2018. Chasseurs Cantabres et Chasseurs Basques
Chasseurs Cantabres
et Chasseurs Basques
Article
paru dans le Bulletin de la Société de sciences lettres et arts de
Bayonne, n°173 de 2018.
Au
cours de la guerre menée à l’époque de la Révolution Française
par les armées de la Convention contre la monarchie espagnole, la
frontière des Pyrénées Occidentales fut le théâtre d’âpres
combats, au cours desquels deux unités d’infanterie légère se
distinguèrent particulièrement : les « Chasseurs
Cantabres » et les « Chasseurs Basques ». Mais
elles furent souvent confondues, d’autant que jusqu’à l’époque
contemporaine, les termes ‘Cantabres’ et ‘Basques’, aux
acceptions imprécises, étaient indifféremment employés l’un
pour l’autre.
Dès
l’époque romaine, ces termes désignaient, successivement ou
indifféremment, les diverses populations qui habitaient les régions
montagneuses bordant l’actuel Golfe de Gascogne, dans le Sud-ouest
de la France et le Nord de l’Espagne d’aujourd’hui. A l’époque
moderne, la dénomination de ‘Cantabres’, initialement employé
en langue poétique, devint quasi synonyme de celle de Basques. En
l’an X de la République, le Général Serviez, préfet des
Basses-Pyrénées, écrivait : « Les Basques descendent
des anciens Vascons ou Cantabres, et par eux des Ibériens, premiers
habitants de l’Espagne ».
L’étude
des fonds d’archives conservés par le Service Historique de la
Défense au Château de Vincennes permet de retracer avec une bonne
précision l’origine, l’histoire et la participation de chacune
de ces deux unités de Chasseurs aux combats de « l’Armée
des Pyrénées Occidentales » sur la frontière des Pyrénées
entre 1792 et 1795. Elle offre en outre la possibilité de connaitre
la nature et la composition du « Groupement de Chasseurs »
qui, placé aux ordres du capitaine Moncey1,
s’illustra dans les combats des 1er
au 6 juin 1793 sur le haut-plateau de Château Pignon, au Sud de
Saint-Jean-Pied-de-Port.
LES CHASSEURS CANTABRES
Au
XVIIIème
siècle, les évolutions dans « l’Art » de la guerre,
avec notamment l’apparition de la « Petite Guerre »,
avaient entrainé des réorganisations successives des armées, afin
de les adapter aux circonstances changeantes des combats. La sévère
défaite subie par les armées de Louis XV à Rossbach en Saxe, le 5
novembre 1757, au cours de la Guerre de Sept ans, avait été à
l’origine de réformes profondes, dont celles initiées par le
comte de Saint-Germain, Secrétaire d’Etat à la Guerre de 1775 à
1777.2
Finalement, la réorganisation générale de l’armée française de
1788, objet de trois ordonnances royales, créa l’infanterie
légère, chargée des missions de renseignement et de sûreté,
forte de douze bataillons de Chasseurs, dont le cinquième prit le
nom de « Chasseurs Cantabres ». Devenu sous la Révolution
le « 5ème
bataillon de chasseurs », il participa activement à la guerre
franco-espagnole sur la frontière des Pyrénées de 1793 à 1795, au
sein de l’Armée des Pyrénées occidentales.
Les Cantabres Volontaires – Le Royal Cantabre
A
partir de 1743 déjà, les leçons tirées de la Guerre de Succession
d’Autriche (1741-1748) avaient conduit, selon la volonté du
maréchal de Saxe, à l’établissement définitif de régiments de
« Troupes Légères ». L’un d’eux, le Régiment des
« Cantabres Volontaires » avait été créé, le 15
décembre 1745 par l’Ordonnance du roi portant création d’un
régiment d’infanterie de troupes légères sous le nom de
Cantabres volontaires. Il avait été levé dans les provinces
basques par un noble souletin, le chevalier Philippe de Bela
(1709-1796), qui en avait ainsi été nommé colonel. Les officiers
devaient être originaires d’au-delà de l’Adour et du comté
d’Armagnac. Les hauts bonnets pointus des officiers et grenadiers
du régiment portaient brodés les chaînes de Navarre et la devise
« Bellicosus Cantaber ».
Le
régiment comprenait dix compagnies d’infanterie de cinquante
hommes, organisées en deux bataillons, trois cents hussards et deux
pièces de canon. Après avoir servi dans la campagne de Flandre à
l’été 1746, il devint, en 1747, le « Royal Cantabres »
dont le commandement fut donné au chevalier de Luppé. Comme toutes
les troupes légères l’avaient été à partir de 1744, le
régiment fut doté, en 1747, de canons d’accompagnement, des
pièces à la Suédoise, de 4 livres de balle, qui, plus légères
que les canons de La Vallière, ne nécessitaient que trois chevaux
pour les tracter. En application de l’ordonnance royale du 1er
août 1749, le « Royal Cantabres » fut dissous et réduit
à quatre compagnies de quarante hommes, qui reprirent le nom de
« Cantabres Volontaires ».
« Ordonnance
du Roy, au sujet du régiment Royal Cantabres, du premier Août 1749
DE
PAR LE ROY
Sa
Majesté, ayant résolu de supprimer le régiment Royal Cantabres, …
… …, a ordonné et ordonne ce qui suit :
Suivent
huit articles, numérotés de PREMIER, II, …, jusqu’à :
VIII, qui prescrivent la
Suppression
du régiment Royal Cantabres de 500 hommes, en 9 compagnies
d’infanterie de 50 hommes et 2 de hussards de 25 hommes, pour
former 4 compagnies d’infanterie de 40 hommes chacune. Ces
compagnies porteront le nom de Cantabres Volontaires, comprenant
chacune 1 capitaine, 1 capitaine en second ou lieutenant, 2 sergents,
3 caporaux, 3 anspessades, 31 fusiliers et 1 tambour.
Fait
à Compiègne, le premier août 1749. Signé Louis.
M.P.
de Voyer d’Argenson
A
PARIS DE L’IMPRIMERIE ROYALE : MDCCXLIX »
De
fait, rétabli comme bataillon de 604 hommes le 8 juillet 1757, le
« Royal Cantabres » ne fut définitivement licencié que
le 25 novembre 1762.
En
1757, une compagnie de « chasseurs » avait été créée
dans les bataillons d’infanterie de ligne qui, à partir de cette
date, comprirent chacun quatre compagnies de fusiliers à 116 hommes,
une compagnie de grenadiers à 101 hommes et une compagnie de
chasseurs à 101 hommes. La réforme du Comte de Saint-Germain en
1776 entraîna le regroupement des régiments en brigades et en
divisions. Confirmant l’inclusion d’une compagnie de chasseurs
dans chaque bataillon d’infanterie de ligne, elle supprima les
troupes d’infanterie légère.
Mais
cette suppression ne fut que temporaire puisque, dès 1779, furent
recréés six régiments de chasseurs à cheval. En 1784, les
compagnies de « chasseurs » organiques aux bataillons
d’infanterie de ligne furent regroupées en six bataillons de
chasseurs à 4 compagnies, qui furent rattachés aux six régiments
de chasseurs à cheval. Les régiments de chasseurs à cheval furent
finalement séparés des bataillons de chasseurs à pied en 1788.
Finalement,
l’ordonnance du 17 mars 1788 procéda à la création définitive
de l’infanterie légère, organisée en douze bataillons de
chasseurs, qui comprenait chacun quatre compagnies de chasseurs, dont
chacune incluait neuf carabiniers3.
Ces douze bataillons furent formés à partir des six bataillons
précédemment rattachés aux régiments de chasseurs à cheval,
ainsi que des régiments Royal Italien et Royal Corse ainsi que du
corps de Montréal. Le cinquième de ces bataillons d’infanterie
légère, celui créé à partir du « Corps de Montréal »,
reçut le nom de « Bataillon des Chasseurs Cantabres » en
reprenant le nom laissé libre par la dissolution quelques années
auparavant du régiment « Royal Cantabres ».
Le corps de Nassau-Siegen – L e Régiment de Montréal
Par
sa création à partir du « Corps de Montréal », le
« Bataillon des Chasseurs Cantabres » descendait de la
« Légion des volontaires de Nassau-Siegen » levée lors
de la guerre d’indépendance américaine (1775-1782), pour
reconquérir les îles anglo-normandes. Louis XVI, par ordonnance du
10 décembre 1778, avait permis au prince allemand Charles Henri
Nicolas Othon de Nassau-Siegen (1745-1808), colonel-propriétaire du
« Royal Allemand Cavalerie », de lever pour le service de
la Marine un petit corps de volontaires, composé d’infanterie, de
cavalerie et d’artillerie, la « Légion des volontaires de
Nassau-Siegen », qui, après avoir pris part à une tentative
infructueuse sur l’île de Jersey, fut réformée le 15 août 1779.
Une
seconde ordonnance en date du 16 août 1779 maintint sur pied pour le
service à terre un petit corps mixte, composé de deux compagnies
d’infanterie et d’une compagnie d’artillerie, dont la propriété
fut laissée au prince de Nassau. En garnison initialement à
Saint-Malo, puis à Lorient en 1781, et à Bellisle-en-Mer en 1782,
ce corps fut, à la démission du prince de Nassau-Siegen, donné en
propriété, le 28 février 1784, au comte de Montréal4
et prit alors le nom de « Corps d’Infanterie de Montréal »,
dont le commandement fut confié le 15 avril 1784 au
lieutenant-colonel Ruault de la Bonnerie. Ce corps, par une nouvelle
ordonnance du 12 mai 1785, perdit sa compagnie d’artillerie, puis
fut réorganisé en un corps à quatre compagnies d’infanterie. Il
continua à séjourner à Bellisle-en-mer jusqu’à l’année 1786,
date à laquelle il fut transféré à Douai.
Ainsi,
l’origine du 5ème bataillon de Chasseurs Cantabres
remonte au « Corps de Nassau Siegen » qui, ayant changé,
en 1784, son nom en « Corps de Montréal », fut, par
l’ordonnance du 17 mars 1788, reconstitué en bataillon
d’infanterie légère, sous le nom de « Chasseurs
Cantabres »,.
Finalement,
l’ordonnance du 17 mars 1788, portant création de l’infanterie
légère, décida la réforme du « Corps de Montréal »
et sa transformation en un bataillon de chasseurs sous le nom de
« Bataillon des Chasseurs Cantabres », reprenant ainsi
l’ancienne appellation de « Cantabres », disponible
depuis le licenciement du Régiment « Royal Cantabres »,
le 25 novembre 1762, qui prit rang selon son ancienneté au cinquième
rang des douze bataillons de chasseurs, et dont le « Sieur
Comte de Montréal » restait le « Colonel
Propriétaire ».
Les Chasseurs Cantabres
C’est
ainsi que le « Bataillon des Chasseurs Cantabres » fut
créé le 1er
mai 1788 en la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port5.
Messire de la Bonnerie, comte de Ruault qui, depuis quatre ans,
commandait le « Corps de Montréal », fut désigné comme
lieutenant-colonel commandant le « Bataillon des Chasseurs
Cantabres ». Il resta à la tête du bataillon lors du
déclenchement de la Révolution française.
Le
bataillon, dont l’effectif était de 27 officiers et 408
bas-officiers et chasseurs, était articulé en quatre compagnies de
chasseurs, dont le recrutement régional devait être issu des pays
compris entre Pyrénées, Garonne et Océan. Comme dans tous les
régiments à cette époque, chaque compagnie disposait d’un double
encadrement en officiers, dont la moitié seulement était présente
au corps à un instant donné, ce qui permettait en temps de guerre
de doubler immédiatement le nombre des unités élémentaires de
chaque corps. Les compagnies pratiquaient le « stationnement
ambulatoire », cantonnant successivement dans les villages
bas-navarrais et dans les montagnes frontalières, ce qui assurait au
bataillon un bon niveau d’instruction et de cohésion et lui
conférait une excellente capacité de surveillance de la frontière
en cas de tension. Inspecté le 8 septembre 1788, par le
lieutenant-général, comte de Jumilhac, le bataillon fit l’objet
d’une appréciation louangeuse.
Le
registre des décès de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port confirme
la présence du bataillon dans la ville, ainsi que le nom du
commandant de bataillon dont l’épouse décéda le 18 mars 1790. Il
révèle le nom du commandant-en-second du bataillon lors de sa
création :
- Le 19 mars 1790, inhumation du corps de Noble Charlotte Pélagie de Maquart de Rullecourt, femme de Messire Noble de la Bonnerie, comte de Ruault, lieutenant-colonel commandant le bataillon d’infanterie légère des Chasseurs Cantabres, décédée la veille, âgée d’environ 45 ans, inhumation au cimetière de l’église paroissiale Saint-Eulalie ;
- Le 21 octobre 1790, décès d’Auguste Emmanuel Levigne, chevalier de Sommebous, capitaine en second du régiment d’infanterie légère des Chasseurs Cantabres, âgé de 55 ans.
Le 5ème bataillon d’infanterie légère
Le
1er janvier 1789, à l’orée de la Révolution,
l’infanterie régulière de l’armée royale comprenait donc, à
côté des 2 régiments de Gardes et des 102 régiments d’infanterie
de ligne, 12 bataillons de chasseurs. Le règlement du 1er
avril 1791 prescrivit que ces bataillons de chasseurs quitteraient
leur nom pour n’être plus désignés que sous leur numéro. Ainsi,
le « Bataillon des Chasseurs Cantabres » devint, à cette
date, le « 5ème bataillon d’infanterie légère »,
communément appelé « 5ème bataillon de
chasseurs ». Le 20 juillet 1791, se déroula la cérémonie
officielle de serment du bataillon à la Constitution. Au
lieutenant-colonel de la Bonnerie qui assumait le commandement du
bataillon depuis sa création en 1788, succéda, le 21 octobre 1791,
le lieutenant-colonel François de Bazent du Balay. Le citoyen
Alexandre Delalain (en fait de Lalain) en fut nommé
lieutenant-colonel en 2ème le 6 novembre 1791, puis
lieutenant-colonel en 1er le 7 janvier 1792.
A
cette date, le 5ème bataillon d’infanterie légère
comprenait un état-major et huit compagnies, obtenues par
dédoublement des quatre compagnies originelles du « Bataillon
des Chasseurs Cantabres », représentant un effectif total de
29 officiers et 429 sous-officiers et soldats. Chacune des huit
compagnies était encadrée par un capitaine (Moncey, nommé
capitaine le 1er avril 1791, commandait la huitième
compagnie), un lieutenant et un sous-lieutenant. Tant l’émigration
que les destitutions politiques provoquèrent rapidement des vides
dans son encadrement, soit par effet direct, soit par les promotions
externes qu’elles entrainèrent. Le 8 octobre 1792, le 5ème
bataillon d’infanterie légère fut inspecté dans la citadelle de
Saint-Jean-Pied-de-Port par le commandement de l’Armée des
Pyrénées. Le rapport d’inspection précise que son effectif
réalisé était, à cette date, de 602 personnels, soit, en
sous-effectif de 191 pour être ‘sur pied de guerre’ et de 214
pour être ‘sur grand pied de guerre’. Les rapports établis par
l’Armée des Pyrénées en novembre et décembre 1792, comme la
revue effectuée le 30 novembre 1792 en la citadelle de
Saint-Jean-Pied-de-Port, soulignent d’importantes difficultés pour
réaliser les effectifs, notamment en officiers. A nouveau, le 16
décembre 1792, le Général de Brigade Lacuée, chef d’état-major
du général Servan commandant l’Armée des Pyrénées, posait le
problème du remplacement des officiers manquants et du recrutement
des soldats pour le 5ème bataillon d’infanterie légère.
Ainsi, l’état de situation de l’Armée des Pyrénées au 1er
avril 1793, indique que le bataillon, alors déployé à Andaye
(sic), avec un effectif de 518 hommes, aux ordres du
lieutenant-colonel Lalain (sic), ne disposait pour encadrer ses huit
compagnies que de cinq capitaines, cinq lieutenants et sept
sous-lieutenants.
Les
rapports d’inspection déjà cités jugeaient que la tenue, la
discipline, l’état d’esprit, l’habillement et l’armement du
bataillon étaient bons, que le niveau d’instruction était « le
meilleur actuellement », l’état des finances étant le seul
point faible « comme dans toute l’armée ». Grâce au
maintien d’un haut niveau d’instruction opérationnelle, la
cohésion, la discipline et la capacité opérationnelle du bataillon
restèrent intacts lors des premiers soubresauts de la Révolution.
Le bataillon étant activement occupé à la surveillance de la
frontière, aucune désertion ne fut attestée.
Cependant,
le 23 mai 1793, le « Service des officiers » du 5ème
bataillon d’infanterie légère, alors stationné à
Saint-Jean-de-Luz, montre qu’à cette date l’encadrement du
bataillon a été recomplété. Il comprenait alors vingt sept
officiers, dont le lieutenant-colonel Willot, commandant le
bataillon, et dix capitaines, dont le major Castillon et le Quartier
Maitre Trésorier Schilt. Le conseil d’administration du bataillon
était composé du chef du bataillon, le lieutenant-colonel Willot,
et de quatre capitaines : Delpuech, Schilt, Moncey et Castillon.
Parmi les 27 officiers, cinq étaient officiers et sept étaient
sous-officiers dans l’armée royale avant la Révolution, quatre,
sous-officiers ou soldats, au bataillon des Chasseurs Cantabres,
avaient été promus officiers sous la Révolution, deux étaient des
officiers étrangers qui avaient rejoint l’armée de la république,
neuf, enfin, étaient des volontaires qui avaient été promus
officiers. Ces effectifs en officiers confirment que le bataillon
comprenait à cette date du 23 mai 1793 huit compagnies de chasseurs.
Le citoyen Amédée (ci-devant comte de) Willot, qui avait été
promu au grade de lieutenant-colonel et nommé lieutenant-colonel en
2ème du 5ème bataillon d’infanterie légère,
le 23 mars 1792, en avait pris le commandement du bataillon, le 7 mai
1793, en remplacement du lieutenant-colonel Alexandre Delalain,
lui-même promu le même jour au grade de général de brigade.
Le 5ème bataillon d’infanterie légère dans les combats de 1793-1795
La
guerre entre la France et l’Espagne fut déclarée en mars 1793, le
7 mars par la France, le 23 mars par l’Espagne. Durant cette guerre
franco-espagnole qui dura jusqu’en 1795, le 5ème
bataillon d’infanterie légère servit sans discontinuer sur la
frontière pyrénéenne, d’abord au sein de l’Armée des
Pyrénées, créée à Toulouse le 1er octobre 1792, puis
de l’Armée des Pyrénées Occidentales (ou A.P.O.) à partir de sa
création, en application du décret pris le 30 avril, par
dédoublement de l’Armée des Pyrénées le 1er mai
1793.
Dès
le 23 février 1793, le 5ème bataillon d’infanterie
légère avait été déployé aux ordres du lieutenant-colonel
Delalain dans le secteur d’Andaye (sic). Le 6 avril, le
lieutenant-colonel Lalain (sic) reçut, le l’ordre de patrouiller
la frontière où les hostilités commencèrent le 23 avril 1793 par
une attaque impétueuse des Espagnols sur Hendaye, qui fut repoussée
le jour même. Cette date marqua le premier engagement du 5ème
bataillon d’infanterie légère, à Biriatou d’abord où l’un
de ses détachements surprit un poste espagnol dont elle tua 13
hommes et en fit noyer 40 dans la Bidassoa. A Hendaye ensuite, où
l’attaque espagnole avait débuté par un bombardement de la ville
et le franchissement du Pas de Béhobie par l’infanterie espagnole
qui monta à l’assaut du fort d’Andaye (sic), surprenant les
volontaires républicains qui prirent la fuite. Alors, le
lieutenant-colonel Willot, à la tête des gros du 5ème
bataillon d’infanterie légère s’élança en contre-attaque
contre l’ennemi, réveilla le courage des volontaires qui se
rallièrent, et repoussa les Espagnols qui furent rejetés de l’autre
côté de la Bidassoa.
Le
1er mai 1793, lors de la création de l’A.P.O. sous le
commandement du général Servan, le 5ème bataillon
d’infanterie légère appartenait à « l’Avant-Garde du
Camp d’Andaye » dont l’effectif total était exactement de
3 955 hommes. Soucieux d’être mieux renseigné sur les
mouvements ennemis, le général Servan remania son dispositif pour
combler le manque d’unités de reconnaissance, notamment de
cavalerie, en accroissant le volume de ses moyens de reconnaissance
par la création de nouvelles unités d’infanterie légère. Ce fut
ainsi que le 6 mai 1793 à Bayonne, le général Servan donna l’ordre
au citoyen Delalain, commandant le 5ème bataillon
d’infanterie légère, de prendre sous ses ordres toutes les
compagnies de chasseurs volontaires et la compagnie de chasseurs du
7ème bataillon de la Gironde. Le 9 mai, il ordonna à
chaque bataillon de volontaires de constituer, en plus de leurs huit
compagnies de fusiliers et de leur compagnie de grenadiers, une
compagnie de chasseurs de 89 hommes, forte de 3 officiers, 1 tambour
et 85 chasseurs. Le même jour, il plaça toutes ces compagnies de
chasseurs nouvellement créées et formées au camp de Bidart, aux
ordres du citoyen Delalain, promu général de brigade le 7 mai,
auquel, le 13 mai, il confia le commandement de l’avant-garde de
l’armée, comprenant donc les compagnies de chasseurs issues des
bataillons de volontaires ainsi que le 5ème bataillon
d’infanterie légère, commandé depuis le 7 mai par le
lieutenant-colonel Willot. Le 22 mai 1793, l’avant-garde de
l’armée, ainsi constituée aux ordres du général Delalain est
rassemblée à 4 h du matin à Saint-Pée en avant de la brigade du
centre.
Déployé
dans le secteur de Saint-Jean-de-Luz, le 5ème bataillon
d’infanterie légère avait pour mission de couvrir la ligne de
défense de la Nivelle en s’installant au Sud de la coupure. Le 27
mai, le bataillon réduit depuis le 23 mai à six compagnies de
chasseurs appartenait au dispositif de défense de
Saint-Jean-de-Luz : la 1ère compagnie surveillait la
zone entre le Bordagain et Ciboure, trois compagnies contrôlaient la
vallée entre Jolimont et la route d’Urrugne, deux compagnies
étaient installées dans la tête de pont de Saint-Jean-de-Luz.
Le Groupement de Chasseurs du Capitaine Moncey
En
effet, le 23 mai, le général Servan avait donné l’ordre au
général de brigade Delalain d’envoyer en renfort à
Saint-Jean-Pied-de-Port un Groupement de Chasseurs, à prélever sur
l’avant-garde, placé aux ordres du capitaine Moncey, regroupant
onze compagnies de chasseurs : deux compagnies de chasseurs
ex-Cantabres du 5ème bataillon d’infanterie légère,
la compagnie franche de Bordeaux, sept compagnies de chasseurs issues
des bataillons de volontaires (non nommés dans les documents
d’archives consultés) et la compagnie de chasseurs du bataillon de
la Haute-Garonne du capitaine Vallée venant d’Itxassou.
Aussitôt
constitué, ce Groupement de Chasseurs fit mouvement vers Bayonne, où
il fit étape et où il toucha un complément d’équipement et
d’armement. Après une seconde étape à Mendionde, il parvint à
Saint-Jean-Pied-de-Port le 28 mai au soir. La 2ème
compagnie de Chasseurs du Louvre déjà stationnée à
Saint-Jean-Pied-de-Port lui fut rattachée. Le Groupement de
Chasseurs du capitaine Moncey, était alors fort de 12 compagnies de
Chasseurs.
La
principale position défensive française sur la frontière dans le
secteur de Saint-Jean-Pied-de-Port était établie sur le haut
plateau de Château-Pignon à 12 kilomètres au Sud de la cité, qui,
s’appuyant aux ruines du petit fort espagnol de Castel Penon
construit lors de la conquête de la Navarre par Ferdinand d’Aragon
en 1512, avait pour mission de barrer la voie majeure d’invasion
que constituait le « Grand Chemin d’Espagne par Orisson et
Roncevaux ».
Reportant
leur effort du secteur côtier au secteur intérieur, les Espagnols
firent, le 1er
juin, une démonstration de force avec plusieurs unités d’infanterie
et de cavalerie qui descendirent de la montagne de l’Alto Biscar en
direction des hauteurs situées au Sud du plateau de Château Pignon.
Le chef
de bataillon
Nogués6,
commandant le 2ème
bataillon de volontaires des Basses-Pyrénées qui tenait cette
position, contre-attaqua les Espagnols qui se replièrent et dont une
partie s’enfuit par le val d’Aezcoa
pour trouver refuge dans les retranchements d’Orbaiceta,
après avoir perdu cinq tués et plusieurs blessés. Le Groupement de
Chasseurs du capitaine Moncey fut immédiatement poussé en renfort
de Saint-Jean-Pied-de-Port vers Château Pignon, où il parvint en
fin de journée du 1er
juin.
La
matinée du 2 juin se déroula dans la tranquillité. Mais, dans
l’après-midi, l’ennemi reprit l’initiative en débouchant de
l’Alto Biscar en trois colonnes qui forcèrent les avant-postes
français à se replier. Le commandant Nogués envoya le capitaine
Moncey, « dont l’intelligence et les connaissances ne
laissent en rien à désirer », avec son Groupement de
Chasseurs reconnaître l’ennemi. Il eut un accrochage avec les
Espagnols dont il évalua la force à 6 à 7 000 hommes. Il
jugea qu’ils pouvaient avoir l’intention d’attaquer le
lendemain à la pointe du jour. Ce renseignement fut confirmé par
l’interrogatoire d’un déserteur espagnol qui précisa que
l’ennemi, disposant d’artillerie et de cavalerie, était regroupé
autour de l’Alto Biscar, dans la perspective d’attaquer, le
lendemain, le camp de Château Pignon, avant d’aller mettre le
siège devant Saint-Jean-Pied-de-Port. Le général Delalain, ancien
commandant du « bataillon des Chasseurs Cantabres » en la
citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui, pour quelques jours,
commandait provisoirement la division de Saint-Jean-Pied-de-Port,
donna alors l’ordre d’acheminer deux bataillons de volontaires en
renfort dans le camp de Château-Pignon.
Les
3 et 4 juin, les montagnes étant dans le brouillard, les Espagnols
ne firent aucun mouvement de ce côté. Sur le plateau de Château
Pignon, le dispositif défensif français ainsi renforcé s’organisa
en profondeur avec trois bataillons de volontaires établis en deux
lignes de défense et une flanc-garde face au Val Carlos. Le
Groupement de Chasseurs du Capitaine Moncey, en assurait la sûreté
éloignée face au Sud et au Sud-Ouest, avec ses douze compagnies
réparties dans les avant-postes et les « sonnettes »,
installés sur les limites Sud du plateau, depuis les contreforts de
la montagne d’Urkulu (1419) jusqu’aux pics de Mendi
Belza (cotes 1409 et 1385), et incluant le pic d’Urdanarré
(cote 1240). Le 5 juin, les Espagnols tirèrent quelques volées de
canon.
L’attaque
espagnole contre la position du plateau de Château-Pignon fut lancée
le
6 juin à la pointe du jour. Dès 6 heures, sous le couvert d’un
brouillard très épais7,
qui durait depuis trois jours sur les hauteurs des Pyrénées, le
général don Ventura Caro, fit avancer depuis la zone de l’Alto
Biscar
ses troupes en plusieurs colonnes incluant des pièces d’artillerie,
afin de surprendre les avant-postes installés à hauteur des deux
pics de Mendi
Belza
(1409 et 1388), de part et d’autre du défilé de Leizar
Atheka,
par le Groupement de Chasseurs du capitaine Moncey. Le chef de l’un
des avant-postes placé en pointe aperçut, à travers l’épais
brouillard, les colonnes ennemies qui progressaient dans sa
direction. Aussitôt, il en informa le capitaine Moncey qui donna
l’ordre à la compagnie franche de Bordeaux du capitaine Beudet, de
marcher pour soutenir l’avant-poste menacé. Lui-même forma son
bataillon en colonne d’attaque et fit battre la charge. Moncey, à
la tête des compagnies des chasseurs, fondit sur l’ennemi surpris
qui recula en désordre, et en renversa les éléments de tête.
Progressant sur l’axe du Grand Chemin d’Espagne en contrebas des
pics de Mendi
Belza,
il se heurta à un corps de troupe espagnol, disposant de six pièces
de canon, qui s’opposait à sa progression. Les chasseurs,
baïonnettes au canon, culbutèrent les fantassins espagnols qui
s’enfuirent, tuèrent les canonniers à leurs pièces, coupèrent
les jarrets des mulets et s’emparèrent des six pièces de canon
qui furent aussitôt mises hors service par enclouage. La réaction
des chasseurs de Moncey avait fait avorter la manœuvre ennemie. Le
succès des Français semblait assuré.
Mais,
lorsque le brouillard qui couvrait le champ de bataille se fut
dissipé, les Espagnols prenant conscience de la faiblesse numérique
des unités françaises, se remirent en formation et relancèrent
leur assaut. Moncey, attaqué de front par une force très
supérieure, tenta de manœuvrer. Ne voyant pas arriver du camp de
Château Pignon le secours qu’il en attendait, il dut abandonner
les canons et se replier sur la première ligne de défense,
installée à hauteur des éminences rocheuses d’Urdanasburu
(1233). Mais les volontaires du bataillon qui tenait cette ligne de
défense, effrayées par la violence de l’attaque espagnole et par
les obus qui éclataient sur leurs positions, connurent un début de
mouvement de panique. Au lieu d’assurer le recueil des chasseurs,
ils abandonnèrent leurs positions, à l’exception de la compagnie
de grenadiers. Lors du repli de ses chasseurs sur cette ligne de
défense, Moncey, n’y trouvant que cette seule compagnie de
grenadiers, lui ordonna de protéger par le feu le repli des
chasseurs qu’il rallia derrière elle. Cette manœuvre en retrait
réussit et les grenadiers vinrent occuper la droite de la position
sur laquelle les chasseurs s’étaient rétablis.
Faisant
avancer leurs canons, les Espagnols attaquèrent ces chasseurs et ces
grenadiers, qui arrêtèrent pendant plus de trois heures les assauts
ennemis sur cette première ligne de défense, malgré le feu nourri
qu’ils subissaient. Mais les unités du bataillon de flanc-garde,
placées à leur droite, attaquées à leur tour par les Espagnols
cédèrent le terrain presque sans résistance, laissant leur flanc
droit entièrement à découvert. Le capitaine Moncey fut alors
contraint d’ordonner un nouveau repli, sur la seconde ligne de
défense, qui s’appuyait sur la redoute construite dans les ruines
de Château Pignon, repli qui se déroula en bon ordre. Mais Moncey y
découvrit que cette ligne de défense n’était plus tenue que par
les éléments résiduels du 2ème bataillon des
Basses-Pyrénées du commandant Nogués, dont une partie du bataillon
avait commencé à abandonner le camp de Château Pignon et à se
replier. Cependant, le commandant Nogués et ses hommes ainsi que le
commandant du 8ème bataillon de la Gironde avec sa
compagnie de grenadiers qui était remonté de la vallée d’Arnéguy
pour le soutenir, s’y défendaient encore vigoureusement.
Moncey
se porta juste en arrière de Château Pignon, sur les flancs du mont
Hostatéguy où il rencontra le général La Genetière, commandant
la division, qui, accourant de Saint-Jean-Pied-de-Port, arrivait sur
le champ de bataille au moment où l’ennemi venait de prendre
l’avantage. Observant la situation depuis ce poste d’observation,
il ordonna au capitaine Moncey d’occuper les hauteurs en arrière
du camp, soit le pic d’Hostatéguy et le mont Itchachéguy,
pour couvrir la retraite des fuyards et assurer le repli des deux
pièces de canon de la redoute de Château Pignon. Le capitaine
Moncey commença à y déployer son groupement de Chasseurs en
bataille afin d’assurer cette mission de recueil des unités qui
avaient décroché. Mais, ayant fait avancer leurs canons, les
Espagnols donnèrent l’assaut de la redoute et du camp de Château
Pignon. Au même instant, la charge de deux escadrons à cheval du
régiment de la Reine vint fondre sur les chasseurs et triompha de
leur ténacité. Moncey et ses chasseurs durent amorcer un nouveau
repli. Cette charge de cavalerie espagnole parvint à cerner le
général La Genetière qui fut fait prisonnier.
Finalement,
les Français furent forcés de se replier sur
Saint-Jean-Pied-de-Port. Le capitaine Moncey prit le commandement des
unités en retraite. Couverts par le groupement de chasseurs, les
compagnies de grenadiers et les quelques compagnies plus aguerries
des bataillons de volontaires, les Français parvinrent à se retirer
en bon ordre. Les Espagnols, avec leur prudence habituelle, ne
cherchèrent pas à exploiter leur victoire. Ils s’arrêtèrent à
Château Pignon, sans poursuivre vers Saint-Jean-Pied-de-Port où la
consternation régnait.
Dans
les divers rapports8
qui s’en suivirent, cette journée du 6 juin 1793 fut considérée
comme une journée glorieuse, bien que marquée par la perte du camp
de Château Pignon. Les forces républicaines combattant de 9 heures
du matin à 5 heures du soir, s’étaient comportées avec la plus
grande valeur et elles n’avaient été vaincues que par le nombre
des forces espagnoles d’infanterie et de cavalerie ainsi que par
une artillerie formidable incluant des obusiers,
arme nouvelle à l’époque9.
Ces rapports soulignèrent le comportement valeureux du Groupement de
Chasseurs : Cantabres, de Bordeaux, de Toulouse, du Louvre et
autres, commandé par le capitaine Moncey10.
La 5ème demi-brigade d’infanterie légère
La
loi du 21 février 1793 avait décidé l’articulation des armées
républicaines en demi-brigades, par amalgame d’un bataillon
régulier et de deux bataillons de volontaires. L’exécution de
cette loi entraina progressivement la formation de 198 demi-brigades
de ligne11
et de 14 demi-brigades légères. Dès juin 1793, fut décidée la
création de la 5ème
demi-brigade d’infanterie légère dont le 5ème
bataillon de Chasseurs, ci-devant Cantabres, formerait le noyau. Le
23 juin 1793, le lieutenant-colonel
Willot,
nommé provisoirement au grade d’ « Adjudant-Général-Chef
de Brigade » par les Représentants du Peuple auprès l’A.P.O.,
fut désigné pour en prendre le commandement. Le 26 juin, il reçut
l’ordre de la mettre sur pied, en la constituant de trois
bataillons, chacun de neuf compagnies, dont une de carabiniers et
huit de chasseurs, et, à l’échelon de la demi-brigade, d’une
compagnie de grenadiers et d’une compagnie de canonniers. Le 1er
bataillon en fut le 5ème
bataillon de chasseurs, auquel fut amalgamée la 1ère
compagnie de chasseurs du Louvre, dont le commandement fut confié au
capitaine Moncey, promu chef de bataillon le 26 juin 1793. Les 2ème
et 3ème
bataillons furent formés par regroupement et dédoublement des
compagnies de chasseurs des bataillons de volontaires comme indiqué
ci-dessous :
- Le 2ème bataillon : des 3ème, 6ème et 7ème compagnies de chasseurs volontaires nationaux de la Haute-Garonne et des 1ère et 2ème compagnies du Gers, dédoublées pour former huit compagnies, et dont furent par ailleurs tirés les hommes destinés à former la compagnie de grenadiers et la compagnie de canonniers de la demi-brigade,
- Le 3ème bataillon : des 5ème, 8ème et 9ème compagnies de chasseurs volontaires nationaux de la Haute-Garonne, de la 1ère des Hautes-Pyrénées et de la 2ème du Bec d’Ambez.
La
date officielle de formation de la 5ème demi-brigade
d’infanterie légère fut le 1er juillet 1793. Aussitôt
formée, la 5ème demi-brigade d’infanterie légère fut
affectée à la division de droite de l’A.P.O., la 1ère
division commandée par le général de division Frégeville, dont
elle constitua l’avant-garde. Elle était déjà opérationnelle le
12 juillet 1793 dans le secteur de Saint-Pée.
Elle
participa immédiatement aux combats sur la frontière, dont
l’attaque des avant-postes du camp espagnol de Vera le 7 septembre,
qui vaut à plusieurs chasseurs du 2ème
bataillon d’être félicités pour leur belle conduite. Après
avoir rejeté les Espagnols sur la rive gauche de la Bidassoa, elle
s’établit en avant de Saint-Jean-de-Luz, où elle se trouvait au
cours des premiers mois de l’année 1794. Elle était alors
commandée par le lieutenant-colonel Castillon, lui également
ex-capitaine au bataillon de Chasseurs Cantabres. De février à
juillet 1794, les deux premiers bataillons de la demi-brigade
continuèrent d’appartenir à la 1ère
division, la division de droite, principalement dans le secteur de
Saint-Jean-de-Luz, tandis que le 3ème
bataillon constituait, ainsi qu’une compagnie franche de Basques,
l’infanterie légère de la 2ème
division, la division du centre engagée dans le secteur
d’Ainhoa-Saint-Pée. Ces bataillons avaient alors un effectif
d’environ 900 hommes et 35 officiers. Au cours de cette campagne,
les bataillons de la 5ème
demi-brigade s’illustrèrent particulièrement lors de la défense
du camp des Sans-Culottes, aux combats d’Urrugne et de la Montagne
Louis XIV. Quant aux Chasseurs ex-Cantabres, ils s’étaient rendus
si redoutables aux Espagnols que ceux-ci, ne pouvant les vaincre, les
injuriaient en les appelant les « Ours »
par allusion à la crinière de leurs casques. Plusieurs officiers du
bataillon12
firent l’objet de promotions rapide au cours de la guerre
franco-espagnole de 1793-1795 : Moncey, lieutenant en premier de
l’une des compagnies en 1789, devint commandant du bataillon, nommé
général de brigade le 29 avril 1794, il devint commandant de la
3ème division en juin 1794 avant d’être promu commandant-en-chef
de l’A.P.O. le 1er
septembre 1794, en remplacement du général Muller13 ;
Willot, capitaine de l’armée royale en 1787, affecté
lieutenant-colonel en 2ème
du 5ème
bataillon d’infanterie légère le 23 mars 1792, prit le
commandement du bataillon, puis de la demi-brigade en et de la 2ème
division en juin 1795 et fut promu général de division sur le champ
de bataille le 6 juillet 1795.
LES CHASSEURS BASQUES
Dès
la déclaration guerre, le 20 avril 1792, de L’Assemblée
législative au « roi de Bohème et de Hongrie », la
France fut envahie par les armées autrichiennes et prussiennes. La
Patrie, déclarée en danger le 11 juillet 1792 par la Convention
nationale14,
fut sauvée par la victoire de Valmy du 20 septembre 1792. Cependant,
la paix continuait officiellement à régner entre la France et
l’Espagne, car les deux nations restaient respectueuses des termes
du Pacte de Famille conclu le 15 août 1761 entre Louis XV et Charles
III.
Toutefois,
les habitants des pays de Cize et Baïgorry, se considéraient en
état de guerre avec les Espagnols depuis la signature, le 27 août
1785, malgré leurs protestations véhémentes, d’un accord de
compromis, le traité des Limites, ou « Traité
d’Elizondo »15,
définissant la frontière et fixant les droits de pacage. Aussi, dès
l’année 1791, la frontière franco-espagnole sur les Pyrénées
fut le théâtre de tensions. L’Espagne ayant pris des mesures de
mise sur pied de ses forces armées, des concentrations de troupes
espagnoles se produisirent à la frontière, sur les confins de la
Navarre et du Guipuzcoa, à la fin de l’été 1792. Face à cette
situation tendue, la municipalité de Saint-Jean-Pied-de-Port
proclama, le 2 septembre 1792, la mise en alerte de la garde
nationale16,
assujettie à deux séances d’instruction militaire hebdomadaires.
Le citoyen Joseph Matenotte, dit Lavictoire, en fut nommé le
lieutenant-colonel. D’origine lorraine, ancien soldat du régiment
royal de « Perche Infanterie », au sein duquel il avait
été en garnison dans la citadelle, il s’était marié à
Saint-Jean-Pied-de-Port où il exerçait la profession de maitre
tailleur, depuis qu’il avait obtenu son congé militaire fin
septembre 1777.
Les Compagnies Franches Basques
Pour
palier le manque d’éléments légers de reconnaissance et de
renseignement dans les armées, l’Assemblée législative décida
la création, par le décret du 27 avril 1792, de 6 légions à 2
bataillons de troupes légères, puis, par le décret du 28 mai 1792,
de 54 « compagnies franches » d’un effectif de 200
hommes, formées de volontaires qui devaient s’inscrire dans toutes
les municipalités des 83 départements. Au cours de l’été 1792,
réagissant spontanément aux rumeurs de déploiement de troupes
espagnoles dans les cols pyrénéens, les habitants des vallées de
Cize et de Baïgorry, prirent les armes et assurèrent la garde de
leur frontière. Ils s’organisèrent en quatre « compagnies »
recensées le 11 octobre, d’un effectif d’environ 150 hommes
équipés d’un armement disparate, qui assuraient des missions de
surveillance et de contrôle, dans lesquelles elles excellaient grâce
à leur connaissance du terrain, qui compensait leur manque
d’instruction militaire. Les compagnies ainsi levées élirent
leurs chefs, dont le jeune Jean Isidore Harispe, fils d’un
marchand-drapier de la cité de Baïgorry, âgé de 21 ans, qui fut
élu commandant de la « compagnie franche de Baïgorry »
qu’il avait recrutée dans la vallée éponyme.
Venus
à Saint-Jean-Pied-de-Port le 6 novembre 1792, « pour
préparer la défense nationale contre une éventuelle agression de
l’Espagne » et en inspecter la citadelle, les
Représentants du Peuple, Commissaires de la Convention Nationale,
Carnot, Lamarque et Garrau, officialisèrent la création de ces
quatre compagnies en qualité de « compagnies franches »
dont les chefs élus furent confirmés dans leurs fonctions,
respectivement : Iriart, Lassale, Berindoague et Harispe. Chaque
compagnie comprenait officiellement 3 officiers, 5 sous-officiers, 6
à 12 caporaux et 125 chasseurs recrutés sur place. L’existence de
quatre compagnies franches basques tenant les passages débouchant
dans les vallées de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Baïgorry est
confirmée à la date du 1er décembre 1792.
La
Convention Nationale prit, le 7 mars 1793, l’initiative de déclarer
la guerre à l’Espagne qui, en retour, la déclara à la France le
23 mars 1793. Entre temps, le nombre des compagnies franches basques
s’était accru pour atteindre un total de dix compagnies. En effet,
six compagnies franches supplémentaires, équipées et armées,
prêtes à être passées en revue dès le 20 février 1793, selon
l’ordre donné par le général Lacuée au commissaire ordonnateur
de la 11ème division militaire, furent officiellement
créées à la mi-mars 1793. Les courriers échangés en avril
montrent que de nombreux problèmes de recrutement, d’organisation
et de soldes de ces compagnies franches basques restaient à régler.
Lors
de la déclaration de guerre, neuf de ces compagnies étaient
engagées au sein de la division de Saint-Jean-Pied-de-Port dont huit
étaient stationnées sur le territoire de la commune de
Saint-Jean-Pied-de-Port. L’état de situation de l’Armée des
Pyrénées du 1er avril indique l’effectif total de
1 123 personnels pour ces huit compagnies. L’état de
situation de l’Armée des Pyrénées Occidentales du 1er
mai 1793, précise l’effectif de chacune de ces huit compagnies, de
150 à 154 hommes, soit 1254 au total à cette date, leur lieu de
stationnement : Saint-Jean-Pied-de-Port, ainsi que les noms des
commandants de chaque compagnie :
Compagnie
Harispe
|
Compagnie
Iriart17
|
Compagnie
Berindoague
|
|
Compagnie
Lassale18
|
Compagnie
Sainte-Marie19
|
Compagnie
Apestéguy
|
|
Compagnie
Arnautena
|
Compagnie
Harismendy
|
Les
9ème
et 10ème
compagnies, sans doute à cette date du 1er
mai stationnées ailleurs dans le secteur de la division, étaient
respectivement commandées par Joseph Matenotte, dit Lavictoire20
pour la compagnie parfois dénommée « compagnie d’Ossés »
et par Saint-Pée pour la compagnie dite de Saint-Palais.
Les Compagnies Franches Basques dans les premiers combats d’avril et mai 1793
A
cette date, la situation militaire était jugée grave sur la
frontière des Pyrénées occidentales. L’armée espagnole de
Guipuzcoa et Navarre, commandée par le Lieutenant Général Don
Ventura Caro, l’ancien négociateur du Traité des limites, était
forte de 18 000 hommes, avec une artillerie nombreuse. Lui faisait
face l’« Armée des Pyrénées Occidentales »,
(A.P.O.), créée le 1er mai 1793, aux ordres du général
Servan de Gerbey, qui commandait jusqu’alors l’armée des
Pyrénées, avec son Quartier Général successivement installé à
Bayonne, puis à Saint-Jean-de-Luz. Déployée dans le triangle
Hendaye, Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port, cette armée, comprenant à
sa création 8 000 hommes, en majorité des jeunes recrues,
formant 15 bataillons de volontaires et 18 compagnies franches, était
articulée en deux divisions.
La
division de gauche, qui tenait le secteur de Bidarray à Iraty, avec
son P.C. à Saint-Jean-Pied-de-Port, était commandée par le général
Lamoureux de la Genetière. Forte de six bataillons de volontaires et
d’une dizaine de compagnies franches, elle avait un dispositif
linéaire, très étalé, avec un seul bataillon en réserve dans la
citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, dispositif qui permettait de
surveiller la frontière, mais non de la défendre en cas d’une
réelle offensive espagnole. Huit des compagnies franches basques,
représentant le 1er avril un effectif total de 1 123
hommes, étaient déployées dans le secteur de
Saint-Jean-Pied-de-Port. L’état de situation de l’A.P.O. en date
du 1er mai 1793 précise que quatre de ces compagnies
franches appartenaient, avec un effectif total de 608 hommes, au
« Corps d’Observation des Aldudes », constitué autour
de six bataillons de volontaires, dont les 1er, 2ème
et 4ème bataillons de volontaires des Basses-Pyrénées,
campé dans la vallée éponyme.
Après
l’engagement des premières hostilités, le 23 avril 1793, sous la
forme d’une attaque impétueuse contre Hendaye, repoussée le jour
même, les Espagnols s’emparèrent, dans les derniers jours
d’avril, des villages d’Arnéguy et Ondarolle, qui furent repris
par une contre-attaque à la baïonnette conduite par Harispe. En
Mai, les Espagnols menèrent des actions de diversion et des coups de
main dans les cols frontière et dans les vallées adjacentes. Les
compagnies franches basques y connurent leurs premiers engagements où
elles se distinguèrent. Le 10 mai 1793, un coup de main français
mené par 200 hommes de ces compagnies franches appuyées par deux
pièces d’artillerie, en représailles de l’investissement par
les Espagnols de la fonderie de Banca, franchit la frontière au col
d’Orgambide et incendia la fonderie royale d’Orbaïceta.
Le
23 mai, une attaque française fut lancée pour repousser les
Espagnols installés à Ondarolle et Luzaide et les rejeter du Val
Carlos. Elle fut menée par le 4ème bataillon de
volontaires du Lot-et-Garonne, le 3ème des Landes et deux
compagnies des Basses-Pyrénées, appuyés par une descente de la
compagnie franche commandée par Harispe depuis les hauteurs de
Château Pignon en direction du Val Carlos par la montagne. Le
village d’Ondarolle fut enlevé, mais les Espagnols résistèrent à
Luzaide jusqu’à l’intervention d’un canon de 4 descendu à
bras par les ‘chasseurs’ basques depuis Château Pignon jusqu’à
un ressaut rocheux dominant Ondarolle. Finalement, les Espagnols
évacuèrent Luzaide.
Les Compagnies Franches Basques dans la bataille du 1er au 6 juin 1793
Reportant
son effort principal du secteur côtier au secteur intérieur, le
général don Ventura Caro prononça, à partir du 1er
juin, une attaque en force contre les positions françaises qui
tenaient le haut-plateau de Château Pignon (voir ci-dessus). Les
premières « affaires » qui s’y déroulèrent les 1er
juin et 2 juin, confirmant l’imminence d’une attaque en force
espagnole, le général Servan renforça fortement le dispositif
français du camp de Château Pignon. Il ramena de Baïgorry le 1er
bataillon de volontaires des Basses-Pyrénées auquel il confia la
garde de la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Au
cours de la matinée du 3 juin, alors qu’un brouillard épais
couvrait cette zone montagneuse, aucun mouvement ennemi ne fut
observé du côté de Château Pignon. Mais, dans l’après-midi du
3 juin, les Espagnols reprirent l’initiative en menant une action
de diversion dans la vallée des Aldudes en direction de Baïgorry,
avec pour objectif la fonderie de Banca. Débouchant du col de Lindus
au nombre de 4 à 5 000 hommes, ils attaquèrent le camp
d’Iramehaca
situé en partie Sud de la crête séparant la Nive des Aldudes du
ruisseau d’Hayra,
tenu par les volontaires du 4ème
bataillon des Basses-Pyrénées. Les troupes françaises assurèrent
une belle défense de leurs positions et, après trois à quatre
heures de combats, la nuit mit fin à l’attaque espagnole. A la
réception du compte-rendu du lieutenant-colonel Mauco21,
chargé avec son 4ème
bataillon des Basses-Pyrénées, de la défense de la zone de Banca
qui lui demandait du renfort, le général Delalain décida de
prélever 200 hommes du 3ème
bataillon de la Dordogne qui était à Ossés et de les porter sur
Baïgorry ainsi que le dépôt du 9ème
bataillon de la Gironde.
Le
4 juin à la pointe du jour, l’attaque recommença dans la vallée
des Aldudes, avec plus de force et d’agressivité que la veille.
Les éléments du 4ème bataillon des Basses-Pyrénées,
qui tenaient le camp d’Iramehaca, débordés par le nombre
et la vigueur de la poussée espagnole, furent contraints de se
replier, avec leur chef de bataillon, le lieutenant-colonel Mauco,
qui fut lui-même blessé à la tête au cours de l’action. Ils
furent recueillis à hauteur des rochers d’Arrola par la
compagnie franche basque de Baïgorry du capitaine Harispe,
solidement installée sur le mont Arolla, ou Errola (907 m.), au
dessus du village des Aldudes, dont le feu arrêta l’attaque
espagnole. Les Espagnols furent contraints au repli, mais certains de
leurs éléments, débordant la défense française, parvinrent à
forcer le poste qui gardait la Fonderie de Banca qu’ils
incendièrent.
Baïgorry
étant ainsi menacé, le 1er bataillon des
Basses-Pyrénées, qui gardait la citadelle de
Saint-Jean-Pied-de-Port, y fut envoyé en renfort en fin de matinée
du 4 juin, avec deux pièces de canon qui furent déployées sur les
hauteurs d’Anhaux. Dès son arrivée à Baïgorry, le chef de
bataillon Dujac contre-attaqua avec son bataillon et chassa avant la
nuit les Espagnols de toutes les positions qu’ils avaient
conquises. Au cours de l’action, un capitaine du bataillon fut tué
et quelques hommes furent tués et blessés. Les Français firent 35
prisonniers dont 6 officiers, et s’emparèrent de mulets et de
bagages. Simultanément, les Espagnols avaient mené une attaque de
diversion contre le poste du col d’Ispéguy tenu par une
moitié du 3ème bataillon de la Dordogne et deux
compagnies franches basques, mais l’attaque fut repoussée par le
lieutenant-colonel Verideau qui les commandait et l’ennemi forcé à
se replier.
La
journée du 5 juin se déroula dans le calme dans l’ensemble du
secteur. Les unités restèrent en alerte. Le 6 juin à la pointe du
jour, les forces espagnoles lancèrent leur attaque en force du camp
de Château Pignon (voir plus haut). Ainsi, les quatre compagnies
franches basques du « corps d’observation des Aldudes »
participèrent activement au succès français lors des combats de
juin 1793, menés dans cette vallée qui s’avance comme un doigt de
gant entre le Baztan et le Val Carlos espagnols, que l’ennemi, très
supérieur en nombre, cherchait à conquérir pour s’emparer de la
fonderie de Banca.
Les Compagnies Franches Basques dans les combats de l’été 1793
Les
compagnies franches basques continuèrent à se distinguer au cours
des combats de l’été 1793. Les 1 et 2 juillet 1793, le camp
établi par les Espagnols au col d’Ispéguy fut repris par de durs
combats menés par le 1er bataillon de volontaires des
B.P. et des compagnies franches basques, sans doute celles
appartenant au « corps d’observation des Aldudes ».
Le
6 août, les Espagnols furent chassés du village des Aldudes,
village aux mains des Espagnols qui avaient détruit et incendié la
Fonderie de Banca, dont les habitants avaient fait cause commune avec
l’ennemi. L’action principale, conduite par le général de
brigade Delalain accompagné du Représentant du peuple Féraud, à
la tête de détachements des bataillons de volontaires du camp
retranché de Saint-Jean-Pied-de-Port et de compagnies franches
basques, fut menée à partir de Baïgorry, par les attaques
simultanées de trois colonnes :
- Colonne de Gauche : 150 fusiliers du 2ème bataillon des Basses-Pyrénées, plusieurs compagnies de grenadiers et deux compagnies franches basques, dont celle d’Arnautena (et vraisemblablement celle d’Apestéguy),
- Colonne du Centre : 150 fusiliers du 1er bataillon des Basses-Pyrénées et la compagnie franche d’Harismendy,
- Colonne de Droite aux ordres du lieutenant-colonel Mauco : le 4ème bataillon des Basses-Pyrénées et la compagnie franche d’Harispe.
Le
camp des Aldudes fut détruit, vingt prisonniers, dont un prêtre, y
furent faits prisonniers au prix de quelques blessés légers. Le
camp espagnol et les redoutes de Berdaritz furent également
emportés.
Cette
action principale avait été accompagnée d’une action secondaire,
commandée directement par le général Dubouquet, combinant les
attaques simultanées de trois colonnes : 1) en direction
d’Arnéguy et Luzaide dans le Val Carlos, 2) en direction du
plateau d’Errobi et du col d’Orgambidé, 3) en direction de
Castel Pignon et de l’Alto Biscar, où l’ennemi avait réussi à
conserver ses retranchements. Le lendemain 7 août, le général
Dubouquet fit compte-rendu de ces attaques victorieuses auxquelles il
avait participé.
Le
16 août 1793, la compagnie franche d’Harispe et un détachement du
1er bataillon des Basses-Pyrénées tuèrent trois ennemis
et firent 13 prisonniers dans une contre-attaque qu’ils menèrent
en réaction à une nouvelle incursion ennemie contre la Fonderie de
Banca. Dans la nuit du 19 au 20 novembre, le citoyen Lavictoire, chef
des ‘Chasseurs d’Ossés’, menait avec succès une action de
surprise avec 200 de ses hommes, contre une grande garde ennemie à
proximité du château d’Amaiour, « situé à 8 lieues
d’Ossés » dit le compte-rendu.
Au
1er Septembre 1793, les dix compagnies franches basques
comptaient un effectif total de 1 803 hommes :
- Iriart : 182 ; Berindoague : 205 ; Sainte-Marie : 184 ;
- Lavictoire : 211 ; Harispe : 165 ; Apesteguy : 160 ;
- Arnautena : 170 ; Lassalle 184 ; Harismendy : 201 ;
- Compagnie de Saint-Palais : 141.
A
cette date du 1er
septembre 1793, neuf de ces compagnies franches basques appartenaient
au « Camp Retranché de Saint-Jean-Pied-de-Port », ce que
confirme l’état de situation de la division de
Saint-Jean-Pied-de-Port du 20 octobre 1793. Le 21 septembre, elles
reçurent l’ordre de se préparer à être passées en revue. Fin
novembre, ces neuf compagnies franches basques étaient cantonnées à
Saint-Jean-Pied-de-Port22,
Saint-Michel, Saint-Jean-le-Vieux, Arnéguy,
Saint-Etienne-de-Baïgorry23
et la Fonderie de Banca. Elles occupaient notamment les avant-postes
du dispositif défensif centré sur la citadelle de
Saint-Jean-Pied-de-Port mis en place par le général Dubouquet24.
La Formation des Bataillons de Chasseurs Basques
Le
20 décembre 1793, se tint une réunion des commandants des
compagnies franches basques sur convocation extraordinaire du
Représentant du Peuple Féraud, pour étudier son projet de
formation de bataillons à partir des compagnies franches basques,
dont l’effectif total est alors de 1 725 hommes :
- Les compagnies commandées par les citoyens Lavictoire et Sainte-Marie formeraient le noyau du 1er bataillon,
- Les compagnies de Baïgorry et de la Fonderie de Banca : Harispe, Arnautena, Apesteguy et Harismendy formeraient le 2ème bataillon,
- Les compagnies de Saint-Jean-Pied-de-Port : Lassale, Iriart et Berindoague formeraient le 3ème bataillon,
Les
effectifs en seraient complétés par la réquisition des districts
de Saint-Palais et d’Ustaritz, pour former trois bataillons
destinés à constituer ultérieurement une demi-brigade. Le P.V. de
cette réunion, portant la signature de tous les commandants de
compagnie, fut contresigné par le Représentant du Peuple Féraud,
le 30 Frimaire An 2 de la République unie et indivisible (20
décembre 1793). Ce P.V. fut approuvé par le général Muller
commandant l’A.P.O., « d’autant
qu’elles ne sont que l’exécution d’un décret qui veut que les
compagnies franches soient réunies en bataillons ».
Le 23 décembre, fut diffusé à Bayonne un Arrêté des
Représentants du Peuple, Garrau, Pinet aîné et Monestier, portant
organisation des 9 compagnies franches basques en 3 bataillons, qui
reprenait les termes du P.V. ci-dessus. Le général-en-Chef était
chargé de l’exécution du présent arrêt dans les plus courts
délais25.
Ainsi,
fin décembre 179326
et début janvier 1794, les neuf compagnies franches basques27
de la division de furent effectivement regroupées en trois
bataillons, respectivement commandés :
- Lavictoire, nommé adjudant-général chef de bataillon, nommé commandant du 1er bataillon, formé le 30 décembre 1793 ;
- Harispe nommé commandant du 2ème bataillon, formé le 3 janvier 1794, qui fut promu adjudant-général chef de bataillon le 15 avril 1794, grade dont le brevet lui fut remis à Baïgorry par le général de brigade Mauco, adjoint au commandant de la division de Saint-Jean-Pied-de-Port ;
- Lassalle, également promu adjudant-général chef de bataillon, nommé commandant du 3ème bataillon, formé dans les premiers jours de janvier ?
Chacun
de ces bataillons était articulé en neuf compagnies, soit huit
compagnies de chasseurs de 89 hommes et une compagnie de carabiniers
de 65 hommes. Chaque compagnie était encadrée par un capitaine, un
lieutenant et un sous-lieutenant. Le 12 juin 94, une compagnie de
chasseurs comprend : 1 capitaine, 1 lieutenant, 1
sous-lieutenant, 1 sergent-major, 3 sergents, 1 caporal fourrier, 6
caporaux, 6 anspessanes, 67 fusiliers et 2 tambours, soit 3 officiers
et 86 fusiliers. Le 4 janvier 1794, l’effectif total des neuf
compagnies basques faisant partie de la division de gauche, ou
division de Saint-Jean-Pied-de-Port, était de 1 945 hommes.
Enfin,
le 24 janvier 1794, un 4ème bataillon de chasseurs
basques fut créé à Tardets, aux ordres d’un certain Bordarrampé,
avec son recrutement en Soule. En effet, amendant les décisions
prises sous sa présidence le 24 décembre, le Représentant du
peuple Féraud décidait la création d’un bataillon à recrutement
exclusif dans la vallée de Mauléon sans qu’il soit nécessaire
d’y inclure la compagnie franche de la vallée de Barétous.
L’arrêté des Représentants du Peuple du 8 Février 1794, signé
du Représentant du Peuple Féraud décide la réunion de la
compagnie franche de la vallée de Barétous à deux compagnies de la
vallée d’Aspe pour former le noyau d’un bataillon, dès lors que
le bataillon de Mauléon était déjà à effectif complet, soit
1 070 hommes selon la loi du 2 frimaire (22 novembre 1793). Ce
bataillon fut, par la suite, essentiellement engagé en Haute-Soule,
mais aussi dans la vallée de Barétous.
Le
30 janvier 1794 (11 Pluviôse An 2) furent finalement établis les
P.V. de formation des quatre bataillons de Chasseurs Basques.
L’appellation de « Chasseurs
Basques »
fut
contemporaine de la fusion des compagnies franches basques en
bataillons. Leur première mention sous cette dénomination apparait
dans le tableau d’organisation de la division de gauche en date du
3 Février 1794, qui liste au titre de l’infanterie légère trois
« Bataillons
de Chasseurs Basques ».
Le 26 février, un document faisait référence aux « chefs
des bataillons de chasseurs basques ».
Les archives de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port confirment ce
changement d’appellation : son registre des
Naissances-Mariage-Décès mentionne, en 1793, des « compagnies
franches », puis, en 1794, des « bataillons de Chasseurs
Basques » : le bataillon Harispe y est mentionné en
février 1794, le 3ème
bataillon de Chasseurs Basques y est cité le 29 mars 1794.
Les Bataillons de Chasseurs Basques dans la reprise de l’offensive du printemps 1794
Le
secteur de Baïgorry était tenu en janvier 1794 par le 2ème
bataillon, commandé par Harispe auquel le général Muller,
commandant l’A.P.O., recommandait par lettre de « conserver
Arrola malgré les difficultés ».
Le 20 janvier, il s’empara des positions espagnoles qui
contrôlaient le col d’Harietta où il fit 47 prisonniers et
s’empara de 60 fusils. Le 3ème
bataillon, commandé par Lassalle, était déployé autour de
Saint-Jean-Pied-de-Port avec son P.C. à Saint-Michel. Le secteur de
Bidarray était tenu par le 1er
bataillon, commandé par Lavictoire, auquel le général Muller
écrivait le 13 février pour le mettre en garde contre une possible
attaque espagnole contre sa position et, le 18 février, pour
insister sur l’importance du secteur qu’il tenait et lui
recommander de conserver une posture défensive. Les activités
ennemies à Orisson, Eropil, Urculu et à proximité de Château
Pignon, dont rendit compte le général Delalain28
commandant la division de, Saint-Jean-Pied-de-Port, inquiétèrent le
général Muller, également soucieux de connaitre les effectifs
ennemis présents vers la fonderie royale d’Orbaiceta et la cité
d’Ochagavia. Le 1er
bataillon, commandé par Lavictoire connut alors un grave incident :
la désertion de quarante-sept chasseurs basques, dans la nuit du 19
au 20 février 1794, qui rejoignirent en Espagne, avec armes et
bagages, les rangs royalistes de la « Légion Royale des
Emigrés » du marquis de Saint-Simon, dont, selon un
renseignement, ils formèrent une compagnie implantée aux Aldudes.
Cet incident provoqua la sanction de déportation prise par les
Représentants en mission, Pinet et Cavaignac, contre quatre mille
« habitants
des communes infâmes de Sarre, d’Itsatsou, d’Ascain, des
communes suspectes d’Espelette, d’Ainhoa et Souraïde »,
ainsi que la condamnation à mort, par la Commission Extraordinaire
de Bayonne, le 11 mars, de quatre habitants d’Itxassou, dont
l’aubergiste Domingo Garat chez qui ils avaient diné la veille de
la désertion.
Au
printemps 1794, l’Armée des Pyrénées Occidentales entra
progressivement dans une campagne qui préparait la reprise générale
de l’offensive prévue pour l’été 1794. L’A.P.O. comptait
alors trois divisions opérationnelles29,
basées respectivement à Saint-Jean-de-Luz, Saint-Pée-sur-Nivelle
et Saint-Jean-Pied-de-Port.
La
division de gauche, celle de Saint-Jean-Pied-de-Port, comprenait, au
titre de l’infanterie légère, trois « Bataillons de
Chasseurs Basques », à l’effectif total de 2 512 hommes
le 3 février, porté à 2 648 en avril. Initialement implantés
à Bidarray, Baïgorry et sur les points clefs contrôlant la vallée
des Aldudes, ils conservèrent pendant toute l’offensive leurs
dépôts sur le territoire de la division de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Ce
fut alors que le général Mauco, qui avait pris le 25 avril le
commandement de la division de Saint-Jean-Pied-de-Port, lança la
phase préliminaire visant à conquérir la base de départ de la
future offensive, en s’emparant de la haute vallée de Baïgorry et
de la vallée des Aldudes. Le 14 avril 1794, Harispe, à la tête de
son bataillon, avait repris victorieusement le massif d’Arrola et,
le 26 avril, les forges de Banca. Joseph Matenotte, dit Lavictoire,
qui commandait le 1er bataillon de chasseurs basques,
avait été promu général de brigade par la Convention le 15 avril
1794 et nommé commandant de l’Avant-Garde de la division. Le
général Mauco décida de s’emparer des deux cols d’Ispéguy et
de Berdaritz, séparant la vallée de Baïgorry de celle du Baztan,
qui devaient constituer la ligne de débouché de l’offensive
générale de l’été 1794. Cette attaque fut menée par la
division de Saint-Jean-Pied-de-Port, les 3 et 4 juin 1794 :
- Le chef de brigade Lefranc s’empara du col d’Ispéguy, avec deux colonnes attaquant en tenaille par les hauts et un simulacre d’attaque de face par des tirailleurs ;
- Le général de Brigade Lavictoire qui attaquait le col de Berdaritz, ayant été dangereusement blessé dès le début de l’action, le chef de bataillon Harispe, qui marchait dans la colonne d’assaut à la tête de son 2ème bataillon de chasseurs basques, prit le commandement, poursuivit l’attaque du col, puis s’empara du village des Aldudes ;
- Une attaque de diversion dirigée contre l’Alto Biscar depuis les villages d’Arnéguy et de Saint-Michel.
Témoins
directs de la grave blessure du général Lavictoire et de l’assaut
victorieux conduit par « le jeune Harispe », alors
âgé de vingt-six ans, qui l’avait « remplacé dans son
commandement », les Représentants du Peuple, Pinet et
Cavaignac, l’élevèrent sur le champ, à l’intérieur même de
la première redoute (119) de Berdaritz, au grade supérieur en le
nommant adjudant-général-chef-de-brigade, afin de « le
mettre à même de rendre de plus grands services à la République ».
Tels furent les termes de leur rapport adressé à la Convention pour
lui demander son approbation. Celle-ci ratifia le 16 juin 1794 la
décision de promotion de Harispe.
Selon
le rapport établi par le général Mauco, commandant la division, le
7 juin 1794, en son QG de Nive-Franche (Saint-Jean-Pied-de-Port) :
« Le col d’Ispéguy, celui de Berdaritz et les Aldudes ont
été emportés de vive force au pas de charge à la baïonnette en
avant : 390 ennemis ont été faits prisonniers, parmi lesquels
22 officiers et 2 colonels. On leur a enlevé deux pièces de 8.
L’espagnol repoussé par la division de gauche s’est retiré en
désordre dans la vallée du Baztan après avoir perdu tout son
bagage ». Signé : Le général commandant la division
Mauco.
Ainsi,
la blessure mortelle30
au combat du général Joseph Matenotte, dit Lavictoire, le 3 juin
1794, lors de l’attaque du col de Berdaritz entraina la promotion,
sur le champ de bataille par les Représentants du Peuple, de
l’adjudant-général-chef-de-bataillon Harispe au grade
d’Adjudant-Général-Chef-de-Brigade et, simultanément, sa prise
de commandement sur le terrain de l’avant-garde de la division de
Saint-Jean-Pied-de-Port.
Consolidant
les résultats obtenus lors de la prise des Aldudes, la division de
Saint-Jean-Pied-de-Port procéda, le 10 juillet 1794, à l’attaque,
menée par trois colonnes aux ordres des Chefs de Brigade Lefranc,
Harispe et Philippon, du Camp des Emigrés, à Esnazu, à 2,5
kilomètres au Sud-Sud-ouest des Aldudes, dont elle s’empara :
ce fut l’« Affaire du 22 Messidor ». Le marquis de
Saint-Simon, ci-devant gouverneur de la citadelle de
Saint-Jean-Pied-de-Port, commandant la « Légion des Emigrés »
fut blessé, son cheval, son porte-habits et sa croix de St-Louis
furent pris, une centaine d’émigrés tués, 49 émigrés furent
faits prisonniers les armes à la main, un nombreux bétail fut pris
ainsi que de l’argent dont 6 000 livres en espèces ; les
unités françaises déplorèrent 3 tués et treize blessés.
La Demi-Brigade de Chasseurs Basques
Entre
temps, dix jours après la prise du col de Berdaritz, le 13 juin, une
nouvelle décision avait achevé la réalisation du projet, présenté
par le Représentant du peuple Féraud le 20 décembre 1793 : la
création de la « Demi-brigade de Chasseurs Basques »,
par regroupement des trois premiers des bataillons de Chasseurs
Basques, et la prise de commandement de cette brigade par le Chef de
Brigade Harispe. En effet, les mêmes Représentants du Peuple près
de l’Armée des Pyrénées Occidentales, Pinet aîné et Cavaignac,
signèrent un décret, en date du 13 juin 1794, portant :
- création de la « Demi-Brigade de Chasseurs Basques », par regroupement des 1er, 2ème et 3ème bataillons de chasseurs basques, dénommés bataillons de Harriet, de Harispe et de Lassalle, qui avaient été créés début janvier 1794, à partir des compagnies franches, officialisées pour les premières en novembre 1792, levées pour les suivantes en mars 1793,
- nomination au commandement de la demi-brigade de Chasseurs Basques, du citoyen Harispe, promu adjudant-général-chef-de-brigade, que le général-en-chef de l’armée fera reconnaitre en cette qualité.
Selon
les termes de la loi du 21 février 1793 qui avait décidé de leur
formation, les demi-brigades, amalgamaient normalement un bataillon
régulier et deux bataillons de volontaires. Chaque demi-brigade
comportait une compagnie de canonniers, et 3 bataillons d’infanterie
à 1 compagnie de carabiniers de 83 hommes et 8 compagnies de
chasseurs de 123 hommes. Le commandant de demi-brigade était assisté
d’un Poste de Commandement qui incluait sept officiers dont un
officier de santé, deux officiers adjoints, un adjudant major, un
quartier-maître trésorier et deux quartiers-maîtres adjoints.
Tel
avait bien été le cas de la 5ème demi-brigade
d’infanterie légère qui regroupait le 5ème bataillon
d’infanterie légère, ex-bataillon de Chasseurs Cantabres, et deux
bataillons de volontaires. Il en alla autrement de la demi-brigade de
Chasseurs Basques qui ne comportait aucun bataillon régulier, mais
uniquement trois bataillons de Chasseurs Basques. A sa création, le
13 juin 1794, la Demi-Brigade de Chasseurs Basques appartenait à la
division de gauche, la division de Saint-Jean-Pied-de-Port commandée
par le général Mauco.
Les DEMI-BRIGADES de CHASSEURS lors des OPERATIONS en ESPAGNE 1794-1795
Ainsi,
à la fin du printemps 1794, l’état des corps d’infanterie
légère de l’Armée des Pyrénées Occidentales fait apparaitre :
- la 5ème demi-brigade d’infanterie légère : Chef de Brigade : Castillon – Commandant le 1er bataillon, ex Chasseurs Cantabres : Chef de bataillon Durand ; le 2ème bataillon : Chef de bataillon Martres, le 3ème bataillon : Chef de bataillon Lavallée ;
- la 1ère demi-brigade de Chasseurs Basques : Chef de brigade : Harispe – Commandant le 1er bataillon: Chef de bataillon Martin Harrieta ; le 2ème bataillon : Chef de bataillon Arnautena ; le 3ème bataillon : Chef de bataillon Lassalle.
En
début d’été 1794, l’Armée des Pyrénées Occidentales,
commandée par le général Muller, à nouveau réorganisée et
atteignant un effectif de 66 000 hommes, était articulée en
quatre divisions opérationnelles. En effet, la division de
Saint-Jean-Pied-de-Port venait d’être dédoublée pour donner
naissance, d’une part à la 3ème division, dont le
général Moncey, nommé général de division, avait pris le
commandement le 9 juin 1794, d’autre part à une nouvelle division
de Saint-Jean-Pied-de-Port, la 4ème division, dont le
général Mauco conserva le commandement. La 5ème
demi-brigade d’infanterie légère continuait à appartenir à la
division de droite, la 1ère division commandée par le
général Frégeville. La demi-brigade de Chasseurs Basques, quittant
la division de Saint-Jean-Pied-de-Port, entra dans la composition de
la 3ème division du général Moncey, dont elle constitua
l’avant-garde. Ainsi le nom de Moncey fut-il également lié aux
Chasseurs Basques puisqu’après avoir commandé une compagnie de
Chasseurs Cantabres, puis un groupe de chasseurs incluant des
Chasseurs Cantabres à côté de chasseurs volontaires, enfin le 5ème
bataillon d’infanterie légère ci-devant Chasseurs Cantabres, il
eut sous ses ordres la demi-brigade de Chasseurs Basques quand il
prit le commandement de la 3ème division en juin 1794.
Pendant
toute la campagne la 5ème demi-brigade d’infanterie
légère, comme la demi-brigade de chasseurs basques, constituèrent
les noyaux des avant-gardes de leur division d’appartenance,
participant ainsi à tous les combats les plus rudes, changeant
parfois de subordination en fonction des impératifs tactiques.
Pendant toute cette offensive, le dépôt des Chasseurs Basques, avec
un effectif de 400 hommes environ, resta au sein de la 4ème
division sur le territoire de Saint-Jean-Pied-de-Port.
Quant
au 4ème Bataillon de Chasseurs Basques, placé sous les
ordres du chef de bataillon Bordarrampé, il était incorporé à la
mi-juin 1794 au « Commandement des Vallées » sous les
ordres du général Marbot. Le 14 août, le bataillon prononça avec
succès une attaque contre le village de Larrau et, le 15 juillet 94,
fit échouer une attaque espagnole contre le poste de St-Engrâce
tenu par trois compagnies de Chasseurs Basques.
L’Expédition du Bastan (23 juillet 1794)
Désormais,
l’Armée des Pyrénées Occidentales se consacra à la préparation
de la nouvelle phase d’offensive destinée à établir une tête de
pont en territoire espagnol en s’emparant de la province du
Guipuzcoa. L’offensive générale fut lancée le 24 juillet 1794,
par trois divisions en échelon d’attaque, avec la 5ème
demi-brigade au sein de l’avant-garde de la 2ème
division du général Laborde et la demi-brigade de chasseurs basques
au sein de l’avant-garde de la 3ème division du général
Moncey. Elle était couverte face à Roncevaux par la 4ème
division et flanc-gardée par le détachement des vallées qui
comprenait le 4ème bataillon de chasseurs basques. Elle
avait démarré le 23 juillet par l’attaque menée par la 3ème
division contre la ligne des cols séparant la vallée des Aldudes de
la vallée du Baztan. Le 25 juillet, le général Moncey rendait
compte au général Muller de la prise du col et du fort de Maya
ainsi que de la vallée du Bastan et de la ville d’Elissondo. Le
succès final de l’offensive fut concrétisé par la prise de
Saint-Sébastien le 5 août et de Tolosa le 9 août 1794.
Au
cours des opérations, la composition et l’articulation des
divisions d’attaque avaient connu plusieurs modifications
successives, en s’adaptant aux circonstances des combats. Ainsi, le
2 août, la 3ème division du général Moncey, renforcée
pour atteindre un effectif égal à celui des deux autres divisions
réunies, incluait dans son avant-garde la 5ème
demi-brigade d’infanterie légère en plus de la demi-brigade de
chasseurs basques. Puis, le 17 août 1794, à la fin de l’offensive,
comme début septembre, l’infanterie légère de la 1ère
division du général Frégeville comprenait les 2ème et
3ème bataillon de la 5ème demi-brigade ainsi
que le 1er bataillon de Chasseurs Basques, tandis que
celle de la 3ème Division du général Moncey comprenait
le 1er bataillon de la 5ème demi-brigade ainsi
que les 2ème et 3ème bataillons de Chasseurs
Basques. Entre temps, fin août, pendant quelques jours, ces trois
unités furent, en raison des circonstances, transférées de la 3ème
à la 2ème division.
Quant
à la division des vallées, devenue la 5ème division,
elle incluait le 4ème bataillon de Chasseurs Basques
déployé dans la vallée de Mauléon, qui fut souvent engagée pour
faire face à des incursions ennemies, par exemple le 6 septembre
1794, contre une attaque espagnole en vallée d’Aspe par 6 000
Espagnols commandés par le prince de Castelfranco, finalement
repoussée par une contre-attaque du 4ème bataillon de
Chasseurs Basques, qui, sous le commandement du Chef de Bataillon
Darrampé, fut à nouveau victorieux le 23 septembre 1794.
L’Opération Viscarret (16 octobre 1794)
Appelé
au commandement de l’A.P.O. le 1er
septembre 1794, en remplacement du général Muller qui prenait sa
retraite, le général Moncey, obéissant sans enthousiasme aux
Représentants du Peuple, prépara une seconde phase d’offensive
dont l’objectif était la prise de Pampelune. Ce fut l’« Opération
Viscarret » qui visait à s’emparer de la Navarre à partir
de la Biscaye récemment conquise, par une action convergente des
2ème
division du général Delaborde, 4ème
division du général Mauco et 5ème
division du général Marbot, qu’il lança le 16 octobre 1794 de
son QG déplacé à à Nive-Franche (Saint-Jean-Pied-de-Port). La
demi-brigade de Chasseurs Basques commandée par Harispe s’illustra
à nouveau durant cette offensive, au cours de laquelle elle formait
avec les grenadiers du 80ème
régiment d’infanterie commandés par La Tour d’Auvergne31,
le futur « Premier
Grenadier de la République »,
l’avant-garde de la 2ème
division du général Delaborde. Bousculant tout devant elle, avança
sans s’arrêter de jour comme de nuit « à
un train d’enfer »,
ce qui lui mérita le surnom de « colonne
infernale »,
elle s’engages dans la vallée du Baztan et s’empara du col de
Velate, puis des villages d’Eugui, de Lanz et de Viscarret, sans
cependant parvenir à déboucher vers Pampelune. Au cours de cette
offensive, le 4ème
bataillon de chasseurs basques, qui constituait l’avant-garde de la
5ème
division, attaqua depuis la Haute Soule par le col de Larrau en
direction d’Ochagavia dont il s’empara. Cette attaque fut
accompagnée d’actions offensives limitées des 1ère
et 3ème
divisions de part et d’autre de Tolosa, afin d’y fixer les forces
espagnoles. Mais l’opération échoua par manque de coordination
entre les deux divisions d’aile qui échouèrent à refermer la
nasse. Elle avait cependant réussi à s’emparer de l’ensemble
des cols de Cize, dont celui de Roncevaux, et des fonderies
d’Orbaïceta et d’Eugui. Les Espagnols parvinrent à retraiter
par la vallée du rio Iraty et à se réorganiser devant Pampelune.
A
la fin de cette offensive, fin octobre 1794 et jusqu’à la
mi-novembre, la 1ère Division, du général Frégeville,
comprenait les 2ème et 3ème bataillons de la
5ème demi-brigade et le 1er bataillon de la
demi-brigade basque. La 3ème division, dite de
« l’Avant-Garde » de l’armée, du général
Delaborde, comprenait le 2ème bataillon de la
demi-brigade basque et le 1er bataillon de la 5ème
demi-brigade. La 4ème division du général Mauco
comprenait le 3ème bataillon de la demi-brigade basque.
La 5ème division comprenait le 4ème bataillon
de chasseurs basques. Le 20 novembre, la 2ème division du
général Marbot reçut en renfort le 1er bataillon de la
5ème demi-brigade provenant de la 3ème
division.
La Prise des Quartiers d’Hiver 1794-1795
Début
novembre 1794, le général en chef Moncey, dont le QG était à
Viscarret le 17 novembre, décida de procéder à un mouvement
rétrograde sur de meilleures positions pour hiverner. Les bataillons
de chasseurs basques furent regroupés dans la région de Burguete,
Zubiri sous les ordres du Chef de Brigade Harispe. Puis, de décembre
1794 à juin 1795, la demi-brigade de Chasseurs Basques fut à
nouveau cantonnée dans les vallées de Saint-Jean-Pied-de-Port et de
Baïgorry, et rattachée à la 4ème
division, celle de Saint-Jean-Pied-de-Port, commandée par le général
Mauco32.
La 5ème
demi-brigade d’infanterie légère se replia avec la 3ème
division, puis son 2ème
bataillon fut transféré à la 2ème
division.
En
décembre 1794, l’A.P.O. fut réorganisée et réarticulée en 6
divisions, afin de préparer l’offensive finale sur Pampelune
prévue en début d’été 1795 : 1ère et 2ème
divisions de droite, 3ème division dite de l’avant-garde,
4ème division du centre, 5ème division de
gauche et 6ème division des Vallées. La totalité des
bataillons de l’APO étaient, à la mi-avril 1795, regroupés en
demi-brigades, à l’exception du 4ème Bataillon de
Chasseurs Basques qui restait non embrigadé.
En
décembre 1794, l’ensemble de la 5ème division,
commandée par le général Mauco, à laquelle appartenait la
demi-brigade de chasseurs basques aux ordres d’Harispe, fut
regroupée autour de Saint-Jean-Pied-de-Port et dans la vallée de
Baïgorry. Le 26 janvier 1795, Harispe reçut l’ordre de passer la
revue de sa brigade qui, à nouveau, tenait les postes clefs
d’Arrola, Ispéguy et Berdaritz. A la mi-février, les 1ère
division, 2ème division et 4ème division de
l’A.P.O. comprenaient chacune un bataillon de la 5ème
demi-brigade d’infanterie légère, respectivement les 3ème,
2ème et 1er.
A
la mi-mars 1795, une nouvelle réorganisation de l’A.P.O. a été
menée, préalablement à l’offensive finale vers Pampelune :
La 2ème division, commandée par le général Frégeville,
avec son PC à Tolosa, comprenait alors les trois bataillons
d’infanterie légère de la 5ème demi-brigade déployés
en avant-postes, avec leur dépôt implanté à Renteria. La 5ème
division, commandée par le général Mauco, dont le PC à implanté
à Saint-Jean-Pied-de-Port, comprenait la demi-brigade de chasseurs
basques, à trois bataillons, commandée par le Chef de brigade
Harispe : le 1er bataillon à Urdos, le 2ème
bataillon à Berdaritz et le 3ème bataillon à Baïgorry.
La 6ème division dite des Vallées, commandée par le
général de brigade Robert, avec son PC à Pau, comprenait le 4ème
bataillon de chasseurs basques, déployé dans la vallée de Mauléon.
L’Offensive finale sur Pampelune
Après
l’achèvement des longs préparatifs préalables à la reprise de
l’offensive, l’Armée des Pyrénées Occidentales, dont les
effectifs s’élevaient à 76 574 hommes, disposait de tous les
moyens, en génie et en artillerie, nécessaires à l’exécution du
plan de manœuvre du général-en-chef conduisant au siège de
Pampelune. Moncey, qui avait implanté son QG à Saint-Jean-de-Luz,
pouvait annoncer au Comité de Salut Public qu’il allait ouvrir la
campagne.
L’A.P.O.
engageait cinq divisions en premier échelon. Sans changement, la
2ème division, avec son PC à Tolosa, comprenait les
trois bataillons de la 5ème demi-brigade d’infanterie
légère. Mais elle incluait, en outre, la demi-brigade de Chasseurs
Basques avec ses trois bataillons, commandée par le Chef de brigade
Harispe, qui avait été transférée de la 5ème à la
2ème division. Quant au 4ème bataillon de
chasseurs basques, dont le dépôt était resté dans le secteur de
Mauléon, il avait rejoint, début mai, à l’extrémité droite du
dispositif, la 1ère division, maintenant aux ordres du
général Marbot, le précédent commandant de la 6ème
division, dite des Vallées.
L’effort
initial fut prononcé le 10 juin 795, par les deux divisions de
droite. L’« Opération Irurzun », visait à séparer
les forces espagnoles qui couvraient Pampelune, de celles qui
défendaient Vitoria et Bilbao, en s’emparant du nœud routier
d’Irurtzun. Le Général Willot placé à la tête de la 2ème
division, préalablement renforcée, fut chargé de cette action
qu’il mena par une attaque convergente de quatre colonnes. La 5ème
demi-brigade marcha en tête de la première colonne et la
demi-brigade de chasseurs basques en tête de la troisième colonne.
Le
mouvement général de l’A.P.O. débuta le 28 juin avec le
lancement de la deuxième phase. Les divisions de droite
poursuivirent leur attaque contre Irurtzun, qui fut finalement
emportée le 6 juillet par Willot, promu général de division sur le
champ de bataille. Exploitant le repli de l’armée espagnole et la
défection d’une partie de ses unités, Moncey qui voulait finir de
pacifier tant l’Alava que la Biscaye, lança une attaque contre
Vitoria au moment où tombait Bilbao. Le 2 juillet, la droite de
l’A.P.O. bordait le cours de l’Ebre. La Convention témoigna sa
satisfaction au général-en-chef et déclara que « l’APO
ne cessait de bien mériter de la Patrie ».
Pour
la dernière phase, l’attaque finale contre Pampelune, la
demi-brigade de chasseurs basques fut réaffectée à la 5ème
division du général Mauco. Destinée à attaquer depuis
Saint-Jean-Pied-de-Port en direction de Pampelune par le Grand Chemin
d’Espagne par Orisson, la division était massée en avant de
Saint-Jean-Pied-de-Port sur la route de Roncevaux et en avant de
Baïgorry dans la vallée des Aldudes. Dès le 2 juillet 1795,
l’avant-garde de la division, commandée par le chef de brigade
Harispe s’était portée en avant. Rapidement, les Représentants
du Peuple rendirent compte du succès de l’attaque. Ce ne fut
cependant que le 23 juillet que le rapport de la 5ème
division indiquait que, selon les reconnaissances, l’ennemi aurait
quitté Eugui et se serait replié sur Pampelune. Aussi, le 27
juillet, le Représentant du Peuple Meillan insista-t-il auprès du
général Moncey sur l’importance de la prise de Pampelune pour
faciliter les négociations franco-espagnoles de paix en cours. Le 28
juillet, les combats se déroulaient dans les faubourgs de Pampelune.
Le
général Moncey fit effectuer des démonstrations de franchissement
de l’Ebre à Miranda, mais il se préparait à franchir le fleuve
vers Puenta-la-Reina et à couvrir ainsi le siège de Pampelune qu’il
avait décidé d’entreprendre dès le franchissement réalisé. Les
choses en étaient là lorsque, le 5 août à 4 heures du soir arriva
la dépêche, datée du 30 juillet, qui annonçait la signature à
Bâle le 22 juillet de la paix avec l’Espagne mettant fin aux
hostilités et qui ordonnait à l’armée de suspendre toute action
de guerre.
La Fin de le Guerre
La
nouvelle interrompit la marche victorieuse sur la Navarre de la 5ème
demi-brigade d’infanterie légère et de la demi-brigade de
chasseurs basques, ainsi que du 4ème bataillon de
chasseurs basques, engagés en avant-gardes de l’Armée des
Pyrénées Occidentales.
Les
opérations arrêtées, l’A.P.O. évacua rapidement les provinces
espagnoles conquises. Dès le 10 août 1795, deux bataillons de la
demi-brigade de chasseurs basques prirent la route de Bayonne. Le 14
août, les troupes se mirent en marche pour rentrer en France, mais
déjà de nombreux volontaires quittaient l’armée sans que l’on
puisse les retenir. Le 17 août, ordre fut donné au 4ème
bataillon de chasseurs basques de quitter la 1ère
division et de regagner Mauléon. Le mouvement des troupes vers la
frontière et l’évacuation de l’Espagne se poursuivirent en août
et septembre 1795.
Le
traité d’alliance conclu entre le Directoire et le gouvernement
espagnol le 14 septembre 1796, le traité de Saint-Ildefonse,
assurait la paix à la frontière. Dès le 13 août, le Comité de
Salut Public avait décidé de ne laisser sur la frontière que deux
corps d’observation, chacun à 2 divisions qui occuperaient les
places fortes des départements frontaliers. Le 24 août, Moncey
reçut l’ordre de transférer toutes les autres divisions à
l’Armée de l’Ouest. Les difficultés surgirent rapidement pour
désigner les corps et former les divisions qui devaient rejoindre la
Vendée. Immédiatement, Moncey écrivit une lettre au Comité de
Salut Public pour demander que les bataillons de Chasseurs Basques ne
soient pas transférés à l’Armée de l’Ouest.
La
demi-brigade de Chasseurs Basques et le 4ème bataillon de
Chasseurs Basques furent prévus pour entrer dans la composition de
la nouvelle Armée des Pyrénées Occidentales, tandis que la 5ème
demi-brigade d’infanterie légère faisait partie de la 2ème
division commandée par le général Willot, destinée à l’Armée
de l’Ouest. Ces deux demi-brigades reçurent leur ordre de
mouvement définitif le 30 août. Le 3ème bataillon de la
5ème demi-brigade, le dernier à faire mouvement quitta
Pasajes le 4 septembre. La 5ème demi-brigade d’infanterie
légère démarra son mouvement en direction de Niort le 17
septembre. Les autres troupes partirent pour la Vendée mais elles
furent décimées par les désertions et la maladie. La ville de
Saint-Sébastien ne fut remise aux Espagnols que le 24 septembre.
A
partir du 27 août 1795, la 5ème division, placée aux
ordres du général Mauco, se déploya autour de
Saint-Jean-Pied-de-Port où s’installa son PC. Elle devait
comprendre 6 bataillons d’infanterie et la demi-brigade de
chasseurs basques à trois bataillons :
- le 1er à Saint-Laurent (Ispoure) à l’effectif de 960,
- le 2ème à Baïgorry, à l’effectif de 693,
- le 3ème à Saint-Jean-Pied-de-Port, à l’effectif de 700
L’effectif
total de la division est de 7 608, dont 5 185 présents
sous les armes. Les deux derniers bataillons de chasseurs basques
parvinrent à Saint-Jean-Pied-de-Port le 6 septembre. La division y
était entièrement déployée le 10 septembre.
Le
général Moncey reçut l’ordre de se mettre à la tête de l’armée
de Vendée, mais il refusa ce commandement de l’Armée de l’Ouest.
Il fut nommé commandant de la 11e division militaire qui
venait d’être créé à Bayonne le 28 août. Bientôt il y fut
rejoint par le Chef de Brigade Harispe qui prit auprès de lui la
fonction de chef d’état-major.
La Dissolution de l’Armée des Pyrénées Occidentales
L’Arrêté
du Comité de Salut Public décidant la dissolution des deux armées
des Pyrénées Occidentales et des Pyrénées Orientales fut diffusé
le 16 septembre 1795. L’Armée des Pyrénées Occidentales fut
officiellement dissoute à cette date. L’état de situation de
l’A.P.O en date du 23 septembre 1795 donne la composition des trois
divisions destinées à rejoindre l’Armée de l’Ouest. La 1ère
division s’était mise en marche le 11 septembre 1795 pour Niort,
les 2ème et 3ème divisions s’apprêtaient à
la suivre :
- La 1ère division, commandée par le général de brigade Dessein, comprenait cinq demi-brigades d’infanterie à 3 bataillons, soit quinze bataillons d’infanterie, pour un effectif totalde 8 113 hommes présents sous les armes ;
- La 2ème division, commandée par le général de brigade Willot, comprenait la 5ème demi-brigade d’infanterie légère à 3 bataillons, à l’effectif de 3 512 hommes et quatre demi-brigades d’infanterie à 3 bataillons, soit douze bataillons d’infanterie, pour un effectif total de 7 616 hommes présent sous les armes ;
- La 3ème Division, commandée par le général de brigade Deroque, comprenait trois demi-brigades d’infanterie à 3 bataillons et un bataillon isolé, soit dix bataillons, pour un effectif total de 5 015 hommes présents sous les armes.
L’état
de situation du 23 septembre donne également la composition des
quatre divisions qui restaient « dans cette armée » sur
la frontière des Pyrénées :
- La 4ème division, dite de Saint-Pée, commandée par le général de brigade Castelverd, comprenait une brigade d’infanterie à 3 bataillons, et la 22ème demi-brigade d’infanterie légère à 3 bataillons, soit un effectif total de 5 821 hommes, dont 1 982 présents sous les armes ;
- La 5ème division dite de Saint-Jean-Pied-de-Port, commandée par le général de brigade Mauco, comprenait la demi-brigade de Chasseurs Basques, à trois bataillons:
- Le 1er bataillon de Chasseurs Basques déployé à Saint-Laurent (Ispoure) (Eff. : 960)
- Le 2ème bataillon de Chasseurs Basques déployé à Baïgorry (Eff. : 693)
- le 3ème bataillon de Chasseurs Basques déployé à Saint-Jean-Pied-de-Port (Eff. : 700)
soit
un effectif total de 2 455 hommes, dont 2 057 présents
sous les armes ;
- La 6ème division dite des Vallées, commandée par le général de brigade Sahuquet, dont le PC était à Pau, comprenait le 4ème bataillon de Chasseurs Basques implanté à Mauléon et la demi-brigade de Chasseurs de la Neste à 3 bataillons, soit un effectif total de 3 325 hommes, dont 2 013 présents sous les armes.
- La 7ème division, dite des Côtes de l’océan, commandée par le général de brigade Desnoyers, avec son PC à Bordeaux, comprenait un bataillon d’infanterie, soit un effectif total de 860 hommes, dont 270 présents sous les armes.
Le
28 septembre, le QG de l’A.P.O. fut transféré à Bayonne. Elle
était à cette date commandée provisoirement par le général
Castelverd, en l’absence du général Moncey appelé à Niort en
vue de ses futures fonctions à l’Armée de l’Ouest. Finalement,
le 9 octobre, le Comité de Salut Public nomma le général de
division Moncey commandant la 11ème division militaire.
Le 10 octobre, était diffusé l’Arrêté du Comité de Salut
Public portant dissolution des deux états-majors de l’Armée des
Pyrénées Occidentales et de l’Armée des Pyrénées Orientales,
et le 12 octobre 1795, l’Arrêté du Comité de Salut Public
portant dissolution de l’Armée des Pyrénées Occidentales.
EPILOGUE
Chasseurs
Cantabres comme Chasseurs Basques avaient apporté une contribution
décisive à la victoire de l’Armée des Pyrénées Occidentales,
depuis sa création le 1er mai 1793 jusqu’à sa
dissolution finale le 15 octobre 1795. Les uns et les autres,
constituant les avant-gardes des divisions opérationnelles de cette
armée, avaient participé, en se couvrant de gloire, à toutes les
batailles décisives durant la campagne contre l’Espagne sur les
Pyrénées.
En
réaction à la lecture du traité de Bâle et des ordres qu’il
venait de recevoir de transférer des troupes à l’Armée de
l’Ouest, le général Moncey signait, le 26 août 1795, en son
Quartier Général de Saint-Jean-de-Luz, une lettre adressée au
général Servan33,
qui assurait une fonction d’inspecteur, dans laquelle il exprimait
sa grande fatigue et demandait le commandement de la division de
Bayonne. De manière très lucide, il écrivait :
« Dans
les divisions restant, il n’est compris qu’une demi-brigade
d’infanterie légère. Nous avons cependant 4 bataillons basques, …
, bataillons que le diable n’arrachera pas de ses montagnes. La
5ème demi-brigade d’infanterie légère,
ci-devant Cantabres, est désorganisée et n’a point de chef.
Les
Chasseurs Basques sont à Bayonne. J’ai été forcé depuis la
paix, sur les plaintes du général espagnol, de les retirer des
avant-postes. Une partie, près de leurs foyers désertent leurs
postes pour s’y rendre. Le Représentant du Peuple m’annonçant
leur désertion m’observe que je ne devrais pas les laisser
inactifs près de chez eux ».
En
effet, les bataillons de Chasseurs Cantabres comme les bataillons de
Chasseurs Basques étaient sortis exténués, voire exsangues, de
cette campagne victorieuse.
La
5ème demi-brigade d’infanterie légère qui avait
rejoint l’Armée de l’Ouest fut bientôt dissoute. La
réorganisation des demi-brigades, dites de deuxième formation, fut
décidée par arrêté du Directoire exécutif du 8 février 1796 qui
réduisit le nombre des demi-brigades d’infanterie de ligne à 100
- puis porté à 110 par un amendement du 18 février 1796 - et des
demi-brigades d’infanterie légère à 30. Ainsi, une nouvelle 5ème
demi-brigade d’infanterie légère fut formée le 20 février 1796
qui rejoignit l’armée d’Italie.
La
demi-brigade de Chasseurs Basques ne survécut que peu de temps. Dès
le retour à la paix, elle fut minée par les désertions. La 11ème
division militaire avait conservé les 4 bataillons de chasseurs
basques, dont l’ensemble était commandé par le Chef de Brigade
Harispe, ses bataillons respectivement par Harriet, Lasalle, Iriart
et Bordarrampé. Les trois premiers, regroupés initialement à
Saint-Jean-Pied-de-Port, furent répartis en janvier 1796 entre
Saint-Jean-de-Luz, Saint-Jean-Pied-de-Port et Navarrenx, le 4ème
restant à Mauléon, puis à Tardets. Les difficultés furent
confirmées par « l’appel du général Moncey commandant
en chef de la 11ème division militaire, aux
Basques de la 1ère réquisition et à ceux
qui ont abandonné leurs drapeaux » lancé le 16 mars 1796.
Avec
la paix, le recrutement devenant difficile, le 4ème
bataillon de Chasseurs Basques, initialement stationné à Tardets,
fut incorporé dans la demi-Brigade de Chasseurs Basques le 20
juillet 1798. Puis, le 7 août 1798, les quatre bataillons de
chasseurs basques furent réduits à un seul bataillon, déplacé sur
Blaye en septembre 1798. En novembre 1798, Harispe parvint à
reconstituer un second bataillon avec les conscrits basques de
l’année. Fin 1800, les deux bataillons rejoignirent l’armée des
Grisons en gardant leur dénomination de « Chasseurs Basques »
et ils intervinrent dans la Valteline. A l’armistice, le 1er
bataillon fut incorporé à la 15ème demi-brigade légère
le 21 mai 1801 et le 2ème bataillon à la 17ème
demi-brigade légère. Ainsi, les chasseurs basques qui s’étaient
illustrés durant la campagne de 1793-1795 sur les Pyrénées furent
définitivement dissous le 21 mai 1801. Telle fut la fin de l’épopée
des Chasseurs Basques qui s’étaient illustrés pendant huit
années, de 1793 à 1801. Quant au Chef de Brigade Harispe, il fut
mis en congé le 23 mai 1801 et il regagna Saint-Etienne-de-Baïgorry
à l’âge de 33 ans. Il fut rappelé à l’activité un an plus
tard.
Quant
au général Moncey, il fut relevé de ses fonctions de commandant de
la 11ème division militaire, à la suite d’une
dénonciation comme royaliste. Il fut réformé le 26 octobre 1797.
Les officiers de la demi-brigade de Chasseurs Basques adressèrent
une lettre au général Mauco pour regretter son départ. Ayant
lui-même demandé au Directoire de reprendre du service, Moncey fut
remis en activité pour reprendre, le 20 septembre 1799, le
commandement de la 11ème division militaire, dont le QG
fut transféré à Bordeaux en avril 1800.
* *
BIBLIOGRAPHIE
Résumé
historique des campagnes de 1793, 1794 et 1795 dans les Pyrénées
orientales (tome 1) et occidentales (tome 2) par C.L.M.
Poinçot, chef d’escadron au corps d’état-major, sous la
direction de M. le lieutenant-général Pelet : Bibliothèque du
SHD GR 1 M 484-1 et 484-2.
La
Citadelle et la Place de Saint-Jean-Pied-de-Port de la
Renaissance à l’Epoque Contemporaine par le général de division
(2s) Gérard Folio, Cahier du C.E.H.D. n° 25, Paris 2005.
Histoire
de l’ancienne Infanterie Française (tome 1, 7 & 8/8), Par
Louis Susane, Chef d’Escadron d’Artillerie : Paris,
Librairie militaire de J. Corréard 1849 à 1853 : Bibliothèque
du SHD A2g 18.
Les
soldats de l’An II en Pays Basque (Bayonne 1988) par le général
Jean Ansoborlo.
Histoire
militaire de Bayonne 1789-1940 (Bayonne 1995) par le général
Jean Ansoborlo.
Le
Maréchal Comte Harispe - Portes Ouvertes sur les archives du
Maréchal au château de Lacarre – 1ère
période : 1793-1795, par le général Jean Ansoborlo,
Bulletin SSLA de Bayonne n° 146 (année 1990), pages 331-382.
Ordonnance
du Roy, au sujet du régiment Royal Cantabres, du premier Août
1749 : Bibliothèque du SHD A1d 33.
Trois
Anciens des Chasseurs Cantabres, Montréal, Moncey, Schilt, par
le général Louis Baratchart, Bulletin SSLA de Bayonne n° 155
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Les
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officiers de tous grades en date du 23 mai 1793 : Ref. :
Bibliothèque du SHD Terre A2g 31 (Tomes 1 à 5) - Tome III :
Les Bataillons d’Infanterie Légère de la République.
Contrôle
de la Demi-Brigade de Chasseurs Basques en date du 21 Pluviôse
An 8 (10 février 1800) : Archives S.H.D. du Château de
Vincennes - Contrôle des Troupes - Document 16 Y C 428.
Historique
de la 5ème Demi-Brigade d’Infanterie
Légère (Ref. : Historique de 80ème Régiment
d’Infanterie, 2ème partie : « 5ème
Demi-Brigade d’Infanterie légère par le lieutenant Dein (1er
juillet 1793-6 octobre 1796) » Bibliothèque du SHD 4 M 72.
Historique
des Chasseurs Cantabres : Archives du SHD Terre GR 4 M 72.
Organisation
de l’APO de 1793 à 1795 : Archives du SHD Terre GR XP 11.
Correspondances
de l’APO (juin 1793 à octobre 1795) : Archives du SHD
Terre GR B4 5 à 24.
Lettres
de l’EM de l’APO en 1792-93 : Archives du SHD Terre GR
B4 29, 31, 33, 35, 37.
Livre
d’ordres de l’APO de 1793 à 1795 : Archives du SHD
Terre GR B4 40, 41, 46, 47, 48, 116, 150, 151, 152, 153, 154.
Registre
d’ordres de l’APO : Archives du SHD Terre GR B4 69, 70.
Rapports
Militaires de l’APO en 1794 : Archives du SHD Terre GR B4
71, 76, 77, 79.
Cahier
de correspondances de l’APO : Archives du SHD Terre GR
B4 113.
Situation
de l’APO de 1793 à 1795 : Archives du SHD Terre GR B4 166
à 179.
1
Capitaine de l’armée royale en garnison à
Saint-Jean-Pied-de-Port en 1789, il fut nommé commandant de l’Armée
des Pyrénées Occidentales en 1794, puis maréchal d’Empire en
1804.
2
Cette politique réformatrice fut malencontreusement accompagnée
d’une réaction aristocratique consacrée par les décrets Ségur
de 1781 qui exigèrent quatre quartiers de noblesse pour devenir
officier dans l’armée royale.
3
Soldat armé d’une carabine, arme à canon rayé, arme nouvelle à
cette époque, dotée d’une meilleure précision.
4
Le comte Jean de Montréal (1743-1807), issu d’une famille féodale
implantée à Beyrie (64), mais originaire de la merindad de
Sanguesa en Navarre, fut ultérieurement nommé maréchal de camp.
6
Compte-Rendu du 1er
juin 1793 : « Au camp sous Castel Pignon, signé :
Noguez, le 1er
juin, An 2 de la République ».
7
Il s’agit, selon toute vraisemblance, non de brouillard, mais de
nuages d’altitude qui, accrochés aux sommets, couvrent
fréquemment en cette période de l’année la zone des cols,
interdisent toute visibilité et provoquent parfois des accidents de
marcheurs et de pèlerins.
8
Compte-rendu en date du 6 juin du général de brigade Delalain,
rapport du général Servan en date du 18 juin, compte-rendu du
Représentant du Peuple Féraud en date du 23 Juin.
9
Dans les armées françaises,
l’obusier fut l’objet, au camp de Meudon en 1793-94,
d’expérimentations auxquelles participa le général de brigade
Choderlos de Laclos, l’auteur des « Liaisons dangereuses ».
L’obusier tirait en tir indirect des boulets creux explosifs,
dénommés « obus », par opposition aux canons qui
tiraient en tir direct soit des boulets pleins, soit des cartouches
à mitraille.
10
L’épopée du futur maréchal d’empire Moncey remonte à cette
bataille de Château-Pignon du 6 juin 1793. Une pièce de son
dossier militaire porte que ce premier triomphe le fit nommer chef
de bataillon par les compagnies à la tête desquelles il venait
d’obtenir la gloire. Une autre indique : « Il fut promu
par l’unanimité des suffrages de ses camarades au grade de Chef
de Bataillon. Sa conduite estimable a su lui mériter le cœur de
tout le monde. Les Chasseurs n’oublieront jamais la journée du 6
juin 1793, où sa valeur militaire, sa surveillance et sa prudence
ont sauvé l’avant-garde qu’il commandait à Blanc-Pignon (sic).
Jour mémorable pour eux ».
11
A titre d’exemple, la 39ème
demi-brigade de l’A.P.O. fut formée à Baïgorry le 21 octobre
1793 par regroupement du 1er
bataillon du 20ème
Régiment d’infanterie (ex Cambrésis Infanterie, régiment ayant
tenu garnison à Bayonne de 1785 à 1788) et des 1er
et 2ème
bataillons de volontaires des Basses-Pyrénées.
12
Lire à cet égard : Trois Anciens des Chasseurs Cantabres,
Montréal, Moncey, Schilt, par le général Louis Baratchart,
Bulletin SSLA de Bayonne n° 155 (année 2000), pages 263-304.
13
Le général Muller assumait la fonction de commandant-en-chef de
l’A.P.O. depuis le 4 octobre 1793.
14
La Convention nationale succéda à l’Assemblée législative le
20 septembre 1792 et gouverna jusqu’en octobre 1795. Elle proclama
la République, condamna Louis XVI à la peine capitale, créa le
comité de Salut public en avril 1793 et envoya dans toute la France
des représentants en mission qui galvanisèrent le patriotisme du
pays.
15
Le traité des Pyrénées de 1659, qui avait déterminé un tracé
général de la frontière, n’avait pas traité certaines
situations particulières, auxquelles, déjà en 1614, les
Capitulations royales n’avaient pas apporté de solutions
satisfaisantes. L’accord de compromis, réalisé par le « Traité
des Limites »,
signé le 27 août 1785 à Elizondo, avait tenté de régler les
problèmes particuliers existant entre les vallées de Cize et
Baïgorry, au Nord, et les vallées du Baztan, d’Erro, du Val
Carlos et de Roncevaux au Sud. La délimitation de la frontière
proposée, qui consacrait la séparation entre les deux Navarre et
prévoyait la cession du Pays Quint, avait déchaîné des
explosions de colère dans les populations des pays de Cize et de
Baïgorry, qui n’acceptaient pas les termes du compromis ainsi
réalisé. L’échange des ratifications n’ayant pas pu avoir
lieu avant la Révolution, le traité n’était pas entré en
vigueur en 1789.
16
La création de principe de la Garde nationale avait été prise par
le décret du 13 juillet 1789. Son organisation fut précisée par
la loi du 14 octobre 1791.
17
Un document d’état-civil de la municipalité de
Saint-Jean-Pied-de-Port, cite en mars 1793, un certain « Arnaud
Iriart, âgé de 34 ans, capitaine d’une compagnie franche ».
18
Un autre document d’état civil de la municipalité de
Saint-Jean-Pied-de-Port cite le 7 mars 1793 un certain :
« Joseph Lassalle, capitaine commandant une compagnie franche
du canton ».
19
Le citoyen Sainte-Marie avait démissionné de ses fonctions
d’officier municipal de Saint-Jean-Pied-de-Port.
20
Ancien soldat réformé de l’armée royale ayant été en garnison
en la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, cité où il s’était
retiré et établi comme maître-tailleur d’habits, Joseph
Matenotte, dit Lavictoire, avait été nommé commandant de la garde
Nationale de la ville le 3 août 1789.
21
Jean Mauco (1749-1827), né à Bayonne, soldat puis sergent-major
dans l’armée royale de 1766 à 1776, date d’obtention de son
congé, fut nommé commandant de la garde Nationale de Bayonne à sa
création en 1789, et le 2 octobre 1792, lieutenant-colonel en
second du 4ème
bataillon de volontaires des Basses-Pyrénées, puis commandant de
ce bataillon ; nommé provisoirement le 13 décembre 1793
général de brigade par les représentants du peuple, il fut promu
général de division le 14 avril 1794, commandant de la division de
gauche de l’A.P.O., formée à Saint-Jean-Pied-de-Port.
22
Le 15 janvier 1794, la municipalité décida de changer le nom de
Saint-Jean-Pied-de-Port en « Nive-Franche ».
23
Saint-Etienne-de-Baïgorry prit à la même époque le nom de
« Thermopile ».
24
En octobre 1793, Delalain fut
nommé général de division et commandant de la division de
Saint-Jean-Pied-de-Port.
25
Le 24 décembre, fut diffusé un
autre Arrêté portant formation de bataillons d’infanterie légère
(six au total) à partir des compagnies franches des vallées
d’Aspe, Ossau, Barétous, Mauléon, Barèges, Ozun, Cauterets,
Aurois et Neste.
26
Le 31 décembre 1793, fut
promulguée la Déclaration du Roi d’Espagne à la Nation
Française en réaction à la mort de Louis XVI.
27
La dixième des compagnies
franches basques, la compagnie franche de Saint-Palais alors
déployée à Ascain, avait déjà été amalgamée, le 26 octobre
1793, à d’autres compagnies franches des 1ère
et 2ème
divisions pour former un bataillon d’infanterie légère dont
l’effectif atteignait mille hommes.
28
Le général Delalain avait été nommé commandant de la division
de Saint-Jean-Pied-de-Port le 19 octobre 1793 en remplacement du
général Dubouquet.
29
En plus de ces trois divisions, l’A.P.O. comprenait alors le
commandement des Quatre Vallées d’Aspe, d’Ossau, de Barétous
et Moléon (sic), confié au général de brigade Robert.
30
23
juillet : CR du décès le 19 Prairial (7 juin 1794) du général
de brigade Lavictoire, suite à la blessure reçue le 15 Prairial (3
juin) dans l’affaire des Aldudes.
31
Lors du déclenchement de la guerre en 1792, Théophile Malo Corret
de La Tour d’Auvergne, capitaine en retraite âgé de cinquante
ans, avait repris du service alors que nombre d’officiers nobles
émigraient. Bonaparte lui décerna en 1800, deux mois avant sa
mort, le titre de « Premier grenadier de la République ».
32
Dès le 9 Brumaire An 3 (30 octobre 1794), le général de brigade
Lemaire, commandant l’artillerie à Nive-Franche
(Saint-Jean-Pied-de-Port) donna l’ordre d’envoyer 49 chevaux de
bât pour évacuer les munitions de guerre trouvées dans la
fabrique d’Orbaiceta.
33
Le 9 Thermidor an 4 (27 juillet 1796), le général Servan fut nommé
par le Comité de Salut Public, Inspecteur Général de toutes les
Troupes des Armées des Pyrénées Orientale et Occidentale
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