Jean Louis Hector Harispe est mort hier à 4 heures du matin en son domicile d’Echauz situé au quartier de Çuripounta ».

Le Vicomté et le Château d’Echauz

Bernard Caupenne d’Echauz, le beau-père de Jean Isidore Harispe, qualifié de « cultivateur » dans l’acte de mariage établi en 1794 sous la Convention, était décédé le 13 mai 1785. Son acte de décès, inscrit au registre paroissial de Baïgorry, confirme sa qualité de vicomte d’Echauz : « L’an 1785, le 14ème jour du mois de May, le corps de Messire Bernard de Caupenne, vicomte d’Echauz, âgé environ trente-sept ans, décédé d’hier, après avoir reçu les sacrements de … , a été enterré au cimetière de cette église … ».

Dès le XIème siècle, les pays de Baïgorry et de Cize relevaient de la couronne de Navarre. La vallée de Baïgorry fut érigée en une vicomté au sein de la châtellenie de Saint-Jean-Pied-de-Port par le roi de Navarre, Sanche III le Grand (1000-1035), au profit de la famille d’Echauz (ou Etchaux, Echaus ou Exaus), dont le lignage apparaît remonter vers 1030 à Garcia-Loup I. Erigé sur la rive gauche de la Nive des Aldudes, sur un éperon descendant de la chaîne d’Iparla, qui surplombe le bourg de Saint-Etienne-de-Baïgorry, le château d’Echauz « commande » le carrefour des itinéraires en provenance de Pampelune qui descendent l’un du col d’Urquiaga par la vallée des Aldudes, l’autre de la vallée du Baztan par le col d’Ispéguy. C’est aujourd’hui un édifice quadrangulaire des XIVème et XVème siècles, à un seul corps de logis de deux étages, flanqué de deux tours d’angle d’inégale importance, l’une ronde, l’autre hexagonale, sur la façade principale et deux tourelles sur la face arrière vers la vallée. Un mur de refend avec meurtrières, partage la bâtisse d’Est en Ouest : la partie Sud, vers la vallée, correspond à un agrandissement de l’ancienne casa-torre navarraise, probablement médiévale.

La proximité de mines de cuivre et de fer, pour certaines exploitées dès l’époque romaine, confirme l’importance stratégique du château d’Echauz au Moyen-Âge comme à l’Epoque Moderne. Vers 1375 déjà, Gaston Febus avait fait fondre dans la région de Saint-Jean-Pied-de-Port des canons, arme nouvelle qui commençait alors à remplacer les anciennes machines de siège, tels les engins névrobalistiques. Depuis 1555, avait été accordé le privilège d’une forge de cuivre, l’antique forge d’Echauz, qui appartenait par moitié au vicomte et à la vallée. A la fin du XVIIème siècle, l’industrialisation se développe en vallée de Baïgorry avec la lettre patente de Louis XIV du 24 août 1646 qui lui accorde l’établissement d’une forge pour l’exploitation des mines de fer15, forge appartenant pour un quart au vicomte d’Echauz et pour trois quarts à la vallée. Sur la carte levée par Touros en 175316, les forges de Baïgorry sont indiquées à la sortie du village sur la route des Aldudes, une demi-lieue après le château d’Echauz. L’ingénieur du Roy Canut écrit en 175317 : « L’itinéraire passe devant les forges de Baïgorry fort renommées à cause de la bonne qualité des canons qu’on y a fabriqués durant la dernière guerre (de succession d’Autriche). Les forges ont fourni pour le service de la marine trois mille canons de 4, 6 et 8 livres de balles ». En 1763, est signalé le transport de canons fabriqués dans les forges de Messire Bernard de Caupenne, vicomte d’Echauz.

Au Moyen-Âge, les vicomtes d’Echauz, très puissants parmi la noblesse de Navarre, jouent un rôle de premier plan dans le royaume. A la fin du XIVème siècle, Semen-Garcia IV d’Echauz épouse la fille du seigneur et baron de Gramont. En 1423, Charles d’Echauz épouse Marguerite de Beaumont, fille de Charles de Beaumont, seigneur de Guiche et autres lieux, châtelain de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Mauléon, gouverneur de la vicomté de Soule, proche parent du roi de Navarre Charles III le Noble. Vers 1480, Thomas d’Echauz épouse Suzanne de Gramont.

Lors de la conquête de la Navarre par le roi Ferdinand le catholique en 1512, les vicomtes d’Echauz restent fidèles à leurs souverains légitimes, les Albret. Aussi, à partir de la partition de la Navarre en 1530, perdent-ils leurs possessions de Haute Navarre et habitent leur château de Baïgorry. En raison de leurs parentés, ils jouent un rôle actif en vue d’un rapprochement entre les rois de France et d’Espagne.

Durant les guerres de religion, Antoine d’Echauz, reste fidèle au catholicisme. En janvier 1568, il est l’un des principaux initiateurs de la révolte contre Jeanne d’Albret pour la défense de la religion catholique. Le château d’Echauz est incendié par les troupes de Montgomery. Pour conserver son vicomté, Antoine d’Echauz doit en 1570, faire acte de soumission, sans toutefois renier sa religion, à sa souveraine Jeanne d’Albret dont il obtient le pardon. Lors de l’avènement de son fils Henri plus conciliant, puis au cours de la cinquième guerre de religion, les vicomtes de Baïgorry jouent un rôle majeur dans l’apaisement des relations entre Henri, roi de Navarre, et Philippe II d’Espagne. Lorsque la mort du duc d’Anjou en juin 1584 fait de lui l’héritier du trône de France, Antoine d’Echauz conserve la confiance d’Henri de Navarre, auprès duquel il assume un rôle de négociateur qui le conduit, en 1578 et 1583, auprès de Philippe II d’Espagne, préfigurant le rôle diplomatique qu’assume, l’évêque, son fils cadet Bertrand, tandis que son fils aîné18, Jean d’Echauz succède à son père Antoine, en qualité de vicomte de Baïgorry.

En 1599, alors qu’il vient d’établir la paix intérieure et la paix extérieure, Henri IV, roi de France et roi de Navarre, nomme Bertrand d’Echauz (1556-1641), alors âgé de 42 ans, évêque de Bayonne, siège vacant depuis cinq ans. Il est également commissaire pour la rédaction du For moderne de Basse-Navarre, tout en assurant l’implantation de la contre-réforme du Concile de Trente. Il est promu en 1606 premier aumônier de Sa Majesté et conseiller en ses conseils d’Etat et privés. En 1609, il s’oppose et met fin aux procès en sorcellerie organisés par le conseiller de Lancre. Par ordonnance royale signée le 27 octobre 1611 par la reine Marie de Médicis, régente au nom de son fils Louis XIII, il est nommé plénipotentiaire19 pour les négociations menées d’août 1612 à mars 1613, relatives au tracé de la frontière franco-espagnole, afin de régler les problèmes de mitoyenneté avec les populations du Val d’Erro et du Val Carlos, ce qui aboutit au règlement signé sur le pont d’Arnéguy en 161320. En 1614, participant aux Etats Généraux, il se lie d’amitié avec Richelieu qui obtient sa médiation auprès de Louis XIII. Nommé archevêque de Tours en 1618, il quitte ses fonctions à Bayonne en 1620. Ayant connu la faveur de Louis XIII comme d’Henri IV, Bertrand d’Echauz meurt à Tours en mai 1641, à l’âge de 85 ans.

La famille de Caupenne d’Echauz

Au XVIIème siècle, à la mort de Jean III d’Echauz, dont le fils aîné Guillaume est décédé, la vicomté passe à sa fille Claude Honorée, qui épouse, en 1650, Bernard de Saint-Martin, vicomte de Biscarosse. Ainsi cette branche de la famille de Saint-Martin devient vicomte d’Echauz pour trois générations. A Bernard succèdent comme titulaires du vicomté, Jean de Saint-Martin I, puis Jean de Saint-Martin II dont le fils aîné meurt en bas âge, deux semaines après sa naissance en janvier 1718 : « L’an 1718, le 19ème jour du mois de janvier, est né à Bayonne l’héritier d’Echauz, fils légitime de Messire Jean de Saint-Martin, vicomte d’Echauz, et de Dame Laurence de Rol, vicomtesse d’Echauz ». Inscription marginale : « Est mort le 4 février 1718 »21.

Le destin semble s’acharner sur le couple qui perd successivement deux filles nées en 1720 et 1721 à Bayonne, baptisées en la cathédrale Sainte-Marie de Bayonne, avant de donner naissance encore à deux filles à Saint-Etienne-de-Baïgorry qui survivent : Marthe Madeleine le 19 août 1722, puis Jeanne Françoise le 30 août 1723:

« Le 6 février 1720, a été ondoyée par moy vicaire une fille de Noble Messire Jean de Saint-Martin, vicomte d’Echauz, et de Dame Laurence de Rol, vicomtesse d’Echauz ».

« Le 28ème jour du mois de mai 1721 a été baptisé par moi vicaire sousigné Marie de Saint Martin, née la veille, fille légitime de Noble Messire Jean de Saint-Martin, vicomte d’Echauz, et de Dame Laurence de Rol, vicomtesse d’Echauz, son épouse, demeurant dans la maison de Madame de Boye, rue de l’évêché,…  » 22.

« L’an 1722, le 20ème jour du mois d’août, a été ondoyée demoiselle Marthe d’Echauz, fille légitime de Noble Messire Jean de Saint-Martin, vicomte d’Echauz, et de Dame Laurence de Rol, vicomtesse d’Echauz, son épouse, laquelle est née le 19 du présent mois à 8 heures du soir ».

« L’an 1723, le dernier jour du mois d’août a été baptisée Jeanne d’Echauz, fille légitime de Messire Jean de Saint-Martin, vicomte d’Echauz, et de Dame Laurence de Rol, vicomtesse d’Echauz, son épouse, laquelle naquit le trente du présent mois, vers neuf heures du matin, le parrain a été Noble Nicolas de Mandeufle, Secrétaire du Roy, et la marraine Jeanne d’Echauz, tante paternelle, … … . Signé : St-Martin, Curé »23.

Mais, quelques jours après cette dernière naissance, Dame Laurence de Saint-Martin, vicomtesse d’Echauz, décède, le 8 septembre 1723, à l’âge de trente ans sans avoir eu d’enfant mâle. Elle est inhumée en la chapelle d’Echauz dans le tombeau « où les Seigneurs et Dames d’Echauz sont enterrés ». L’avis de décès est signé, comme tous les actes de la décennie dans le registre paroissial, par l’abbé Jean-Baptiste de Saint-Martin, donc un frère ou un cousin du vicomte, curé de la paroisse de Saint-Etienne-de Baïgorry, qui décède l’année suivante, le 13 octobre 1724, à l’âge d’environ soixante-huit ans.

L’aînée des deux filles survivantes, Marthe Madeleine de Saint-Martin d’Echauz, destinée à hériter de la vicomté d’Echauz à la mort de son père, épouse le 1er mars 1737 Henry de Caupenne d'Amou. Les Caupenne d’Amou sont une famille de la noblesse locale, originaire de la Chalosse24, apparentée aux Gramont, dont les membres servent traditionnellement dans les armées du Roy de France25, dans des régiments plus prestigieux les uns que les autres : au régiment des Gardes Françaises, au Régiment de Navarre, au Régiment du Roy Infanterie, au régiment du Bourbonnais infanterie, au régiment du Gatinois Infanterie, au Régiment de Pologne Cavalerie, comme nous l’apprennent les listes des témoins aux mariages de la famille. Le mariage de Marthe Madeleine de Saint-Martin d’Echauz et d’Henry de Caupenne d'Amou est célébré en l’église Saint Etienne de Baïgorry :

« L’an 1737, le 1er jour du mois de mars, après avoir publié un ban … … entre Messire Henry de Caupenne d’Amou, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis, lieutenant et aide-major au Régiment des Gardes Françaises, … , baron de Bonnut et Arzagues, habitant de la paroisse de Bonnut, diocèse de Daqs, et demoiselle Marthe de Saint-Martin d’Echaus de la paroisse de Saint-Etienne-de-Baïgorry en basse-Navarre, diocèse de Bayonne, … … … ,je sousigné curé leur ay imparti la bénédiction nuptiale en présence de Messire Jean-Baptiste de Caupenne, marquis de Saint-Pée, baron de Pomares et Castelsarrazin, lieutenant au Régiment des Gardes Françaises, neveu de l’époux, et Messire Léonard de Caupenne, ancien lieutenant au Régiment de Navarre, frère de l’époux, et Messire Gabriel de Luppé, seigneur de Lamotte, neveu de l’époux, et Messire Léonard de Latoulade, seigneur du dit lieu, capitaine des grenadiers du Régiment de Navarre, neveu de l’époux, et de Messire François, baron de Poudiner ( ?), capitaine au Régiment de Bourbonnais, cousin germain de l’époux et de Messire Henry de Lafutsun, baron de Lacarre, capitaine au Régiment de Foix, et de Messire Antoine de Lafutsun, chevalier de Lacarre, capitaine au Régiment de Normandie, et de demoiselles Jeanne-Marie et Catherine de Lafutsun de Lacarre cousines de l’époux, et de Messire Jean de Saint-Martin, vicomte d’Echaus, père de l’épouse et de Jean d’Etchepare d’Apat, témoins qui ont signé avec moy ainsi que les deux époux. Signé DEchaus, curé26 »27.

Les titres et qualités des témoins de ce mariage montrent combien est brillant le réseau d’alliances entretenu par les nouveaux vicomte et vicomtesse d’Echauz avec la noblesse d’épée tant navarraise que française. Quant au premier nommé de ces témoins, le marquis d’Amou, Jean-Baptiste de Caupenne, (1711-1788), chevalier de l’ordre de Saint-Louis, il est nommé, en 1747, lieutenant du Roi au gouvernement de Bayonne, après avoir participé à la guerre de Succession d’Autriche, notamment à la bataille de Fontenoy le 11 mai 1745, dans le régiment prestigieux des Gardes Françaises.

La famille d’Henry et Marthe de Caupenne s’installe en 1753 dans leur château d’Echauz à Baïgorry, et y mène une vie de gentilshommes campagnards avec leurs seize enfants. C’est ainsi qu’en 1757, Messire Henry de Caupenne, Baron de Bonnut et Arzacq, vicomte d’Echauz, comte d’Amou, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, et son épouse, Marthe de Saint Martin, comtesse d’Amou, vicomtesse d’Echauz sont parrain et marraine de Henri Fargues28, futur maire de Saint-Jean-Pied-de-Port. Quant à leur fils aîné Bernard de Caupenne, né et baptisé à Bonnut (Pyrénées-Atlantiques) le 6 juillet 1747, il épouse à Pau, le 3 juillet 1770, Françoise Olympe Denise Françoise de Siry, Marquise de Savignies, Dame de Charny. Le mariage est béni par Marc Antoine, Seigneur Evêque de Lescar :

« L’an 1770 et le 3ème du mois de juillet, après la publication d’un ban du futur mariage entre Messire Bernard de Caupenne d’Amou, chevalier vicomte d’Echauz, officier au régiment du Roy Infanterie, de la paroisse de St Etienne en Baïgorry, Royaume de Navarre, Diocèse de Bayonne, actuellement habitant à Pau, fils légitime mineur de haut et puissant Seigneur Henri de Caupenne, chevalier, comte d’Amou, vicomte d’Echauz, ancien officier aide-major du Régiment des Gardes Françaises de Sa Majesté, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, et de haute et puissante Dame Madame Marthe de Saint-Martin, née vicomtesse d’Echauz St Etienne, comtesse d’Amou et autres lieux, d’une part,

Et Demoiselle Mademoiselle Olimpe Denise Françoise de Siry de Savigny, Dame de Charny, fille légitime mineure et émancipée de haut et puissant Seigneur Pierre François de Siry de Marigny, chevalier, né baron de Conches, Seigneur Deschamps et de Noiserét en Bourgogne, Seigneur châtelain de La Crilloire et de tout le Monde en Anjou, Seigneur du Quint de Savignyes, de la Neuville Cheraulles Courielles et autres lieux en Picardie, conseiller du Roi en tous ses conseils, Président honoraire en sa cour de parlement de Paris, y demeurant ordinairement en l’hôtel de Siry, rue Notre Dame de Nazareth, paroisse Saint Nicolas des Champs, et de feue haute et puissante Dame Madame Olimpe Lotin de Charny, née marquise de Savignyes en Picardie et dame de Charny en France et autres lieux, habitante actuellement à Pau, d’autre part,

La dite publication faite … … …,

Nous, Marc Antoine Seigneur Evêque de Lescar. … , leur avons donné la bénédiction nuptiale avec les cérémonie prescrites par la Sainte Eglise en présence du père, de la mère et du frère de l’époux et de Haut et puissant Seigneur Messire Pierre Gaston de Gillet, chevalier marquis de Lacaze, comte de Castelnau d’Auzan, vicomte de Gabardan, conseiller du Roi en tous ses conseils, conseiller d’honneur au parlement de Bordeaux et premier président du parlement de Pau, oncle de l’épouse, … , Messire Jean Baptiste François Gillet de Lacaze, conseiller du Roi en ses conseils, conseiller au Parlement de Navarre et premier président en survivance du dit Parlement, … 29.

Le vicomte Henry de Caupenne d’Echauz décède entre 1773 et 1774. Son fils Bernard de Caupenne, lui succède en qualité de vicomte d’Echauz. Il sera le dernier à porter ce titre.

Quelques mois après le décès du vicomte leur père, Marie-Charlotte fille de feu le vicomte Henri de Caupenne d’Echauz et de Marthe de Saint-Martin, vicomtesse d’Echauz, la sœur du vicomte Bernard de Caupenne d’Echauz, épouse, le 26 avril 1774, dans l’église Saint Etienne de Baïgorry, le comte d’Ornano plénipotentiaire du Roy de France Louis XVI pour la négociation concernant le tracé de la frontière franco-espagnole dans la haute vallée des Aldudes, qui aboutira à la signature, le 27 août 1785 à Elizondo, du « Traité des Limites ». Ce mariage, prestigieux par le titre de comte, le grade de brigadier des armées du Roy et la qualité de plénipotentiaire du Roy de France, de l’époux marque une étape nouvelle dans l’élargissement des alliances nouées par le vicomte et la vicomtesse d’Echauz :

« L’an 1774 et le 26 du mois d’avril, je, prêtre, curé de la paroisse de Saint Etienne de Baïgorry, certifie avoir publié au prône de la messe paroissiale un ban du futur mariage de

  • Haut et Puissant Seigneur François Marie Comte d’Ornano, brigadier des armées du Roy, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, veuf sans enfant de Dame Anne Louise Capet décédée son épouse, et auparavant veuve de Messire Marc Tobie Lombard, Conseiller du Roy en son conseil supérieur du Cap François, isle de Saint Domingue, demeurant à Paris rue basse du rempart, paroisse de la Magdelaine de la ville évêque, d’une part,

  • et de Haute et Puissante Demoiselle Marie Charlotte de Caupenne d’Echaus, fille de feu Haut et Puissant Seigneur Chevalier Henry, comte d’Amou, vicomte d’Echaus, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, ancien lieutenant au régiment des Gardes Françoises, et de Haute et Puissante Dame Marthe de Saint-Martin d’Echaus, comtesse d’Amou, vicomtesse d’Echaus, son épouse d’autre part,

le 17 du courant, en avertissant le peuple que c’était pour la première, seconde et dernière publication, les parties étant dans l’intention de solliciter la dispense des deux autres bans auprès de Monseigneur l’évêque de Bayonne.

Vue la dite dispense en date du 23 du courant et celle de Monseigneur l’archevêque de Paris en date du 13 aussi du courant, la permission du Roy accordée à Versailles le 14 du même mois, sans qu’il se soit présenté aucun empêchement ni opposition,

Je, Guillaume Gabriel de Luppé, docteur en Sorbonne, chanoine de l’église cathédrale de Dax, leur ai imparti la bénédiction nuptiale dans la chapelle d’Echaus avec la permission de Monseigneur l’évêque de Bayonne et en présence du sieur curé de la présente paroisse, avec les cérémonies prescrites par la Sainte Eglise,

En présence de

  • Haut et Puissant Seigneur Henry de Caupenne d’Echaus, Chevalier officier au régiment des gardes wallonnes en Espagne, frère de la dite demoiselle,

  • de Haut et Puissant Seigneur Baptiste de Caupenne, Chevalier Marquis d’Amou, colonel d’infanterie , Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, lieutenant pour le Roy au gouvernement de Bayonne pays adjacents et dépendants,

  • de Haut et Puissant Seigneur Henry de Caupenne, Chevalier Seigneur de Saint-Pée, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, colonel du régiment de Bourbonnais infanterie,

  • de Haut et Puissant Seigneur Henry, Chevalier Baron de Lacarre,

  • de Haut et Puissant Seigneur Charles de Lacarre fils, chevalier, officier au régiment de Royal Pologne Cavalerie,

  • de Haut et Puissant Seigneur Hugues Oudart Isidore François de Siry, Chevalier Marquis de Savignies, ancien officier au régiment des Gardes Françoises,

  • et de Noble Jean Dubosc D’arrondaus, Chevalier de l’Ordre Royal et Militaire de Saint Louis, ancien capitaine au régiment de Bourbonnais,

qui ont signé avec les dits époux, la dite Dame Marthe de Saint-Martin, mère de l’épouse, et nous ». Suivent toutes les signatures30.

Madame Marthe de Saint-Martin, née vicomtesse d’Echauz, veuve d’Henry de Caupenne d’Echauz et mère de Bernard de Caupenne d’Echauz, décède entre 1774 et 1782,

Les deux filles du vicomte Bernard de Caupenne d’Echauz

Du mariage de Bernard de Caupenne et d’Olympe Denise Françoise de Siry, naissent deux filles. L’acte de baptême de l’aînée Jeanne Marie Marguerite, célébré en l’église de Lasse le 5 février 1772, précise les titres nobiliaires dont la famille de Caupenne est titulaire :

« L’an 1772, le 5ème février, a été baptisée par moi Dominique prêtre et curé soussigné, Jeanne Marie Marguerite de Caupenne, née aujourd’hui, fille légitime de Haut et Puissant Seigneur, Messire Bernard de Caupenne, chevalier vicomte d’Echaus et de haute et Puissante Dame Olimpe Denise Françoise de Siri de Caupenne, vicomtesse d’Echaus. Elle a eu pour Parrain Haut et Puissant Seigneur, Messire Henri de Caupenne, chevalier comte d’Amou, Seigneur des vallées de Baïgorry et d’Ossés son grand-père, et Marraine Haute et Puissante Dame Jeanne Marie Marguerite de Siri, Demoiselle épouse de Haut et Puissant Seigneur Gillet, Seigneur marquis de Lacaze, comte de Castelnau Deauzan, vicomte de Gabardan, Conseiller du Roy dans ses conseils et premier Président du Parlement de Navarre, tenue sur les fonts baptismaux par Haute et Puissante Dame Marthe de Saint-Martin d’Echaus de Caupenne, comtesse d’Amou et vicomtesse d’Echaus, sa grand-mère ». Lesquels ont signé avec moy : Harriet Curé31.

L’acte de baptême de sa sœur cadette Marthe Olympe, célébré le 20 décembre 1773, également en l’église de Lasse, confirme les titres, et complète les liens familiaux que le vicomte et la vicomtesse de Caupenne d’Echauz entretiennent :

« L’an 1773, le 20ème du mois de décembre ont été suppléées les cérémonies de baptême par moy prêtre et curé soussigné, à une fille née hier et baptisée à cause du danger de mort par Monsieur de Larramendy, curé d’Arnégi, à laquelle on a donné le nom de Marthe Olimpe, fille légitime de Haut et Puissant Seigneur Messire Bernard de Caupenne, Chevalier Vicomte d’Echauz et de Haute et Puissante Dame Olimpe Denise Françoise de Siri de Caupenne vicomtesse d’Echauz. Elle a pour Parrain Haut et Puissant Seigneur Hugues Isidore Ordant de Siri marquis de Monein et autres lieux, ancien officier des gardes de Sa Majesté et oncle maternel et pour Marraine Haute et Puissante Dame Marthe de Saint-Martin d’Echauz et tenue sur les fonts baptismaux par Haut et Puissant Messire Henri de Caupenne, Chevalier comte d’Amou, Seigneur des vallées de Baïgorry et d’Ossés et grand-père paternel, lesquels ont signé avec moy. Harriet Curé ».32

Bien qu’à la veille de la Révolution française, le vicomte d’Echauz possède 244 fivatiers qui paient un fief, 4 moulins à droits seigneuriaux, la dîme de la vallée de Baïgorry et la moitié des bénéfices des forges, ses affaires financières se révèlent délicates. Le 26 avril 1785, Michel Joseph Etcheverry, notaire royal à Saint-Etienne-de-Baïgorry, recueille au château le testament de Bernard de Caupenne d’Echauz, malade et alité, par lequel il confirme le droit d’héritière de sa fille aînée, Jeanne-Marie Marguerite, et institue son épouse exécutrice testamentaire :

« L’an 1785 le 26 du mois d’avril, au lieu de Saint-Etienne-de-Baïgorry et au château d’Echauz, par devant moy notaire royal soussigné et témoins bas-nommés, fut présent Messire Bernard de Caupenne vicomte d’Echaus, lequel étant au lit malade de corps, toutefois sain d’esprit, mémoire et entendement, considérant qu’il n’y a rien de plus certain que la mort, ni … … … …

Premièrement, le Sieur testateur comme chrétien catholique recommande son âme à Dieu le créateur, père, fils et Saint-Esprit, … … …,

Item Monseigneur testateur déclare avoir de son mariage d’avec Dame Olympe Debise Françoise de Siry de Marigny deux enfants appelés Marguerite et Marthe de Caupenne d’Echaus,

Item laisse et légue à la Dame de Siry, son épouse la jouissance durant sa vie … …

[Suivent divers lègues à sa fille aînée, aux pauvres de la paroisse, à des domestiques du château, à du personnel de la forge]

Et comme le fondement de tout bon et valable testament est l’institution héréditaire, Monseigneur d’Echaus institue la Demoiselle Marguerite de Caupenne d’Echaus, sa fille, héritière de tous se biens …, le présent tetament pour l’exécution duquel Monseigneur d’Echaus nomme Madame de Siry d’Echaus, son épouse, exécutrice testamentaire et … …  »33.

Le septième vicomte d’Echauz, Bernard de Caupenne, décède deux semaines plus tard, le 14 mai 1785, quatre ans avant le déclenchement de la Révolution Française. Sa veuve, dame Olympe Denise Françoise de Siry de Savignies, vicomtesse d’Echauz, alors âgée d’environ 35 ans avec ses deux filles de 13 et 11 ans, est en charge de la difficile gestion des affaires familiales dans cette période troublée par la tourmente révolutionnaire et par les combats qui font rage dans les cols surplombant le château ancestral. En donnant, en 1795 sous la Convention, son consentement au mariage de sa fille aînée avec un jeune officier supérieur de l’armée de la République, la vicomtesse d’Echauz, veuve d’un officier de l’armée royale, cherche la protection pour elle et sa famille d’un membre des nouvelles élites, qui présente l’avantage d’être originaire de la vicomté.

L’Adjudant-Général Chef de Brigade Jean Isidore Harispe répond positivement à cette attente. A la suite de la vente par expropriation faite le 24 août 1803 au tribunal de première instance de Saint-Palais, « Monsieur Harispe, Chef de Brigade » obtient, en effet le 10 Fructidor an XII (28 août 1804)34 l’adjudication du château de Baïgorry. Ainsi donc, officier supérieur dans les armées de la République Une et Indivisible, il acquiert le Château de Baïgorry, demeure seigneuriale de la noble famille des vicomtes de Caupenne d’Echauz, dans laquelle il est entré par son mariage, le 23 janvier 1795 (4 pluviôse an III), avec la fille aînée de feu le vicomte Bernard de Caupenne d’Echauz. Mais, Jean Isidore Harispe et Marguerite Caupenne n’ayant pas établi de contrat devant notaire lors de leur mariage, Marguerite, selon la législation en vigueur lors de leur mariage, devient de facto propriétaire de la moitié de la propriété acquise par son époux le 28 août 1804. En outre, celui-ci, le 10 septembre de la même année 180435, vend devant notaire sa propre moitié à son épouse Jeanne Marie Marguerite, née d’Echauz, qui recouvre ainsi la propriété pleine et entière du château de ses parents. Pour des raisons qui lui sont personnelles, sans doute de respect de l’idéal révolutionnaire dont il est lui-même la personnification, l’Adjudant-Général Chef de Brigade Jean Isidore Harispe ne veut pas à Saint-Etienne-de-Baïgorry, son village natal, succéder au ci-devant vicomte d’Echauz en devenant le propriétaire de son château.

Dès lors, tandis que son époux, Jean Isidore Harispe, poursuit sa carrière militaire sous le consulat puis l’Empire, en participant aux campagnes napoléoniennes, Marguerite de Caupenne vit au château d’Echauz à Baïgorry, avec sa mère, jusqu’au décès de celle-ci, et avec sa propre sœur qui cherche refuge dans le château familial après l’expérience maritale tragique qu’elle a vécue au début de la période révolutionnaire. En effet, le 4 Pluviôse an III de la République (23 janvier 1795), lors du mariage de sa sœur aînée avec Jean Isidore Harispe, Marthe Olympe, alors âgée de 21 ans, est citée comme témoin sous le nom de « Olimpe Echauz » sans autre précision, mais au bas de l’acte de mariage elle signe : « Olympe Caupenne D’Echaus Vve Autran ». Le 30 Messidor, an VIII de la République (19 juillet 1800), elle est citée comme témoin au mariage de sa belle-sœur Plaisance Harispe avec Jean Dutey, dont l’acte précise : « Marthe Olympe Caupenne d’Echaus, veuve Autran, âgée de 26 ans ». Son veuvage est ainsi attesté. Elle se serait donc mariée, puis rapidement tombée veuve entre 1789 et 1794, à une époque où les combats faisaient rage à la frontière pyrénéenne et les mariages étaient fréquents entre les « Chasseurs Basques », ou les « volontaires », et les jeunes filles du Pays Basque, mais tout aussi fréquents étaient les blessures mortelles au combat, ainsi que l’attestent les documents d’état-civil d’époque qui nous sont parvenus. Cependant, nous n’avons trouvé aucune trace d’un mariage d’Olympe Echauz avec un certain Autran, ni du décès de ce dernier dans les documents paroissiaux et municipaux de Baïgorry, lacunaires et d’exploitation difficile pour les années 1792 à 1794.

Le mariage de Marthe Olympe d’Echauz

De fait, le mariage de Marthe Olympe d’Echauz avec un certain Jean-Louis Autran, fut célébré à Bayonne le 29 Messidor An 2 (17 juillet 1794), comme le révèlent les registres d’état-civil de la ville. La Table des mariages de l’An II36 porte la mention : « Autran JnLouis marié à Olimpe Echaux – 29 messidor ». Le registre des actes de mariage 1793-1806 de Bayonne37 précise les conditions de cette union et donne des premières informations sur l’identité du conjoint de Marthe Olympe d’Echauz :

« Aujourd’hui vingt-neuvième jour de Messidor de l’an second de la République Française (17 juillet 1794) une et indivisible par devant moy officier public de la commune de Bayonne sont comparus dans cette maison commune pour contracter mariage d’une part Jean-Louis Autran, âgé de vingt-quatre ans, sous-lieutenant dans le second bataillon de la cent quarante huitième demi-brigade, fils légitime de Jean François Autran et de Anne Veyran conjoints, natif de Montélimar, district du même département de la Drôme et Olympe Echaux âgée de vingt ans, fille légitime de feu Bernard Echaux et de Françoise Siry conjoints, native de Baïgorry, district de Montbidouze, département des Basses Pyrénées, résidant actuellement dans cette commune chez Lambert notaire public, rue des ci-devant Augustins, … … ».

A l’époque de ce mariage, auquel n’assiste ni sa sœur aînée, ni sa mère qui a donné son consentement par lettre, Marthe Olympe, âgée de vingt ans, réside à Bayonne chez le notaire Maître Lambert. Quant à son époux, Jean-Louis Autran, âgé de 24 ans, né à Montélimar département de la Drôme, il est sous-lieutenant dans le deuxième des trois bataillons constituant la 148ème demi-brigade. Ainsi donc, les deux filles de feu le vicomte Bernard d’Echauz, ci-devant Officier au Régiment du Roy Infanterie, épousèrent en 1794 et 1795 des officiers de la jeune armée de la République Française Une et Indivisible.

Une recherche dans les archives d’état-civil de la ville de Montélimar confirme ces informations : Jean-Louis Autran, né à Montélimar le 27 août 1769 et baptisé le 28 août, est le fils naturel (et non légitime comme inscrit dans son acte de mariage) du Sieur Jean François Autran marchand et de Demoiselle Anne Veyrin38. La poursuite de la recherche dans ces archives révèle que, le 28 Brumaire de l’an 3 (18 Novembre 1794) Jean-François Autran y a fait enregistrer39 « l’acte de mort », l’acte de décès, de son fils Jean-Louis, acte qu’il a reçu des autorités militaires. Ce document précise que Jean-Louis Autran s’est engagé le 20 juillet 1792 en qualité de sous-lieutenant au 80ème régiment d’infanterie. En cette année 1792, en effet, l’émigration et les destitutions d’officiers nobles dans les régiments de l’ancienne armée royale, dont le 80ème R.I., ont provoqué d’importants déficits d’encadrement qui ont nécessité la nomination d’officiers à partir des sous-officiers ainsi que le recrutement direct d’officiers à partir des jeunes volontaires. Ce 80ème régiment d’infanterie, ex Régiment d’Angoumois-Infanterie créé le 6 septembre 168440, tient garnison à Bayonne depuis avril 1788.

Le sous-lieutenant Jean-Louis Autran appartient à la 1ère compagnie du 2ème bataillon de ce régiment d’infanterie de ligne41, bataillon qui était devenu, lors de sa création, le noyau de la 148ème demi-brigade42 au sein de laquelle il a été amalgamé, le 29 novembre 1793, avec deux bataillons de volontaires : les 7ème et 8ème bataillons du Bec d’Ambés (de la Gironde). La 148ème demi-brigade appartient à la division de droite, commandée par le général Frégeville avec son PC à Saint-Jean-de-Luz, de « l’Armée des Pyrénées Occidentales » créée, avec son Q.G. à Bayonne, le 30 avril 1793, soit un mois après la déclaration de guerre avec l’Espagne. Elle est alors déployée dans le secteur compris entre Saint-Pée-sur Nivelle et Saint-Jean-de-Luz. Le sous-lieutenant Jean-Louis Autran participe donc avec son bataillon aux combats menés, depuis le début des opérations sur la frontière des Pyrénées, dans le secteur de Saint-Jean-de-Luz notamment sur les hauteurs de Bordagain ou au camp de Sare fin avril - début mai, sur la Montagne Louis XIV ou en avant de Saint-Jean-de-Luz, à La croix du Bouquet ou à Urrugne en juin, finalement dans la vallée du Baztan début juillet, où sa division parvient à rétablir la situation après avoir été bousculée par une sévère contre-attaque espagnole.

Quelques jours après cette « affaire », il se marie à Bayonne le 17 juillet 1794, puis il rejoint immédiatement son bataillon. L’« acte de mort » enregistré dans les archives de Montélimar nous apprend que le sous-lieutenant Jean-Louis Autran est tué au combat le 25 juillet 1794 (7 Thermidor an 2), soit huit jours exactement après son mariage.

Dans cet acte de décès est inclus le certificat établi par les officiers, sous-officiers et soldats composant la 1ère compagnie du second bataillon de la 148ème demi-brigade, à Saint Sébastien le 21 Fructidor deuxième année de la République (7 septembre 1794), qui précise les conditions de son décès au combat lors de la reprise de l’attaque générale de l’Armée des Pyrénées occidentales le 25 juillet 1794 : « … a été tué le 7 Thermidor (25 juillet 1794) par une balle dont il fut atteint en combattant sur la montagne de Borra43 pour contribuer à s’emparer de la redoute dite de la Baïonnette44 ». L’acte de décès est « certifié véritable par le général de brigade soussigné45 commandant la colonne qui a attaqué de front les ouvrages avancés et la redoute du Commissary dite de la Baïonnette et du [mot illisible] dite montagne, devant lesquelles le citoyen Autran dont il est question ci-dessus fut tué faisant partie de la colonne à mes ordres et combattant avec valeur pour notre chère patrie ».

La conclusion du certificat confirme les états de service du sous-lieutenant Autran : « Certifions enfin que le citoyen Autran a servi depuis le 20 juillet 1792, jour de son entrée en service en qualité de sous-lieutenant dans le ci-devant 80ème régiment jusqu’au jour de sa mort et qu’il s’est toujours comporté tant dans le 80ème régiment que dans la 148ème demi-brigade avec le zèle et l’exactitude et l’amour de son devoir qui le caractérisent en vrai républicain. Certifions en outre qu’il s’est toujours comporté en plusieurs affaires glorieuses en bon défenseur de la patrie. Ses vertus privées et républicaines qui constituent particulièrement les hommes libres qui combattent pour la liberté et l’égalité. Sa persévérance dans ses principes, son amour depuis l’aurore de la Révolution pour la cause glorieuse que nous soutenons nous l’ayant fait estimer, c’est avec plaisir que nous lui donnons ici témoignage de notre regret et de notre attachement ».

Une recherche au SHD dans les archives de l’A.P.O. permet de préciser le lieu et les circonstances de ce décès. Le 16 juillet 1794, la 148ème demi-brigade, avec ses trois bataillons, regroupant 3 523 hommes dont 2767 sous les armes, est déployée à l’aile gauche du dispositif de la 1ère Division de Droite, commandée par le général Frégeville, à laquelle elle appartient.

L’offensive générale de l’APO est lancée le 24 juillet 1794 (6 Thermidor An II) par l’attaque de la 3ème Division de Gauche du général Moncey depuis les cols de la chaine d’Iparla en direction d’Elissondo et de la vallée du Baztan. Elle est prolongée le lendemain 25 juillet (7 Thermidor) par l’action de la 2ème Division du Centre, commandée par le général Delaborde, qui, déployée de la région d’Ascain jusqu’au col de Maya, attaque en direction de Vera-de-Bidassoa. Pour cette attaque, la 148ème demi-brigade est rattachée à la 2ème Division du Centre dont elle constitue alors l’aile droite. Dans son rapport du 27 juillet (9 Thermidor), qui confirme le rattachement à sa division de, le général Delaborde rend compte de la victoire remportée l’avant-veille 25 juillet par la 148ème demi-brigade, qui lui est alors subordonnée : attaquant au petit matin, en trois colonnes au pas de charge, sur la direction Sare Vera-de-Bidassoa, elle s’est emparée, après 3 heures et demi de combats, malgré une résistance opiniâtre des Espagnols, du camp improprement dit de Saint-Jean-de-Luz, de la totalité de la montagne du Commissari46, de la montagne Sainte-Barbe, de la fameuse redoute de Commissarri regardée comme inexpugnable, de la redoute Marie-Louise et de la redoute Sainte-Barbe47, ainsi que de 2 obusiers et 7 canons. Ainsi, le drapeau tricolore flotte sur la montagne et, après l’abandon de leurs positions défensives par les Espagnols, le cours de la Bidassoa est aux mains des Français.

C’est donc sur les pentes de ce mouvement de terrain, dernier contrefort de la montagne de la Rhune au-dessus du village de Sare, que, encadrant la colonne qui montait à l’assaut de la redoute Sainte-Barbe, fut mortellement blessé, le 25 juillet 1794 au matin, le sous-lieutenant Jean-Louis Autran, rendant sa jeune épouse Marthe Olympe d’Echauz veuve dès l’âge de vingt ans, après seulement une semaine de mariage.

Les liens familiaux de la famille Caupenne d’Echauz et des barons de Lacarre

Les documents paroissiaux et d’état-civil étudiés, en mentionnant les parrain et marraine dans les actes de baptême ainsi que les témoins dans les actes de mariage, révèlent les liens familiaux existant entre la famille des vicomtes de Caupenne d’Echauz, dont fait partie Jean Isidore Harispe depuis son mariage en 1795, et les autres familles de la noblesse bas-navarraise dont les demeures sont érigées dans les cantons de Saint-Etienne-de-Baïgorry et de Saint-Jean-Pied-de-Port, notamment la famille des barons de Lacarre.

Lors du mariage, en 1737, de Marthe Madeleine de Saint-Martin d’Echauz, héritière de la vicomté d’Echauz, avec Henry de Caupenne d’Amou, nous notons parmi les témoins quatre membres de la famille de Laffutzun de Lacarre, dont il est précisé qu’ils sont cousins de l’époux : Messire Henry de Laffutzun, baron de Lacarre, capitaine au Régiment de Foix, Messire Antoine de Laffutzun, chevalier de Lacarre, capitaine au Régiment de Normandie, et les demoiselles Jeanne-Marie et Catherine de Laffutzun de Lacarre.

Deux ans plus tard, en 1739, Henry de Laffutzun, baron de Lacarre, épouse Françoise de Saint-Martin, fille de Charles de Saint-Martin et de Françoise Henriette de Saint-Esteben, Dame de Sault (en Hasparren). Il s’agit selon toute vraisemblance d’une branche de la famille de Saint-Martin cousine de celle dont est issue Marthe Madeleine de Saint-Martin d’Echauz, qui a hérité de la vicomté d’Echauz.

Ainsi les deux familles, celle du vicomte d’Echauz et celle du baron de Lacarre, deviennent doublement alliées dès lors que Henry de Caupenne et Henry de Laffutzun, eux-mêmes cousins, ont épousé deux demoiselles de Saint-Martin, également cousines. Dans les années qui suivent, ils confirment leur alliance lors des cérémonies familiales, en se choisissant réciproquement tant comme témoins des mariages, que comme parrains et marraines des baptêmes. C’est ainsi que, lors du mariage en l’église de Baïgorry, le 26 avril 1774, de Marie-Charlotte fille de feu le vicomte Henri de Caupenne d’Echauz, et sœur du vicomte Bernard de Caupenne d’Echauz, avec le comte d’Ornano, plénipotentiaire du Roy de France Louis XVI, figurent parmi les témoins :

  • Haut et Puissant Seigneur Henry, Chevalier, Baron de Lacarre,

  • Haut et Puissant Seigneur Charles de Lacarre fils, Chevalier, officier au régiment de Royal Pologne Cavalerie.

Ainsi donc de solides liens familiaux unissent la famille de Caupenne d’Echauz, à la famille des barons de Lacarre. Ainsi donc, Jean-Isidore Harispe, par son mariage, le 23 janvier 1795 (4 pluviôse an III), avec la fille aînée de feu le vicomte d’Echauz, Jeanne-Marie Marguerite de Caupenne, en plus d’entrer dans la famille des vicomtes d’Echauz dont il épouse l’héritière, devient cousin par alliance de la famille des barons de Lacarre.

La Baronnie et le Château de Lacarre

Lacarre est le nom d’une très ancienne famille de seigneurs navarrais, qui apparait dans le Cartulaire de l’abbaye de Sorde, daté de 1060, où déjà à l’époque les familles de Baïgorry et de Lacarre sont liées puisqu’une « Dame Garcia de Lacarre, la vicomtesse de Baïgorry » fait don, entre 1119 et 1136, à l’abbaye de Sordes d’une chapelle à Saint Saturnin. L’un de ses descendants, Bernard de Lacarre, qui est nommé évêque de Bayonne en 1185, prend part à la 3ème croisade et assiste l’évêque d’Evreux qui bénit le mariage de Richard Cœur de Lion et de Bérengère de Navarre, sœur du roi de Navarre Sanche VII le Fort, en la cathédrale de Limassol dans l’île de Chypre le 12 mai 1191. C’est à cette époque que, le domaine de Lacarre forme une baronnie. Martin Henriquez de Lacarre, mort en 1368, est Capitaine-châtelain du château de Saint-Jean-Pied-de-Port en 1342, puis porte-étendard du roi de Navarre, Charles II, dit le Mauvais. Un autre Martin Enriquez, peut-être son fils, est maréchal de Navarre sous Charles III le Noble. En 1525, l’héritière de la famille, Catherine, fille de Jayme de Lacarre et petite-fille de Jean de Lacarre, épouse Jean d’Arbide, seigneur d’Arbide de Juxue, de Sainte-Engrâce et de la Salle de Gotein. En 1565, est mentionné le mariage de leur fils Jean II d’Arbide de Lacarre, Alcade du Pays de Cize, fils de Jean I d’Arbide, seigneur de Gotein et de son épouse Catherine de Lacarre. A la fin du XVIIème siècle, Jacques-François de Johanne de Lacarre, marquis de Saumery, mestre de camp d'un régiment de cavalerie, est gouverneur de Blois et du château de Chambord.

Le château de Lacarre48 occupe une position stratégique à l’entrée du Pays de Cize, car il est construit sur la crête militaire située sur le versant Nord de la ligne de partage des eaux séparant le bassin de la rivière Nive qui coule à son Sud-ouest et le bassin des rivières Joyeuse et Bidouze à son Nord-est. Il commande ainsi le carrefour des deux « Grands Chemins » qui, jusqu’à l’époque contemporaine, conduisent à Saint-Jean-Pied-de-Port, l’un depuis Bayonne, l’autre depuis Navarrenx et Pau.

La Famille de Laffutzun de Lacarre

En 1668, la branche aînée de la famille Arbide de Lacarre s’allie à la famille de Laffuntzun (ou Lafutsun) originaire de la province de Soule : Jeanne Marie d'Arbide, héritière de Pierre d’Arbide et donc de la baronnie de Lacarre, ainsi que des seigneuries des Arbide, épouse, le 4 juillet, Daniel de Laffutzun. Ils forment la branche des Lacarre-Laffuntzun qui, barons de Lacarre en 1668, deviennent, par le jeu des alliances, Seigneurs de Sault49 en Hasparren et de Saint Esteben en Arberoue, en 1739 : Le baron Henri Alexandre de Lacarre (1707-1785), petit-fils de Daniel de Laffutzun et de Jeanne Marie d’Arbide, celui qui est témoin du mariage du comte d’Ornano avec Marie-Charlotte de Caupenne d’Echauz en l’église de Baïgorry le 26 avril 1774, épouse en 1739 Jeanne Françoise de Saint-Martin (1712-1773), Dame de Sault en Hasparren. En sa qualité d’aîné, Henri Alexandre hérite de la baronnie de Lacarre, tandis que ses frères cadets servent dans l’armée royale : Simon Louis (1709-1784) est Lieutenant du Roy en l’isle d’Oléron, Pierre (1714-1785) est capitaine au régiment de Normandie. Son fils aîné, Charles de Laffutzun de Lacarre, né en 1745, épouse le 9 mai 1775, Julie Françoise Marguerite de Meynard en l’église Saint Barthélémy de La Rochelle50 :

« L’an 1775, le 9ème jour du mois de may, après les publications …………….., la cérémonie des fiançailles et la bénédiction nuptiale de haut et puissant seigneur messire Charles de Lafutsun, chevalier, baron de Lacarre, lieutenant au Régiment de Royal Pologne Cavalerie, natif de la paroisse de Lacarre en Navarre, diocèse de Bayonne, fils de haut et puissant seigneur messire Henri de Lacarre, chevalier, baron de Lacarre, seigneur de Gamart, Uhart, Saint-Julien et Iriberry en Navarre,… … en Labourd et autres lieux et de défunte madame Françoise de Saint-Martin, domiciliés en droit et en fait au château de Lacarre, paroisse de Lacarre et diocèse de Bayonne, âgé d’environ 28 ans, d’une part, et Françoise Marguerite Julie de Meynard, demoiselle, native de la paroisse de Saint-Pierre en Hauzé en Aunis, diocèse de La Rochelle, fille de messire Cosme de Meynard, chevalier, ancien capitaine au Régiment de Touraine Infanterie, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, et de madame Julie Marie Desmazières du Passage, domiciliés de droit et de fait en la paroisse Saint-Barthélémy, âgée d’environ 17 ans, d’autre part ».

Parmi les témoins, se trouvent : « Messire Simon Louis de Lafutsun de Lacarre, lieutenant du Roy du château de l’isle d’Oléron, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, oncle paternel de l’époux, messire Jean de Lafutsun de Lacarre, ancien lieutenant-colonel, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis »

Le couple Charles de Laffutzun et son épouse Julie Françoise Marguerite de Meynard, baron et baronne de Lacarre a quatre fils, les deux premiers nés au château de Lacarre, les deux suivants au château de Saulx à Hasparren, dont la famille de Lacarre est « Seigneur », comme nous l’avons déjà noté. L’aîné, Henri Alexandre Antoine Charles, né le 24 avril 1776, a pour parrain son grand-père Henri Alexandre de Laffutzun, baron de Lacarre :

« Ce 24ème jour du mois d’avril 1776, a été baptisé par moi curé soussigné, Henry Alexandre Anthoine Charles de Lafutzun de Lacarre, né aujourd’hui du légitime mariage de messire Charles delafutzun de Lacarre, baron de Lacarre et autres lieux, et de Dame Julie Françoise Marguerite de Meynard conjoints, baron et baronne de Lacarre et autres lieux. Le parrain a été messire Henry de Lafutzun, baron de Lacarre et autres lieux, assisté de messire Charles de Laistre, chevalier de Saint-Louis, Lieutenant du Roy de Saint-Jean-Pied-de-Port, et de messire Pierre de Souarro, la marraine Jeanne Marie Rose de Lafutzun de Lacarre, tante de l’accouchée, a tenu l’enfant au nom et de la part de Dame Julie du Passage de Meynard de La Rochelle, mère de l’accouchée (le père présent). Lesquels père, parrain, marraine, les assistants ont tous signé avec moy ». Suivent les signatures des parents et des témoins51.

Le deuxième fils prénommé Cosme Antoine Charles Sévère, né le 6 mai 1778, a pour parrain son grand-père maternel :

« Ce 9ème jour du mois de juin 1778, a été baptisé par moi curé soussigné Cosme Antoine Charles Sévère de Lafutzun de Lacarre, né du 6ème jour du mois de Mai du légitime mariage de Messire Charles de Lafutzun baron de Lacarre et autres lieux et de Dame Julie de Meynard de la ville de La Rochelle, conjoints. Le Parrain a été Messire Cosme de Meynard de La Rochelle, père de l’accouchée, au nom duquel Messire Antoine de Lafutzun de Lacarre, prieur d’Uhart a tenu l’enfant sur les fonts de baptême. La Marraine Demoiselle Marianne de Larralde de Hariette, tante d’alliance de l’accouchée au nom de laquelle Demoiselle Chorinne d’Aphat a tenu l’enfant sur les fonts de baptême (le père absent), lesquels ont signé avec moy »52.

Le troisième, Xavier Ange Auguste, né le 6 février 1781 au château de Sault, est ondoyé le jour même dans la chapelle du château, puis baptisé le 4 mai en l’église St Jean Baptiste d’Hasparren :

« L’an 1781, le 10ème février a été ondoyé dans la chapelle de Saux par moy prêtre soussigné, commis par le sieur curé de Hasparren en vertu de la permission de Mgr d’Ithurbide, vicaire général, un enfant à qui a été donné le nom d’Auguste, né le 6ème jour du présent mois du légitime mariage de Charles Laffutzun baron de Lacarre et Julie de Meynard, en présence du père qui a signé avec moi53 ».

« Le lundi 4 may 1781 ont été suppléées les cérémonies de baptême par moy curé soussigné à un garçon à qui on a imposé les noms de Xavier Ange Auguste, fils de Messire Charles baron de Lacarre et autres lieux et de Dame Julie de Meynard son épouse, demaurant en cette paroisse, né le 6ème jour de février dernier, qui a été ondoyé le dit jour dans la chapelle de Saulx par permission de Mgr d’Ithurbide, vicaire général le parrain Jean Louis Xavier de St Esteven, prêtre oncle maternel de l’enfant, la marraine Dame Suzanne Mélanie Angélique de Meynard, tante maternelle de l’enfant, qui ont signé avec le père, la mère et moy »54.

La famille de Laffutzun connait alors quelques décès. Leur oncle, Simon Louis de Laffutzun de Lacarre, né vers 1709, qui a exercé la fonction de Lieutenant du Roy en l’isle d’Oléron, et qui est donc vraisemblablement à l’origine de la rencontre du couple, décède au château de Lacarre le 11 août 1784 : « Le 11ème jour du mois d’août 1784, est décédé au château de Lacarre, Messire Simon Louis de Lafutzun de Lacarre, chevalier de l’Ordre militaire de Saint-Louis, anciennement Lieutenant du Roy en l’isle d’Oléron, âgé d’environ 75 ans, après avoir reçu le sacrement de pénitence, le saint viatique et l’extrême onction ; le corps a été inhumé au cimetière de l’église de Lacarre dans la chapelle du château en présence de … »55.

Quant à leur père, le baron Henri de Laffutzun de Lacarre, né vers 1707, il décède moins d’un an après son frère cadet, le 11 mars 1785, à Saint-Jean-Pied-de-Port, rue de Saint-Michel (aujourd’hui rue d’Espagne), dans la maison neuve de Pierre Etchevers. Ce décès est inscrit dans le registre paroissial d’Uhart-Cize, paroisse dans laquelle le baron est mort ainsi que dans le registre de la paroisse de Lacarre. Les deux frères sont inhumés dans l’église de Lacarre, dans la chapelle du château :

« Le 11ème jour du mois de Mars 1785, est décédé dans la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, paroisse d’Uhart, dans la maison appelée (mot manquant), Messire Henry de Lafutzun, baron de Lacarre et autres lieux, âgé de 78 ans, après avoir reçu le sacrement de pénitence, le saint viatique et l’extrême onction. Son corps a été enterré le 12 au cimetière de l’église de Lacarre dans la chapelle du château, en présence de … . »56.

« Ce vendredi 11 mars 1785, le corps de Monsieur Henry de Lafutzun, baron de Lacarre, décédé ce matin dans la Maison neuve de Pierre Etchevers, Sieur de celle de Logratteguia, en la rue de Saint-Michel, âgé de 78 ans environ, muni des sacrements de pénitence, d’eucharistie et d’extrême-onction, a été transporté en son château de Lacarre pour être inhumé demain dans l’église de Lacarre et tombeau appartenant au dit château. En foi de quoy, j’ai signé : Mendiry, curé »57.

Après ces années marquées par des deuils, le couple Charles de Laffutzun de Lacarre et son épouse Julie Françoise Marguerite de Meynard, baron et baronne de Lacarre, a un quatrième fils, prénommé Philippe Mathieu Henry Sévère, né le 6 mai 1786 au château de Sault d’Hasparren:

« Le jeudi, sixième jour de May 1786, ont été célébrées les cérémonies du baptême par moy soussigné d’un garçon à qui on a proposé le nom de Philippe Mathieu Henry, fils légitime de Messire Charles de Lafutzun, baron de Lacarre, vicomte de Saint-Esteben et autres lieux, et de Dame Julie Françoise de Meynard, de la ville de La Rochelle, son épouse, demeurant au château du présent lieu, né au château de Saux, en la paroisse d’Asparren en Labourd, le quatrième jour du mois de décembre 1785, qui a été ondoyé en la chapelle du dit château de Saux, avec permission de Mgr l’évêque de Bayonne signée par M. l’abbé d’Ithurbide son vicaire général pour le sieur curé d’Hasparren, en présence de Messire Joseph, chevalier de Favas, capitaine commandant au régiment du Perche, chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis, … … , le parrain a été Messire Philippe Mathieu, marquis de Lonz comte de Vassons, baron de Léon, d’Aroque et autres lieux, maréchal de camp des armées du Roy, la marraine Dame Dorothée Henriette de Caupenne, baronne d’Uhart-en-Mixe et autres lieux, qui ont signé avec mi (le père présent)58.

Durant la décennie précédant la Révolution, le baron Charles de Lafutsun de Lacarre est aux prises avec de graves difficultés financières qui le conduisent, en 1788, à vendre la vicomté de Saint-Esteben et, en 1789, le château de Sault à Hasparren. Le château de Lacarre est réquisitionné le 23 mai 1794, durant la guerre franco-espagnole sous la Convention, en vue de sa transformation en hôpital. La famille de Laffuntzun en conserve la propriété à l’issue de la Révolution. Sous l’Empire, durant la guerre d’Espagne à laquelle le général Harispe participe dès son engagement en décembre 180759 et jusqu’en décembre 1814, son épouse, Marguerite de Caupenne d’Echauz, sans doute accompagnée de sa sœur Marthe Olympe, réside au château de Lacarre. Elle se réfugie, en effet, auprès de ses cousins de Laffutzun, car les autorités craignent une incursion depuis la vallée du Baztan par le col d’Ispéguy jusqu’au château d’Echauz, des guérilleros navarro-espagnols qu’ils soupçonnent de vouloir enlever la « baronne Harispe ». En août 1815, après les Cent-jours, le général Harispe qui prend les eaux à Lacarre pour soigner ses blessures, ainsi qu’il en rend compte à la commission d’enquête, séjourne à Lacarre, probablement dans ce château, avant de retourner début septembre à Baïgorry.

Le baron Charles de Laffutzun de Lacarre décède en son château de Lacarre le 30 mai 1819. Sa veuve, née vers 1757, lui survit deux ans et meurt le 25 juin 1821, à Saint-Jean-Pied-de-Port, dans la maison de la rue de la citadelle où elle s’était sans doute retirée après son veuvage. Leurs deux décès sont inscrits dans le registre d’état-civil du village de Lacarre :

« Le 30 mai 1819, décès de Monsieur Charles Lafutzun, baron de Lacarre, décédé aujourd’hui en son château de ce lieu (Lacarre), âgé de 74 ans ».

« Le 25 juin 1821, déclaration par deux métayers du château de Lacarre, du décès de Madame Julie Françoise Marguerite de Meynard, veuve de Feu Mr. le baron de Lacarre, décédée aujourd’hui rue de la Citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, âgée de 64 ans »60.

L’un de leurs fils, Henry (est-ce Henry Alexandre Antoine l’aîné ou Philippe Mathieu Henry le benjamin) vit quelque temps à Saint-Jean-Pied-de-Port après la période des guerres napoléoniennes. Par deux fois, en août 1821, « M. Henry de Lacarre, officier en demi-solde, demeurant à Saint-Jean-Pied-de-Port » est cité comme témoin dans des actes notariés établis chez maître J.P. Salaberry, notaire royal à la résidence de Saint-Jean-Pied-de-Port. C’est en cette année 1821 que les quatre fils du baron décédé, héritiers de la famille de Laffuntzun de Lacarre, ayant renoncé à la succession au vu des dettes laissées par leur père, vendent le 21 décembre 1821 le château de Lacarre au lieutenant-général comte Harispe.

« Le 21 décembre 1821, par devant Jean Salaberry, notaire royal à la résidence de Saint-Jean-Pied-de-Port, …, ont comparu Messieurs Sévère, Antoine, Auguste et Henry de Lacarre, rentiers demeurant savoir le premier à La Boutiquière, près de la ville d’Auch, département du Gers, le second à la commune de Lacarre, le troisième à Saint-Jean-Pied-de-Port, le quatrième à Ahaxe, lesquels reconnaissent avoir reçu en numéraire avant ce moment, de Monsieur le Comte Harispe, lieutenant-général des armées du Roi, demeurent en la commune de Saint-Etienne–de-Baïgorry, ici par Monsieur présent et acceptant, chacune somme de vingt mille francs revenant au total à celle de quatre-vingt mille francs en déduction d’une plus forte somme que Monsieur le Comte Harispe leur devait en qualité d’acquéreur de biens dépendant de la succession de feu Monsieur Chrales de Laffutzun, baron de Lacarre, situés sur la commune de ce nom, en vertu de l’adjudication définitive prononcée par Monsieur Bastérrieux, juge commissaire, … … . Dont acte lu aux comparants. Fait à Mongelos, commune d’Ainhice, chez le général Schilt61, le 21 décembre 1821 … …  »62.

Au XIXème siècle un descendant de la famille de Laffuntzun de Lacarre inscrit son nom dans l’histoire épique de la France : Le colonel Charles Henri de Laffutsun de Lacarre, commandant le 3ème régiment de cuirassiers, est tué lors de la fameuse charge dite de Reichshoffen. Le 6 août 1870, au cours la seconde phase de la bataille de Frœschwiller-Wœrth, le colonel de Lacarre63 continue à charger à la tête de son régiment sur son cheval au galop, une fois son corps décapité par un obus prussien qui le tue.

Le Testament de 1828 du lieutenant-général et de madame Harispe

Placé en non-activité à l’issue des Cent Jours par l’ordonnance du 1er août 1815, le général Harispe est mis en disponibilité le 30 décembre 1818. Mis à la retraite, le 16 février 1825, par le nouveau roi Charles X, il se retire au château à Lacarre qu’il a acquis trois ans plus tôt.

En application de la législation en vigueur lors de son mariage avec le Chef de Brigade Jean Isidore Harispe, son épouse, née Marguerite de Caupenne d’Echauz, est propriétaire de la moitié du château de Lacarre, comme cela s’est passé en 1804 pour le château de Baïgorry. Le 26 mars 1828, le général et madame Harispe déposent ensemble chez maître Thomas Etcheverry, notaire royal à Saint-Etienne-de-Baïgorry64, une lettre cosignée ainsi que leurs deux testaments qui confirment et actualisent les arrangements faits précédemment entre eux, en prévoyant l’entière propriété, d’une part, du château d’Echauz à Marguerite d’Echauz, d’autre part, du château de Lacarre, récemment acquis, au général Jean Isidore Harispe :

«  Par devant nous Thomas Etcheverry, notaire royal à la résidence de St-Etienne-de-Baïgorry soussigné et les témoins bas-nommés, ont comparu M. Jean Isidore Comte Harispe, lieutenant-général des armées du Roi, grand officier de la Légion d’Honneur et demeurant habituellement en son château de Lacarre, et Dame Jeanne Marie Marguerite de Caupenne Dechaus, sa femme demeurant au présent château, la femme autorisée du mari, lesquels ont déposé en nos mains et chacun séparément son testament olographe, déclarant être écrit, daté et signé de sa main, nous requérant de le tenir en dépôt sans en donner communication à personne jusqu’au décès du prémourant d’entre eux : dont acte. Fait et passé à St-Etienne-de-Baïgorry, au château d’Echaus, le 26 mars 1828 en présence de … .

Signatures : Cte Harispe, harispe née de Caupenne DEchauz, … , … .

Enregistré à Saint-Jean-Pied-de-Port, le 3 avril 1828 ».

Est joint à cette lettre le testament du général Harispe, également daté du 26 mars 1828, qui confirme la vente effectuée en 1804 en donnant l’entière propriété du château de Baïgorry à son épouse, établit à son profit une rente annuelle et prévoit le versement d’une rente à sa belle-sœur, Marthe Olympe65, au cas où elle survivrait à sa sœur aînée :

« Désirant éviter toutes les discussions qui pourraient survenir après mon décès, entre mes héritiers légitimes et ma femme, au sujet de la communauté des biens qui existent entre nous, je me suis déterminé … . Je lègue à ma femme née Jeanne Marie Marguerite Caupenne Déchaux, 1° ma partie du château d’Echauz et du domaine en dépendant, … . 2° toutes les prérogatives que je puisse avoir à exercer sur ces mêmes biens, 3° une rente annuelle et viagère de 3 000 mille francs payable en argent pour mon héritière … … , de laquelle rente la moitié sera réversible à ma belle-sœur Autran si elle survit à ma femme, … … . Par ce moyen, les biens qui ont appartenu à la famille Déchaux et qui sont à moi, appartiendraient en totalité à ma femme, … … . Telle est ma volonté que je consigne dans le testament que j’ai écrit de ma main à St-Etienne-de-Baïgorry le 26 mars 1828. Comte Harispe ».

En revanche, le testament de la Madame la Comtesse Harispe ne se trouve plus dans les minutes notariales de maître Thomas Etcheverry, où une note manuscrite précise seulement que ce testament a été « joint à un acte de dépôt du 27 septembre 1832 par ordonnance du juge ». Par ce testament66, Jeanne Marie Marguerite de Caupenne d’Echauz nomme son époux légataire pour la moitié du château de Lacarre qui lui appartient en vertu de leur contrat de mariage et sa sœur Marthe Olympe Veuve Autran légataire pour la totalité du château d’Echauz. Ainsi, lors de son décès éventuel, le château de Baïgorry resterait la propriété de la famille de Caupenne d’Echauz tandis que le château de Lacarre serait la propriété du seul lieutenant-général comte Harispe.

Ainsi donc, au cours de sa carrière militaire, le maréchal Harispe se porte successivement acquéreur des deux châteaux ayant appartenu aux ancêtres de son épouse, descendante de la famille de Caupenne d’Echauz par son père et de la famille de Laffutzun de Lacarre par sa mère: d’abord, en 1804, le château d’Echauz à Baïgorry, ensuite, en 1821, le château de Lacarre.

Dans les années qui suivent, par des arrangements familiaux, principalement testamentaires, il rétablit son épouse, Marguerite de Caupenne d’Echauz, dans l’entière propriété du château de leurs parents, les ci-devant vicomtes de Baïgorry. Ainsi, Madame Jeanne Marie Marguerite d’Echauz, épouse Harispe, réside sa vie durant au château d’Echauz à Saint-Etienne-de-Baïgorry, où elle décède le 10 juin 1832, ainsi qu’il est inscrit au registre des décès de la commune : « L’an 1832, le 11ème jour du mois de juin, … nous ont déclaré que la dite Madame Jeanne Marie Margueritte d’Echauz, comtesse Harispe, âgée de 60 ans, épouse de M. Jean Isidore Lieutenant Général Comte Harispe, est décédée hier à 8 heures du matin dans son château situé à Saint-Etienne »67.

Sa sœur cadette, Marthe Olympe, qui semble avoir toujours vécu avec elle au château d’Echauz, en devient propriétaire après son décès. Elle-même y réside jusqu’à sa mort le 4 janvier 1841 : « L’an 1841, le 4ème jour du mois de janvier, ont comparu … , … , lesquels nous ont déclaré que ce jour à 5 heures du matin, la dite Dame Marthe Olimpe Caupenne d’Echauz, veuve Autran, âgée de 67 ans, rentière, domiciliée en ce lieu, propriétaire du château d’Echauz, est décédée en son dit château, situé au quartier de Saint Etienne,… »68.

Après le décès de Marthe Olympe, la seconde fille du dernier vicomte, le château d’Echauz à Baïgorry est vendu pas ses héritiers, les Caupenne d’Aspremont, en 1847 ou 1848, à Madame Michel d’Abbadie d’Arrast pour son troisième fils, Charles d’Abbadie d’Arrast, frère cadet des explorateurs Antoine et Arnaud, qui, au XIXème siècle, procède à une large rénovation du château entrainant la destruction de la chapelle adjacente.

Epilogue

Destiné par sa naissance à succéder à son père comme négociant dans leur village natal de Saint-Etienne-de-Baïgorry, Jean Isidore Harispe prit les armes sous la Révolution française qui fit de lui un officier supérieur des armées de la République, puis poursuivit une carrière militaire sous l’Empire qui le promut officier général et l’anoblit en le faisant baron, puis comte. A cet égard, il est remarquable que le général Harispe signe l’un et l’autre des documents constitutifs de son testament de 1828, rédigé sous la Restauration, de sa qualité de « Comte Harispe », et non de son grade de « Lieutenant-général ». Il montre ainsi qu’il assume et revendique alors pleinement son état nobiliaire acquis sous l’Empire. En se réservant l’entière propriété du second château qu’il a acquis, celui de Lacarre, où il se retire en qualité de comte, il se présente comme le successeur des châtelains de Lacarre, ses cousins par alliance, dont l’un, au moins, a été officier dans l’armée impériale. Il s’inscrit ainsi, en franchissant les périodes révolutionnaire et impériale, dans la continuité de l’ancienne noblesse d’épée bas-navarraise.

Il poursuit sous la seconde Restauration, puis la Seconde République, une carrière alternativement politique, comme député, et militaire après son rappel en activité en 1830, qui lui vaut d’être fait Grande Croix de la Légion d’Honneur en 1833 et Pair de France en 1835. Tombé gravement malade en 1849, il est définitivement mis en disponibilité sur sa demande en 1850. Le 11 décembre 1851, soit quelques jours après le coup d’état du 2 décembre, le Prince Président élève le général comte Harispe à la dignité de maréchal de France, dont le bâton lui est remis à Lacarre en janvier 1852. Le 14 janvier 1852, il est nommé sénateur et, six mois après la proclamation de l’empire le 2 décembre 1852, Napoléon III lui décerne la médaille militaire qu’il vient de créer.

Emporté par la maladie trois ans plus tard, le Maréchal Harispe décède le 26 mai 1855, à l’âge de 86 ans et demi, en son château de Lacarre. Son décès est inscrit au registre d’état-civil de la commune :

« L’an 1855, le 26 mai à 08h. du matin, devant nous Pierre Irigaray, maire … , sont comparus MR. Jean-Louis Dutey-Harispe, conseiller honoraire à la cour impériale de Pau, chevalier de la Légion d’Honneur et de l’ordre de Charles III d’Espagne, âgé de 54 ans, domicilié à Lacarre et Mr. Jean Amédée Victor Etcheverry, ancien représentant du peuple à l’assemblée nationale, maire de la commune de Saint-Etienne-de-Baïgorry, officier de la Légion d’Honneur, âgé de 52 ans, domicilié au dit lieu de Saint-Etienne-de-Baïgorry, lesquels ont déclaré que son Excellence Mr. le Comte Jean Isidore Harispe, maréchal de France, sénateur, Grand-Croix de la Légion d’Honneur, Grand-Croix de l’ordre de la Réunion, des ordres de Charles III et de Saint Ferdinand d’Espagne et de l’ordre de de l’épée de Suède, chevalier de la couronne de fer, né à Saint-Etienne-de-Baïgorry du légitime mariage de Mr. Jean Harispe, propriétaire et de la Dame Marie Harismendy, veuf de la dame Jeanne Marguerite de Capenne d’Echauz, domicilié dans la présente commune (de Lacarre) est décédé aujourd’hui à 02 h. du matin en son château »69.

Il est inhumé au cimetière de Lacarre, village qui le reconnait ainsi comme son châtelain, tandis qu’il faut attendre l’année 1993, qui marque le deuxième centenaire de son premier combat victorieux au mont Arrola, pour que la commune de Saint-Etienne-de-Baïgorry honore sa mémoire en élevant dans le jardin public de la commune une stèle « A la mémoire du maréchal de France, le comte Jean Isidore Harispe ».

Son neveu, le Conseiller Jean Louis Adrien Duthey-Harispe, désigné par testament du maréchal Harispe comme son légataire universel, reçoit la lettre de condoléances du ministre de la guerre le maréchal Vaillant, signée du 27 mai 1855. En effet, la sœur du maréchal Harispe, Plaisance, a épousé, le 19 juillet 1800, Jean Dutey, héritier d’une famille de Baïgorry qui fit carrière dans la magistrature et dont le fils Jean Louis Adrien fut autorisé à porter légalement le nom de « Duthey-Harispe » par une ordonnance royale du 6 octobre 1842:

« Mariage le 30 Messidor An VIII de la République (19 juillet 1800) de : Jean Dutey, premier né de la maison de Harragon, officier de santé, âgé de 26 ans, né le 8 juillet 1774, fils légitime de Jean Dutey, ici présent, officier de santé et de feue Jeanne Ernautena, son épouse, propriétaires de la dite maison de Harragon, domiciliés dans la dite commune de Saint Etienne en Baïgorry, et de Plaisance Harispe, cadette de la maison de ce nom, âgée de 23 ans, née le 26 novembre 1776, fille légitime de feu Jean Harispe, négociant, et de Marie Harismendy, veuve son épouse, propriétaires de la maison de Harispe, domiciliés dans la dite commune de Saint Etienne en Baïgorry. Parmi les témoins : Jeanne Marie Marguerite Harispe, née d’Echaus, âgée de 28 ans (qui signe : Harispe née Dechaus), Marthe Olimpe Caupenne d’Echaus, Veuve autran, âgée de 26 ans (qui signe « Veuve Autran, née Caupenne D’Echaus ») »70.

Vers 1880, trente ans après le décès du maréchal et deux ans après celui de son neveu, une importante campagne de restauration du château de Lacarre est entreprise, qui modifie profondément son aspect extérieur, en choisissant un style qualifié de néo-gothique par certains, ou de néo-renaissance par d’autres. Le château est finalement vendu en 2015 par les héritiers du maréchal Harispe.

Bibliographie et Sources

  • Dictionnaire des généraux de la Révolution et de l’Empire de Georges Six – Usuels de la salle de lecture Louis XIV du SHD – Ref. : 430 Six.

  • La Citadelle et la Place de Saint Jean Pied de Port de la Renaissance à l’Epoque Contemporaine par le GD G. Folio - Bibliothèque du SHD, Cote P 5061.

  • Jean Harispe Maréchal de France par Félicie Cervera Marzal et André Lebourleux, Editions Gascogne, Orthez 2012.

  • Autour de Bertrand d’Etchauz – Actes du colloque des 17 et 18 septembre 1999 – Bulletin de la SSLA Bayonne.

  • Le Château de Lacarre dans Bulletin du Musée Basque n° 3 (1932) - pages 230 et suivantes.

  • Le Maréchal Comte Harispe, Portes ouvertes sur les archives du Maréchal au château de Lacarre dans Bulletins de la SSLA n° 146, 147, 148, 151 et 155.

  • L’invasion du Pays Basque Français en 1813-1914 par Pierre Hourmat – Bulletin du Pays Basque n°35, 1967.

  • La Voie Romaine de Bordeaux à Astorga dans sa traversée des Pyrénées par L. Colas, professeur agrégé au lycée de Bayonne, Bayonne Juillet 1913.

  • Mémoire sur le chemin d’Espagne par Baïgorry, 1753, signé Canut [Bibliothèque de l’Arsenal Manuscrit 6440 - Manuscrit Paulmy T. 9, document 186 (1347)].

  • Carte des principaux chemins et défilés pour passer la frontière d’Espagne en France venant de Pampelune à Saint-Jean-Pied-de-Port, levée par Touros en 1753 [Bibliothèque de l’Arsenal, Manuscrit 6440 - Manuscrit Paulmy T. 9, document 187 (1348)].

  • Site Internet : Armorial des Communes du Pays Basque.

  • Archives, registres d’état-civil et registres paroissiaux des communes des Pyrénées Atlantiques : Pau, Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Etienne-de-Baïgorry, Lacarre, Lasse, Anhaux, Irouléguy, Arnéguy, … .

  • Registres paroissiaux de La Rochelle (Charente-Maritime).

  • Minutes notariales de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Saint-Etienne-de-Baïgorry.

  • Résumé historique des campagnes de 1793, 1794 et 1795 sur les Pyrénées Orientales et Occidentales, par C.L.M. Poinçot - Dossiers du SHD/ GR 1 M 484-1 & GR 1 M 484-2.

  • Correspondances de l'APO (mai-juin 1794) – Archives du SHD Terre GR B4 15.

  • Correspondances de l'APO (juillet-août 1794) - Archives du SHD Terre GR B4 16.

  • Registres d’Ordres de l'APO, Division de Droite (1793-1794) - Archives du SHD Terre GR B4 57.

  • Registre d'Ordres de l’E.M. de l'APO 1794, Division du Centre - Archives du SHD Terre GR B4 69.

  • Ordres Particuliers de l'APO (1794-95), Division du Centre - Archives du SHD Terre GR B4 70.

  • Cahier d'Ordres - Division de Droite, dite de Saint-Jean-de-Luz (1793-1794) - Archives du SHD Terre GR B4 74.

  • Livres d’Ordres de l'APO, Division du Centre - Archives du SHD Terre GR B4 76.

  • Rapports militaires de la Division du Centre (janvier 1794 - Juin 1795) - Archives du SHD Terre GR B4 77.

  • Arrêtés des Représentants du Peuple de l’APO (juin-juillet 1794) - Archives du SHD Terre GR B4 162.

  • Registres d’Ordres de l’APO (mars à juin 1794) - Archives du SHD Terre GR B4 163.

  • Correspondances de l’APO (avril à juin 1794) - Archives du SHD Terre GR B4 164.

  • Correspondances de l’APO (avril à juin 1794) - Archives du SHD Terre GR B4 165.

  • Situation de l’APO (1793-1794) - Archives du SHD Terre GR B4 166.

  • Situations de l'APO (Janvier à juillet1794) - Archives du SHD Terre GR B4 167.

  • Situations de l'APO (août - septembre 1794) - Archives du SHD Terre GR B4 168.

1 Cf. BMS de St Etienne de Baïgorry, 1735-1772, page 1406/1550.

2 Cf. BMS de St Etienne de Baïgorry, 1750-1792, page 270/1498.

3 Cf. NMD de Saint-Etienne-de-Baïgorry, décès, page 106.

4 Pierre Harispe, capitaine au bataillon basque, âgé de 30 ans, fils de Pierre Harispe cultivateur et de Marie Bereterbide, domiciliés à Ascarat, se marie à Baïgorry le 29 Prairial An 2 (17 juin 1794), avec Anne Vignau, 24 ans.

5 Iramehaca ou Hiramehaca : Une « voie d’Hiramehaca » qui apparait sur les vues satellite des hauteurs Sud-est de Banca, conduit aux hauteurs situées autour de du point côté 676 à côté de la ferme Marutcho et à proximité de la ferme Arrabit, à 1 000 mètres environ au Nord-est du mont Harrigorry.

6 Cf. BMS de Saint-Etienne-de-Baïgorry, 1735-1772, page1370/1550.

7 Cf. BMS de Saint-Etienne-de-Baïgorry, 1750-1792, page 373/1498.

8 Cf. NMD de Saint-Etienne-de-Baïgorry, Collection départementale, Mariages, AnV–1806, page 236/245.

9 Ses frères et cousins servent également dans les unités de chasseurs basques : le 25 février 1794, Pierre Harispe est capitaine dans la 3ème compagnie franche basque du bataillon Harispe de Baïgorry ; Charles Harispe est commandant de la 2ème compagnie de Chasseurs du 2ème bataillon, Timothée et Arnaud Harispe sont lieutenants dans les 3ème et 4ème compagnies, Jean est sous-lieutenant à la 2ème compagnie.

10 Cf. NMD de Saint-Etienne-de-Baïgorry, Collection communale, Mariages, An II à An V, pages 19 & 20 / 85.

11 En 1794, l’assemblée municipale a changé le nom de Saint-Etienne-de-Baïgorry en Thermopyle.

12 En manière de réciprocité, Madame Marguerite Harispe et Charles Harispe, sont en 1802 « témoins » lors de la naissance d’une fille dans la famille Mendiry : « Mairie de Saint-Jean-Pied-de-Port, 18 Thermidor An X de la République Française (6 août 1802), Naissance de Jeanne Marguerite Cannica ( ?) Mendiry, fille de Timothée Mendiry, juge au tribunal impérial de Pau et de Thérèse Larramendy son épouse. Témoins :

  • Charles Harispe, officier à la suite du bataillon de Chasseurs Basques, âgé de 30 ans,

  • Jeanne Marguerite Echauz, épouse du citoyen Harispe, âgée de 30 ans, les deux domiciliés à Baïgorry,

Sur réquisition faite par S. Martin Mendiry, ministre du culte catholique, constat fait Pierre Dalhaste, maire de Saint-Jean-Pied-de-Port,

Suivent les signatures de : Jeanne Marguerite Harispe, née Dechaus, de Charles Harispe, … … ».

13 Cf. NMD de Saint Etienne-de-Baïgorry, Collection communale, Mariages, An II à An V, pages 19 & 20 / 85.

14 Vitoria et Bilbao conquises à la mi-juillet, l’Armée des Pyrénées Occidentales se prépare alors à mener une offensive contre Pampelune, dont les préparatifs sont interrompus par la signature du traité de paix de Bâle le 22 juillet 1795.

15 La Navarre comprenait de nombreux gisements de fer, de cuivre, de plomb argentifère. Il suffit à cet égard de mentionner l’importance des mines de cuivre et de plomb à Banca, des mines de fer à Baïgorry, des forges de Banca, attestée en 1702, ou d’Echauz dans la vallée de Baïgorry, de la mine et de la forge d’Eugui, attestée également en 1702, au-delà d’Urepel, au Sud du col d’Urquiaga, des mines d’Ondarolle dans la vallée d’Arnéguy ainsi que de la fonderie d’Orbaïceta, plus précisément de la Funderia Reale sur le cours du rio Legarxa 2,5 kilomètres au Nord du bourg d’Orbaïceta, à laquelle les cols d’Arnostéguy et d’Orgambide donnent accès.

16 Cf. Sources et Bibliographie.

17 Cf. Sources et Bibliographie. En 1753, Jean-Marie de Canut, chevalier de l’Ordre Militaire de Saint-Louis, est ingénieur en chef des fortifications de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port où il réside avec son épouse, Dame Françoise Lalande de Luc, originaire du diocèse de « Daqs », et où est baptisé leur fils Pierre Basile.

18 Leur sœur, Isabeau, épouse de Pierre d’Olce, est la mère de monseigneur Jean d’Olce, qui en qualité d’évêque de Bayonne a le privilège de marier Louis XIV et l’infante Marie-Thérèse en l’église de Saint-Jean-de-Luz le 9 juin 1660.

19 Le négociateur espagnol était l’évêque de Pampelune, Monseigneur D. Prudencio de Sandoval.

20 De nouvelles négociations reprirent ultérieurement qui aboutirent à la signature des « Capitulations royales », le 22 septembre 1614, préalablement au mariage de Louis XIII avec l’infante d’Espagne Dona Ana, Anne d’Autriche.

21 Cf. BMS de Saint-Etienne-de-Baïgorry, 1692-1734, page 731/1255.

22 Cf. BMS de Bayonne, paroisse Notre –Dame, 1713-1722, pages 897 et 1066/1285.

23 Cf. BMS de Saint-Etienne-de-Baïgorry, 1692-1734, pages 887 et 912/1255.

24 Les villages de Caupenne et d’Amou sont deux villages de la Chalosse situés respectivement à 10 et 20 kilomètres au Nord d’Orthez.

25 Par ailleurs, un Henri de Caupenne, frère de la mariée, est officier des Gardes Wallones en Espagne.

26 Le curé de Saint-Martin, décédé le 13 octobre 1724, a comme successeur en la paroisse Saint Etienne de Baïgorry le curé DEchauz.

27 Cf. BMS de Saint-Etienne-de-Baïgorry, 1735-1772, page 82/1550.

28 Cf. Le destin d’un négociant de Saint-Jean-Pied-de-Port Henri Fargues (1757-1804).

29 Cf. BMS de Pau, Mariages, années 1763-1772, pages 223 à 225.

30 Cf. BMS de Saint-Etienne-de-Baïgorry, 1750-1792, mariages, page 50/1498.

31Cf. BMS de Lasse, Baptêmes page 66/216.

32 Cf. BMS de Lasse, Baptêmes page 80/216.

33 Cf. Minutes notariales de Saint-Etienne-de-Baïgorry – Etude I – Etcheverry Michel Joseph – Testaments – 1780/1785 - page 41.

34 L’Empire a été proclamé le 18 mai 1804.

35 Cf. Sources et Bibliographie : Jean Harispe, Maréchal de France par Félicie Cervera Marzal et André Lebourleux.

36 Archives du département des Pyrénées Atlantiques (64)/Bayonne/Tables/1792-1842/Mariages 1792-1802, page 106/1372.

37 Archives du département des Pyrénées Atlantiques (64)/Registres Paroissiaux et d’Etat-civil/Bayonne/Bayonne Etat-civil/1793-1806/Mariages, page 308/880.

38 Le couple Jean François Autran - Anne Veyrin ont deux autres enfants naturels : Jean Barthélémy, né et baptisé le 25 août 1770, et Louise Magdeleine, née et baptisée le 20 octobre 1771.

39 NMD de Montélimar – Décès, 1793 à An III, pages 457 & 458/501.

40 Le règlement du 1er janvier 1791 donne des numéros aux 79 régiments d’infanterie de ligne dont le numéro 80 à Angoumois.

41 Le régiment d’Angoumois est composé de deux bataillons depuis la réforme de 1775.

42 La dénomination de « Régiment » fut supprimée en 1793 et remplacée par la notion de « demi-brigade ». Une demi-brigade comportait un état-major réduit, une compagnie de canonniers avec six pièces d’un calibre de 4 livres et trois bataillons d’infanterie, dont, en principe, un de l’armée régulière, ex royale, et deux bataillons de « volontaires nationaux », chacun à une compagnie de grenadiers à 83 hommes et huit de fusiliers à 123 hommes, soit un total de 3200 hommes par demi-brigade.

43 Ou mont Borya sur la carte au 1/50.000 type 1889, révisée en 1900.

44 Ou redoute Sainte-Barbe à 1,5 Km. au Sud du centre du village de Sare sur la carte topographique I.G.N. au 1/1000.000 n°69.

45 Général de brigade Pinet ou Cambray, car à cette date le général de brigade Castelvert, troisième général adjoint au général de division Delaborde commandant la 2ème Division du Centre, commande les bataillons engagés au col de Maya.

46 Cette « plus haute montagne bordant la rive droite de la Bidassoa », également citée dans l’acte de décès du sous-lieutenant Autran, ne peut être que la Rhune.

47 La « Redoute Sainte Barbe », située à la cote 137, à 1 500 m. au Sud de l’église de Sare, sur le rebord d’un plateau dominant le cours du Lisouniako Erreka et le village de Sare, a, selon le général Gaudeul, un plan complexe en étoile, de 180 m. de périmètre, entourée d’un fossé.

48 Le château de Lacarre a fait l’objet d’une description détaillée dans un article paru dans le Bulletin du Musée Basque n° 3 (1932), que l’on peut consulter sur internet.

49 Le château de Sault, dont ne subsistent que quelques ruines, était érigé sur le territoire de la paroisse d’Hasparren, sur une petite éminence 2 kilomètres au Sud-ouest de l’église paroissiale.

50 Cf. Registre d’état-civil de La Rochelle, Collection communales, Paroisse Saint-Barthélemy, Baptêmes et Mariages 1775, page 15/35.

51 Cf. Registres d’état-civil de Lacarre, 1759-1889, page 83/1068.

52 Cf. Registres d’état-civil de Lacarre, 1759-1889, pages 100 & 101/1068.

53 Cf. Registre paroissial d’Hasparren, BMS, 1661-1785, page 741/1462.

54 Cf. Registre paroissial d’Hasparren, BMS, 1661-1785, page 744/1462

55 Cf. Registres d’état-civil de Lacarre, 1759-1889, page 143/1068.

56 Cf. Registres d’état-civil de Lacarre, 1759-1889, page 146/1068.

57 Cf. BMS de la paroisse d’Uhart-Cize, 1746-1791, page 288/355.

58 Cf. Cf. Registre paroissial d’Hasparren, BMS, 1664-1792, page 1387/1554.

59 Le 29 janvier 1807, Harispe est nommé général de brigade et le 20 octobre 1807, il est informé par le ministre de la guerre de sa nomination au 1er corps d’observation de la Gironde alors commandé par le général Junot. Il est nommé général de division le 12 octobre 1810 et est fait comte d’empire le 3 janvier 1813.

60 Cf. Registres d’état-civil de Lacarre, 1759-1889, page 618 & 621/1068.

61 Général de brigade, baron d’Empire, 1761-1842, ancien officier du bataillon des Chasseurs Cantabres stationnés en la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, retiré en 1814 à Mongelos (Cf. Schilt, par le général Louis Baratchart, Bulletin SSLA de Bayonne n° 155 (année 2000), pages 263-304).

62 Cf. Minutes notariales de Saint-Jean-Pied-de-Port, Etude III, Jean Salaberry, 1821, pages 925 à 927/954.

63 Sa cuirasse abimée au col est présentée au musée de la cavalerie de Saumur.

64 Cf. Minutes notariales de Saint-Etienne-de-Baïgorry,- Etude III – Thomas Etcheverry – Année 1828, pages 189 à 193/609.

65 Dans ce testament écrit de sa main, le général Harispe confirme que Marthe Olympe de Caupenne d’Echauz est veuve d’un dénommé Autran.

66 Cf. Sources et Bibliographie : Jean Harispe, Maréchal de France par Félicie Cervera Marzal et André Lebourleux.

67 Cf. Registre d’état-civil de Baïgorry, NMD Décès 1823-1832, pages 79 & 80/83.

68 Cf. Registre d’état-civil de Baïgorry, NMD Décès 1833 – 1842, page 84/100.

69 Cf. Registres d’état-civil de Lacarre, 1759-1889, page 696/1068.

70 Cf. NMD de Baïgorry, An V – 1806, mariages, pages 130 & 131.

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