2019. Henri Fargues (1757-1804)

Le DESTIN d’un NEGOCIANT de SAINT-JEAN-PIED-de-PORT

MAIRE sous la ROYAUTE, puis sous la REVOLUTION

Henri FARGUES ( 1757 – 1804 )

Natif de Saint-Jean-Pied-de-Port où, à la suite de son père, il exerçait la profession de négociant en laines, Henri Fargues fut nommé maire de la ville par le Roi en 1786, puis élu à la même fonction au début de la Révolution Française. Poursuivant une carrière politique, d’abord au niveau départemental, ensuite au niveau national, successivement sous la Convention, le Directoire et le Consulat, il fut promu sénateur au lendemain du coup d’état du 18 Brumaire. Il mourut subitement en septembre 1804 dans sa maison de campagne d’Auteuil, deux mois avant le sacre de Napoléon Empereur.

Monsieur de Guiroye, son prédécesseur comme Maire de Saint-Jean-Pied-de-Port

Sous l’Ancien Régime, le Maire était nommé par les Jurats, eux-mêmes élus par les bourgeois des cités. Dans les grandes villes, cette nomination était confirmée par le Roi. Les difficultés financières de Louis XIV l’avaient amené à créer en 1692 des offices de maire : ainsi, jusqu’à la Révolution, les quatre villes de Basse Navarre, dont Saint-Jean-Pied-de-Port, eurent des maires, non plus élus, mais nommés par commissions royales. Au début de la décennie 1780, le Corps de Ville de Saint-Jean-Pied-de-Port comprend un maire, un lieutenant de maire et deux jurats auxquels sont adjoints deux assesseurs et un secrétaire-greffier. Le maire est M. de Guiroye, le lieutenant de maire est le sieur Dabbadie, les jurats sont les sieurs Dufourq et Casedevant, les assesseurs : les sieurs Larroque et Damestoy, le secrétaire-greffier : le sieur Darralde.

La famille Guiroye réside à Saint-Jean-Pied-de-Port depuis le début des années 1720, puisqu’à la date du 19 Mai 1722, est inscrit au registre paroissial de la ville, le baptême de la fille, prénommée Marie, de M. Guiroye, marchand, et de Magdelaine de Vidal, conjoints, qui, cherchant sans doute à établir des liens avec la noblesse locale, choisissent pour parrain Pierre Pouja, officier des gardes de Mr. de Gramont, et pour marraine Marguerite de Logras1. L’inscription au même registre du baptême de leur fils Pierre, le 6 novembre 1725, nous apprend que les conjoints Jean Guiroye et Magdelaine de Vidal sont Maitres de la Maison de Guiroye de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port. La famille Guiroye serait originaire d’Orthez où, en septembre 1718, Jean Guiroye a épousé Marie-Magdeleine de Vidal, et où serait né leur fils aîné Jean, entre 1722 et 1725, avant que ses parents ne s’établissent à Saint-Jean-Pied-de-Port, où naissent successivement en 1722, 1723 et 1725 leurs enfants puînés Marie, Marguerite et Pierre. Son installation à Saint-Jean-Pied-de-Port, ainsi attestée par les inscriptions dans les registres paroissiaux rappelées ci-dessus, intervient donc entre 1720 et 1722.

M. Jean Guiroye se révèle un négociant habile et un prêteur avisé. Il aide financièrement le châtelain du village voisin d’Ascarat, le Noble Pierre de Larragoyen (1670-1742), « maître et propriétaire de la Noble Salle de Larragoyen d’Ascarat », devenu veuf en juillet 1712, à l’âge de 42 ans, après 8 ans de mariage avec Dame Isabelle de Jaureguiberry de Sallard, à faire face à ses besoins d’argent. En effet, chef d’une famille nombreuse qui comprend ses quatre sœurs et ses cinq enfants vivant au château d’Ascarat, Pierre de Larragoyen doit subvenir à des besoins trop importants pour qu’y suffisent ses revenus. Aussi souscrit-il plusieurs emprunts successifs auprès de diverses personnes de la région, tandis que le personnel du château prend l’habitude de s’approvisionner dans le commerce de Jean Guiroye en signant des reconnaissances de dettes. Enfin, la restauration du château est financée par un emprunt contracté auprès de M. Jean Guiroye qui obtient en contrepartie une hypothèque générale sur les deux maisons nobles, à savoir le château et la maison voisine, ainsi que sur les deux moulins et une exploitation agricole, tous situés à Ascarat. L’ancienneté de la famille Larragoyen à Ascarat est attestée par les inscriptions au registre paroissial, dont le décès, en 1665, de Pierre de Larragoyen (1620-1665), et le baptême de son petit-fils, Jean, en l’église Saint-Julien d’Ascarat le 7 avril 1706, « fils de Noble Pierre, Seigneur de Larragoyen, et de Demoiselle Isabeau de Jaureguiberry de Sallard, maîtres de la Maison de Larragoyen ».

Finalement, malade et incapable de satisfaire ses créanciers, Pierre de Larragoyen est contraint, en 1741, un an avant sa mort, de vendre tous ses biens pour solder ses dettes. Jean Guiroye « bourgeois et marchand » les rachète en totalité, à savoir : « les deux salles et maisons nobles de Larragoyen, de Jaureguia, et la maison de Horça avec toutes leurs appartenances et dépendances, terres, prés, cultes et incultes, vignes, bois, fougères, dimes, droits de rachats des portions de dimes, places d’église avec les premiers honneurs soit pour les hommes que pour les femmes, noms, droits honorifiques et privilèges y attribués et attachés, avec les droits d’entrée aux Etats du Royaume [de Navarre], et autres droits et actions généralement quelconques, sans rien réserver ».

Ainsi M. Jean Guiroye acquiert en 1741 un titre de noblesse et le droit d’entrée aux Etats de Navarre avec voix délibérative. Cette qualité est dorénavant mentionnée dans tous les actes des registres paroissiaux qui le concernent : le baptême, le 15 juin 1748, de sa petite-fille, prénommée Claude, par exemple, dont il est le parrain : « Parrain : Noble Jean de Guiroye, Seigneur de Lassalle de Laragoyen d’Ascarat, son grand-père ». De même, lorsqu’il décède en 1759 à Saint-Jean-Pied-de-Port où il réside, son identité est ainsi précisée dans le registre paroissial : « Noble Jean de Guiroye, Seigneur de la Maison Noble de Lassalle de Larragoyen à Ascarat, âgé d’environ 70 ans, avocat au Parlement de Navarre à Pau et substitut du Procureur Général ».

Son fils, prénommé Jean et avocat au Parlement de Navarre comme son père, fait également référence à sa qualité de noble. Tel est le cas à 1a date du 5 mai 1745, lorsqu’est inscrit dans le registre paroissial le « baptême de Bertrand, fils de Noble Jean de Guiroye, avocat au Parlement de Navarre à Pau, et de Dame Marie de Lassalle, conjoints, résidant dans la présente ville de Saint-Jean-Pied-de-Port ». De même, jurat de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, « Noble Jean de Guiroye » signe, en 1749, au nom des jurats le registre de la « paroisse d’Ugange ». Ne survivant que de quelques années à son père, il décède le 10 janvier 1764 en sa maison de Saint-Jean-Pied-de-Port à l’âge de 48 ans environ, et il est inhumé dans la chapelle Notre-Dame-du-Bout-du-Pont. Son épouse, Dame Marie de Lassalle, « veuve du sieur de Guiroye, avocat au Parlement et Maître de la maison noble de Larragoyen » décède le 30 avril 1768, à l’âge de 45 ans environ et est inhumée dans la même chapelle Notre-Dame de Saint-Jean-Pied-de-Port.

Leur fils, Noble Bertrand de Guiroye, alors âgé de 31 ans, est nommé, en 1776, maire de Saint-Jean-Pied-de-Port. Les registres d’état-civil de la ville nous apprennent qu’il est, comme son père, avocat au Parlement de Navarre et substitut du Procureur Général du Roy. Bertrand de Guiroye a un frère cadet, Jean-Baptiste, né en 1749, ordonné prêtre en septembre 1774. Il a également une sœur cadette, Marie-Claire qui, âgée de 27 ans en 1777 et mineure, demande que soit nommé comme son curateur Noble Jean-Baptiste de Guiroye, son frère prêtre, alors curé de la paroisse de Bustince et d’Iriberry.

Dès 1777, un an après sa nomination de maire, sans que la raison en soit précisée, peut-être un revers de fortune, « Noble Bertrand de Guiroye, conseiller du Roy, maire de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port » vend à Salomon Barthélemy d’Etchepare, originaire d’Ibarolle, lieutenant des chasseurs au Régiment Royal de la Marine, ses biens d’Ascarat, à savoir : « les châteaux de Jaureguia, Salle de Larragoyen, maison de Horça, domaine, dixme, moulins ; fiefs, justice seigneuriale, droits de rachats, entrée, rang, séance et voix délibérative aux Etats Généraux du Royaume de Navarre, terres cultes et incultes, prés, vignes, bois, fougères, et généralement tous les biens et droits réels utiles et honorifiques, etc. », biens dont l’acquisition, en 1741, avait conféré à son grand-père un titre de noblesse et un siège avec voix délibérative au Parlement de Navarre.

Ainsi donc, famille de négociants, établie au début de la décennie 1720 à Saint-Jean-Pied-de-Port, où elle a construit une solide fortune, la famille Guiroye accède à la classe nobiliaire par rachat en 1741 des biens, titres, droits et privilèges de la maison noble « Lassalle de Larragoyen », châtelain d’Ascarat, que Bertrand, l’héritier de la famille, revend en 1777, un an après avoir été nommé maire de Saint-Jean-Pied-de-Port par commission royale.

L’année suivante, la famille de Guiroye établit des liens matrimoniaux avec la famille Fargues, négociants plus récemment établis à Saint-Jean-Pied-de-Port. M. Bertrand de Guiroye épouse, le jeudi 26 novembre 1778, Demoiselle Marie de Fargues, fille cadette et légitime de M. Jacques Fargues, négociant, sieur de la Maison de Florenea, en la rue de Saint-Michel de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, et de feue Demoiselle Marie Berindoague. Ce mariage est célébré par le frère de l’époux, Jean-Baptiste de Guiroye, curé des paroisses de Bustince et d’Iriberry. Le témoin de l’épouse est son propre frère, Henri Fargues. De cette union naissent au moins trois enfants : une fille Claude le 27 août 1779, ainsi que deux fils, Jean-Baptiste né le 17 octobre 1781 et Vincent Jean-Baptiste né le 4 mars 17902.

En manière de réciprocité, Henri Fargues, négociant, et son épouse, Demoiselle Clotilde Pémartin, maîtres de la maison de Florenea en la dite rue de Saint Michel de Saint-Jean-Pied-de-Port, choisissent lors du baptême de leur fille Marie, le jeudi 10 octobre 1782, pour parrain : M. Bertrand de Guiroye, avocat au Parlement de Navarre, substitut du Procureur Général du Roy, maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, et pour marraine : Dame Marie Fargues de Guiroye son épouse. Les liens familiaux ainsi établis ne peuvent qu’être favorables aux ambitions d’Henri Fargues.

La nomination d’Henri de Fargues comme Maire de Saint-Jean-Pied-de-Port

Le 23 octobre 1786, le « Corps de Ville », la « Jurade », de Saint-Jean-Pied-de-Port est convoqué aux formes ordinaires par le « Sieur de Guiroye maire », à la suite du décès le 5 octobre du lieutenant du maire, le sieur Dufourq, et du départ du sieur Dabbadie, premier jurat, qui a quitté la ville en 1784 pour se retirer à Bilbao. L’assemblée décide de se pourvoir devant Monseigneur l’Intendant pour le supplier de solliciter de Sa Majesté leur remplacement. Une pareille assemblée du Corps de Ville avait déjà été convoquée le 28 février 1784, dès le départ de Saint-Jean-Pied-de-Port du premier jurat, le sieur Dabbadie. Mais, aucune suite n’avait alors été donnée à la demande transmise à Monseigneur l’Intendant.

A cette nouvelle demande exprimée par le Corps de Ville le 23 octobre 1786, la réponse du Roi parvient deux mois plus tard, fin décembre. Le 28 décembre 1786, une assemblée est convoquée aux formes ordinaires en l’hôtel de ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, où se trouvent présents : M. de Guiroye, maire, ainsi que les sieurs Damestoy et Larroque assesseurs. M. de Guiroye, en conformité avec les délibérations du 23 octobre précédent et sa démission de la place de maire adressées à Monseigneur l’Intendant, donne lecture de l’Ordre du Roy, daté du 26 novembre, par lequel Sa Majesté a fait choix de MM. Fargues, Borda, Laborderie et Dufourq fils pour remplir les fonctions de maire, lieutenant de maire, premier et second jurat. L’Ordre du Roy est transcrit in extenso dans le registre des délibérations de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port :

« De par le Roy,

Sa Majesté étant informée de la vacance d’une partie des places municipales de la Ville de Saint-Jean-Pié-de-Port, et jugeant à propos de pourvoir au remplacement des officiers municipaux de la dite ville qui sont actuellement en exercice, elle a sur les témoignages qui lui ont été rendus (… mots manquants …) et de la bonne conduite des sujets ci-après nommés, fait choix de leurs personnes pour remplir les places municipales de la dite ville, savoir :

  • Le sieur Fargues, négociant, celle de maire,

  • Le sieur Borda, notaire, celle de lieutenant du maire,

  • Le sieur Laborderie, entrepreneur de tabac, celle de premier jurat,

  • Le sieur Dufourq, fils, celle de second jurat,

………………………..

Fait à Versailles, le 26 novembre 1786

Signé l’original Louis

Et plus bas le duc de Breteuil.

Le registre des délibérations précise qu’après la publication de l’Ordre du Roy, « s’est présenté M. de Fargues, lequel, après serment par lui à Dieu en nos mains prêté, a promis de remplir les fonctions de Maire et a signé avec nous ». Suivent les signatures de Fargues qui a prêté serment, de Damestoy, de Larroque et de d’Arralde secrétaire-greffier. Ainsi donc, le 28 décembre 1786, Henri de Fargues, c’est ainsi qu’il est dorénavant appelé, succède dans la fonction de maire de la ville à son beau-frère Bertrand de Guiroye. Ce dernier continue d’assumer les fonctions de « Procureur du Roy de la châtellenie de Saint-Jean-Pied-de-Port », ainsi qu’il est indiqué le 28 janvier 1790 dans le registre des délibérations municipales de la ville et, ultérieurement, de juge au tribunal de district de Saint-Palais : c’est, en effet, à ce titre, qu’il signe, en 1792, les registres d’état-civil de la ville de Saint-Pied-de-Port.

Les origines de la famille de Fargues

Henri Fargues, était né à Saint-Jean-Pied-de-Port le 13 mai 1757, fils de M. Jacques Fargues, négociant, et de Demoiselle Marie-Claire Berindoague, maîtres de la Maison de Florenea en la dite rue de Saint-Michel. Ses parents qui apparaissent dans les documents d’état-civil comme déjà mariés en 1749, s’étaient épousés avant cette date. Son père, Jacques Fargues, qui ne semble pas natif de Saint-Jean-Pied-de-Port, serait né vers 1705 et pourrait être originaire du Béarn, peut-être d’Oloron. Il se serait installé à Saint-Jean-Pied-de-Port pour y exercer sa profession de négociant en laines et de marchand drapier en un lieu plus favorable au commerce, car plus proche de la frontière espagnole. Sa Mère, Marie-Claire Berindoague est la fille de Martin Berindoague, maître-traiteur et cantinier de la citadelle. Le quartier de Saint-Michel appartenant alors à la paroisse d’Uhart-Cize, Henri est baptisé dans l’église Notre-Dame d’Uhart le samedi 19 mai 1757. Il a pour parrain Messire Henry de Caupenne, comte d’Amou3, vicomte d’Echaux, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis et pour marraine Madame la comtesse d’Amou, vicomtesse d’Echaux. Par ce choix des parrain et marraine de leur fils, le couple Jacques Fargues, parfois déjà dénommé Jacques de Fargues, – Marie Berindoague montre sa volonté de nouer des liens avec la noblesse locale. Le 14 octobre 1750, Jacques et Marie-Claire de Fargues avaient été les parrain et marraine de « Marie-Claire de Guiroye, fille légitime de Noble Jean de Guiroye, sieur de la Salle de Larragoyen d’Ascarat, avocat au Parlement de Navarre, et de Dame Marie de Lassalle son épouse ». M. Jacques Fargues décède en 1779, un an après son épouse, née Marie-Claire Berindoague, morte en 1778. Ils sont tous deux inhumés dans le cimetière de l’église paroissiale Saint-Eulalie de Saint-Jean-Pied-de-Port.

Un an plus tard, le 8 mai 1780, en l’église Sainte-Croix d’Oloron, Henri Fargues épouse Demoiselle Clotilde de Pémartin, fille de feu Jean-Baptiste de Pémartin, avocat, et de feue Jeanne de Rodé de la paroisse d’Oloron : « Le lundi huitième jour du mois de mai 1780, après la publication des bans du futur mariage entre le sieur Henri Fargues, négociant, fils mineur et légitime de feu sieur Jacques Fargues et de feue demoiselle Marie Berindoague de la même paroisse d’Uhart diocèse de Bayonne d’une part, et de Demoiselle Clotilde de Pémartin, fille mineure légitime de feu Jean-Baptiste de Pémartin, avocat, et de feue Jeanne de Rodé de cette paroisse d’autre part, … … ».

Le couple a sept enfants, parmi lesquels cinq atteignent l’âge adulte, trois filles et deux garçons, dont le choix des parrains confirme la volonté de leurs parents de s’élever dans la hiérarchie sociale :

  • Joseph Henri, baptisé le 6 octobre 1781, « né hier du légitime mariage du sieur Henry Fargues, négociant, et de Demoiselle Clotilde de Pémartin, conjoints maitres de la Maison de Florenea en la rue de Saint-Michel de la présente paroisse ; parrain Mr Joseph Pémartin, avocat de la ville d’Oloron, oncle maternel représenté par le sieur Bertrand de Guiroye, maire de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, substitut du procureur général du Roy; marraine Dame Marie Fargues Delgue, tante paternelle représentée par Demoiselle Henriette Pémartin tante maternelle », qui décède à l’âge de 2 ans et demi le 18 juillet 1784,

  • Marie, née le 9 octobre 1782, dont le parrain est Bertrand de Guiroye, maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, avocat au parlement de Navarre et substitut du procureur général du Roye, et la marraine Dame Marie Fargues de Guiroye son épouse,

  • Marie-Sophie, née vraisemblablement en 1783 ou 1784,

  • François Marie, né le 12 juin 1785, dont le parrain est « Messire François Marie, comte d’Ornano, maréchal de camp des armées de sa Majesté très chrétienne, son plénipotentiaire pour la fixation des limites entre les deux Navarres et de toutes les Pyrénées », présent au baptême qui signe le registre,

  • Marie-Félicité, née le 18 mai 1787,

  • Vincent, né en 1789, qui décède le 10 février 1791, à l’âge de 18 mois,

  • Jean-Baptiste Vincent Fargues, né le 23 septembre 1792.

Henri de Fargues, Maire de Saint-Jean-Pied-de-Port sous la Royauté (1786 – 1788)

Lorsque Monsieur Henri de Fargues prend les fonctions de maire Saint-Jean-Pied-de-Port le 28 décembre 1786, un projet de traité franco-espagnol, le « Traité d’Elizondo » 4, a été signé un an plus tôt, en août 1785, entre le chevalier Don Ventura Caro, qui est Navarrais, plénipotentiaire du roi d’Espagne Charles IV, et le comte d’Ornano, époux d’une fille du vicomte d’Echaux de Baïgorry, plénipotentiaire du roi de France Louis XVI. La carte de Cassini, dont la feuille de Saint-Jean-Pied-de-Port, portant le numéro 140, levée de 1770 à 1773, indique pour la région des Aldudes : « Pays indivis », « Pays commun entre la France et l’Espagne ». De manière récurrente, les Espagnols y contestent aux bergers français la jouissance des pâturages et se livrent à des séquestrations de bétail. Les habitants des villages frontaliers échangent des coups de fusil et des blessés sont à déplorer. La « Commission de Délimitation », à l’œuvre depuis 1784 permet d’effectuer en 1785, sous le contrôle des plénipotentiaires, un abornement auquel participent les jurats des villages concernés. En juillet 1785, les jurats de la vallée de Baïgorry rédigent un mémoire à l’intention du comte d’Ornano pour « lui représenter l’état déplorable et désespérant où la vallée va se trouver, vu sa nombreuse population et le défaut de ressources » au cas où les pâturages du « Pays Quint », la zone indivise, lui seraient interdits. Le projet de traité est signé le 27 août 1785.

Cependant, les négociations se poursuivent afin de régler, en liaison avec les autorités locales, tous les autres contentieux frontaliers existant. Ainsi, en 1787 et 1788, alors que le comte d’Ornano et le chevalier Don Ventura Caro sont présents à Burguete, les délibérations des jurats de Saint-Jean-Pied-de-Port concernent essentiellement les « droits et titres de la ville et du Païs sur les montagnes qui les divisent ». A l’assemblée municipale du 3 juin 1788, à laquelle sont présents MM. Fargues maire, Dufourq lieutenant de maire, Damestoy et Curutchetta jurats, Bidart et Laurent assesseurs, Larronde secrétaire-greffier, il est fait lecture d’une lettre écrite de « Burguette le 30 may dernier, aux officiers municipaux de Saint-Jean-Pied-de-Port» par « M. le Comte d’Ornano, maréchal des camps et des armées du Roy, son commissaire pour la fixation des limites dans l’étendue des Pyrénées », qui désire provoquer une réunion des habitants du Pays de Cize avec les frontaliers espagnols afin de vérifier les droits et titres de Saint-Jean-Pied-de-Port.

De même, la délibération de l’assemblée municipale du 29 juin 1788, traite d’une question de limites entre le France et l’Espagne en forêt d’Iraty : « Vu le rapport … … , Nous, maire, lieutenant de maire, jurats, assesseurs et habitants de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, avons déterminé d’accepter les propositions dont l’ouverture a été faite par Monsieur le Comte d’Ornano de céder à l’Espagne une partie de la forêt d’Iraty … … . M. le Comte d’Ornano sera supplié de la part de la présente communauté d’obtenir de Monsieur le Chevalier de Caro … … . ». Il s’agit de fait d’obtenir un échange avec soulte de terrains en forêt d’Iraty contre des pâturages en vallée d’Aezcoa, vallée formée au Sud de la ligne de crête des Pyrénées par le rio Iraty, affluent du fleuve Ebre.

Au cours de l’hiver 1788, le marquis de Logras effectue, au sujet de la frontière des Aldudes, une ambassade, jugée « calamiteuse », à la cour de Versailles d’où il écrit que l’on ne peut rien y changer, car les deux cours souveraines se sont accordées à son sujet. La situation est suffisamment tendue dans la zone frontalière pour que Messire d’Irumberry, lieutenant des maréchaux de France, lieutenant-colonel commandant le régiment des Milices de Navarre, donne l’ordre d’effectuer une levée de soldats dans les vallées pour compléter les compagnies de son régiment.

Henri Fargues, Maire de Saint-Jean-Pied-de-Port sous la Révolution (1789-1792)

A l’orée de la Révolution, lors de la convocation des Etats Généraux de 1789, Henri Fargues conserve ses fonctions de maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, qu’il exerce alors depuis plus de deux ans. Immédiatement, il prend une part active aux évènements révolutionnaires. Les réunions de l’assemblée municipale se poursuivent en 1789, le 15 mars et le 20 décembre par exemple, avec aux côtés du maire, Henri Fargues, Damestoy, précédemment jurat, devenu lieutenant du maire. Ces réunions continuent à se tenir dans la salle située au 1er étage du beffroi, la « Tour-porte » construite à l’entrée du pont Notre-Dame conduisant au faubourg de Saint-Michel.

Si le XVIIIème siècle a été généralement prospère en Pays Basque, la situation déjà difficile durant l’hiver 1788 en raison de mauvaises récoltes, s’aggrave en Pays de Cize au cours de l’été 1789. Les mois de soudure de juillet et d’août sont marqués par une disette que rappelle le linteau d’une maison de la rue de Saint-Michel : « L’An 1789, Le froment fut à 15 Ls », alors que le froment est, à l’époque, habituellement vendu à 6 livres. Au début du mois d’août, la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port est le théâtre d’événements graves selon une délibération du 25 août du corps de ville, sous la présidence d’Henri Fargues, qui prend des mesures énergiques de police. La surveillance de la frontière est renforcée pour lutter contre l’exportation de grains.

Dès le début de la Révolution, le maire Henri Fargues, bientôt qualifié d’ardent révolutionnaire, réunit également plusieurs assemblées générales extraordinaires du corps des jurats et des habitants de la ville. Ces assemblées se tiennent dans la chapelle Notre-Dame-du-Bout-du-Pont5. C’est une telle assemblée, au cours de laquelle la municipalité se prévaut du calme des habitants et évoque les problèmes du temps, qui, le 15 février 1789, procède à l’élection des représentants du Tiers Etat de la ville de Saint-Pied-de-Port à la prochaine réunion des Etats Généraux du royaume de Navarre. Sont élus : le maire Henri Fargues et le premier jurat Damestoy.

L’assemblée extraordinaire des États de Navarre se tient à Saint-Jean-Pied-de-Port du 15 juin au 6 juillet 1789. Elle procède à l’élection des quatre députés aux États Généraux de Versailles, auxquels elle confie la mission de recevoir le serment promis le 31 janvier 1776 par Louis XVI de respecter les Fors de Navarre. La « députation vers le Roy » des Etats de Navarre comprend l’évêque de Bayonne, Etienne Joseph de Pavée de Villevieille, pour le clergé, Monsieur Bertrand-Dominique-Joachim de Logras, marquis d’Olhonce, conseiller au Parlement de Navarre à Pau pour la noblesse, ainsi que les sieurs Arnaud de Vivié, résidant à Garris, et Jean-Baptiste Franchisteguy, notaire à Saint-Jean-Pied-de-Port, pour le Tiers Etat.

En application des décrets de l’Assemblée Nationale concernant l’organisation des nouvelles municipalités, l’assemblée des citoyens de la ville se réunit dans la chapelle Notre-Dame-du Bout-du-Pont le 12 février 1790. Cette assemblée, après avoir élu M. Fargues à sa présidence, procède à l’élection du maire, des douze officiers municipaux ainsi que du procureur de la commune. M. Henri Fargues est élu maire, Dufourq est élu lieutenant de maire, Damestoy et Curutchetta sont élus au nombre des officiers municipaux, Vergez6 est élu procureur. La nouvelle municipalité prête serment à la Nation, au Roy et à la Loy.

Entre temps, le 12 janvier 1790, a été voté le décret instituant que Navarre, Béarn et Pays des Basques formeraient un seul département : le département « du Béarn et du Basque », créé le 26 février 1790 par la loi de l’Assemblée Constituante qui découpait le France en 83 départements. Cette décision de création de ce département basco-béarnais, qui reçoit finalement la dénomination de « Département des Basses-Pyrénées », constitue un tournant dans l’histoire de la Révolution en Pays Basque dont la population considère que ce découpage est une grave atteinte à ses aspirations. En sa qualité de maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, Henri Fargues reste un fougueux opposant à cette création, de même que les frères Dominique et Joseph Garat d’Ustaritz qui dénoncent « l’assemblage impossible » des Basques et des Béarnais. Henri Fargues organise une délégation auprès de l’assemblée nationale et, le 9 mars, adresse une lettre au syndic de Navarre en ce sens. Mais la Navarre s’enfonce dans une querelle stérile entre Saint-Palais et Saint-Jean-Pied-de-Port, en ce qui concerne le choix du siège du chef-lieu du district, puis du siège du tribunal de justice. Le choix du chef-lieu du département n’est pas plus aisé. A la fin de l’été, l’assemblée nationale, sans aucune concertation avec les assemblées locales, décrète que ce serait Pau. Malgré la ferme opposition de la population à cette nouvelle organisation administrative, les nouvelles institutions départementales et municipales sont en place à la fin de l’année 1790.

L’assemblée municipale se réunit notamment le 28 janvier 1790, puis le 8 juin 1790, sous la présidence du maire Henri Fargues A cette dernière réunion, se présente le sieur Alexis Anne Darran de Lasseran, capitaine d’infanterie, chevalier de l’Ordre Militaire de Saint-Louis, qui a été nommé par le Roy en qualité d’adjoint et de suppléant de M. de Laistre Champetier, Lieutenant du Roy en la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, empêché pour raisons d’infirmité.

Aucune autre délibération de l’assemblée municipale n’est inscrite dans le registre des délibérations après cette assemblée du 8 juin 1790 jusqu’à celle du 14 novembre 1790, qui reçoit la démission de M. Henri Fargues de son mandat de maire. Pour lui succéder, l’assemblée des citoyens, réunie le 19 décembre 1790, élit M. Jean Damestoy, jusqu’alors officier municipal, qui prête serment le 22 décembre 1790. De ce jour et jusqu’en juillet 1791, tous les actes dans le registre des délibérations sont signés par « Damestoy Maire ». C’est lui qui préside toutes les assemblées municipales tenues entre le 10 avril 1791 et le 15 juin 1791, à laquelle participent les officiers municipaux Laurens, Chevrier et Fonrouge, ainsi que Larronde secrétaire-greffier, dont les signatures apparaissent en bas des documents.

Durant l’été 1791, en application de décrets de l’Assemblée Nationale, l’assemblée municipale est réunie pour procéder au remplacement de certains officiers municipaux et pour traiter des problèmes d’équipement de la garde nationale. Mais, à partir de juillet 1791, la signature du maire Jean Damestoy n’apparait plus dans les documents. Sans doute est-il malade car, le 1er novembre 1791, est enregistré dans les registres paroissiaux de l’église d’Uhart-Cize, le décès survenu la veille 31 octobre, de M. Jean d’Amestoy, bourgeois, maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui est inhumé au cimetière d’Uhart-Cize. Le 20 novembre 1791, l’assemblée générale des citoyens, réunie dans la chapelle Notre-Dame-du-Bout-du-Pont de Saint-Jean-Pied-de-Port, procède à l’élection du nouveau maire, appelé à succéder à Jean Damestoy. M. Henri Fargues, élu par 52 voix sur 65 votants, est proclamé maire de Saint-Jean-Pied-de-Port. Il prête à nouveau serment le 22 novembre 1791, après une interruption de fonction de onze mois.

Mais, dès cette année 1791, alors que la paix règne en Europe, la frontière franco-espagnole sur les Pyrénées est le théâtre de tensions. En effet, comme déjà évoqué, un projet de « Traité des Limites », ou « Traité d’Elizondo », fixant les droits de pacage transfrontaliers a été signé, le 27 août 1785 à Elizondo. Cet accord de compromis tentait de régler les contentieux existant entre les vallées de Cize, de Baïgorry et des Aldudes, au Nord, et les vallées du Baztan, d’Erro, du Val Carlos et de Roncevaux, au Sud. La détermination de la ligne de partage proposée, la « Ligne d’Ornano », qui était de fait une proposition de frontière entre les deux royaumes, consacrant la séparation « entre les deux Navarres » et prévoyant la cession du « Pays Quint » à l’Espagne, n’avait satisfait ni les jurats de Baïgorry, ni la communauté pastorale des Aldudes. Elle avait déchaîné des explosions de colère dans les populations des Pays de Cize et de Baïgorry, qui, n’acceptant pas les termes du compromis réalisé, se considéraient en état de guerre avec leurs voisins espagnols. L’échange des ratifications n’ayant pas pu avoir lieu avant la Révolution, le traité n’était pas entré en vigueur en 1789.

La tension à la frontière, déjà forte depuis 1785, s’aggrave nettement en 1792. En avril, à la suite de la déclaration de guerre de la France à l’Autriche, et bien que la paix continue officiellement à régner entre les deux états, l’Espagne prend des mesures de mise sur pied de ses forces armées. Des concentrations de troupes espagnoles se produisent à la frontière, sur les confins de la Navarre et du Guipuzcoa, à la fin de l’été 1792. En réaction spontanée devant cette situation, les habitants des pays de Cize et Baïgorry assument spontanément la garde de leur frontière. Dans les communes des vallées frontalières, s’organisent, dès la fin de l’été 1792, des « compagnies », formées de Basques, bergers et chasseurs, attachés à leurs libertés, ayant une connaissance parfaite des sentiers et des passages dans les montagnes. Maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, Henri Fargues prend une part active à la mise sur pied de ces compagnies qui complètent heureusement l’Armée des Pyrénées dont la capacité opérationnelle est limitée par le manque d’unités légères de reconnaissance.

Au cours de l’été 1792, Henri Fargues quitte ses fonctions de maire, après avoir été élu juge de paix de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port. Le registre des délibérations ne comporte pas trace des élections correspondantes. Mais les documents à partir du 2 septembre 1792 sont signés par « Curutchetta Maire » et un acte du 4 octobre 1792 mentionne qu’Henri Fargues est à cette date juge de paix à Saint-Jean-Pied-de-Port.

Ses Successeurs comme Maires de Saint-Jean-Pied-de-Port sous la Révolution

La Proclamation des Officiers Municipaux de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, publiée le 2 septembre 1792, signée : « Curutchetta Maire » décide la mise en alerte de la Garde Nationale7 qui est astreinte chaque jeudi et chaque dimanche à une heure de relevée pour des séances d’instruction et d’entrainement. Le 4 octobre 1792, le citoyen Joseph Matenotte, dit Lavictoire8, est nommé lieutenant-colonel, commandant la garde nationale. Ce même 4 octobre 1792, l’Assemblée Générale des citoyens de Saint-Jean-Pied-de-Port décide d’adresser aux Commissaires de la Convention présents à Bayonne, une pétition demandant l’expulsion, pour motif de manœuvres contre-révolutionnaires, de onze officiers du bataillon des Chasseurs Cantabres, bataillon commandé par le lieutenant-colonel Delalain9, qui tient garnison dans la citadelle.

Les Représentants du Peuple, Commissaires de la Convention Nationale, Carnot, Lamarque et Garrau, venus à Saint-Jean-Pied-de-Port le 6 novembre 1792, « pour préparer la défense nationale contre une éventuelle agression de l’Espagne » et en inspecter la citadelle, officialisent la création des quatre « compagnies » regroupant les habitants ayant spontanément pris les armes, et les reconnaissent en qualité de « compagnies franches »10. Cette autorisation vaut création du corps des « Chasseurs Basques » qui s’accroit progressivement à partir de ce noyau initial. L’existence de quatre compagnies franches basques tenant les passages débouchant dans les vallées de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Baïgorry est confirmée le 1er décembre 1792. Elles sont à cette date reconnues opérationnelles. Les Représentants du Peuple prescrivent également des travaux de renforcement des fortifications de la citadelle. Le 16 novembre 1792, le capitaine Duvignau-Duverger du génie de Bayonne procède à l‘expropriation de trois pièces de vigne du côté de l’esplanade de la citadelle, afin d’élargir les glacis en avant du chemin couvert sur son front d’attaque. Le procès-verbal d’expropriation est signé du maire, Curutchetta, des officiers municipaux, Elissalde, Louis Simond et Renaud ainsi que du secrétaire greffier, Larronde.

Le 9 décembre 1792, l’assemblée générale des citoyens se réunit dans la chapelle Notre-Dame-du-Bout-du-Pont pour procéder au renouvellement de la municipalité conformément au décret de la Convention Nationale du 18 octobre 1792. Après avoir élu le maire en exercice M. Curutchetta comme président de l’assemblée, elle élit comme nouveau maire de Saint-Jean-Pied-de-Port le citoyen Martin Bayen, ancien prêtre, avec 77 voix sur les 98 votants. Martin Bayen est natif de Saint-Jean-Pied-de-Port où il a été baptisé le 16 juillet 1744. Son père Pierre Bayen, natif de Nay en Béarn exerçait la profession de maître-traiteur dans la citadelle où il était logé et avait épousé en mai 1740 Marie Berindoague, fille de Martin Berindoague, maître-cuisinier, et de Marie Duhalde. Proclamé maire, Martin Bayen entre officiellement en fonction le 11 décembre 1792.

C’est essentiellement à partir de 1793, sous la Terreur, alors que le citoyen Martin Bayen est maire de Saint-Jean-Pied-de-Port, que l’on remarque le plus grand nombre de manifestations de l’esprit révolutionnaire à Saint-Jean-Pied-de-Port. Durant cette période, le conseil municipal anime la vie locale en stricte adéquation avec les nouveaux principes de la République. Le registre des délibérations comporte de nombreux comptes rendus de séances : les 13 et 26 décembre 1792, les 26 janvier, 7 mars, 8 avril, 25 mai, 6 juin et 20 août 1793.

Début 1793, Saint-Jean-Pied-de-Port devient le siège du commandement d’une brigade subordonnée à la 11ème division dont le P.C. est à Bayonne. Le 2 février 1793, à Bayonne, le Lieutenant-Général commandant les troupes de la 11ème division de l’Armée des Pyrénées signe le document désignant le commandant de cette brigade : « Le maréchal de camp Léopold Nucé partira sur le plus court délai pour se rendre à Saint-Jean-Pied-de-Port où il restera jusqu’à nouvel ordre. Il aura sous ses ordres les troupes qui se trouvent à Navarrenx, Oloron et postes dépendants. Il s’occupera particulièrement de la situation défensive de Saint-Jean-Pied-de-Port dont il rendra un compte détaillé au Lieutenant-Général de la Division ». Le maréchal de camp Léopold Nucé11, prête serment, le 5 mars 1793, devant les officiers municipaux de la cité en sa qualité de commandant de la brigade et de la place forte de Saint-Jean-Pied-de-Port. Le 13 avril 1793, il est procédé au désarmement des anciens nobles, des anciens seigneurs et des prêtres non fonctionnaires publics. Le 25 mai 1793, le « citoyen Logras », domicilié à Çaro, vraisemblablement dans son château d’Olhonce, déclare quelques armes se trouvant dans la maison qu’il possède à Saint-Jean-Pied-de-Port : il y est trouvé quatre vieux pistolets d’arçon, un vieux fusil, cinq épées d’acier et un sabre.

Le citoyen Bayen exerce la fonction de maire jusqu’au 29 septembre 1793, date à laquelle il est élu juge de Paix, charge pour laquelle il opte et prête serment le lendemain 30 septembre. Le 7 octobre 1793, le citoyen Caillava est élu maire. Succédant au citoyen Bayen, il prête immédiatement serment. Henri Fargues est présent à cette élection en qualité de « Président du département des Basses-Pyrénées ».

La poursuite de la carrière politique d’Henri Fargues

En effet, le citoyen Henri Fargues a été élu à la présidence du directoire départemental des Basses Pyrénées en fin de l’hiver ou au printemps 1793. Il exerce cette charge début juin 1793, lorsque la tension s’aggrave brutalement à la frontière franco-espagnole dans les secteurs de Saint-Jean-Pied-de-Port et de Baïgorry, mais il pourrait avoir déjà occupé cette fonction le 4 mars 1793, lorsque l’Adjudant Général Lacuée12, envoyé à Bayonne comme « Commissaire du Conseil exécutif », c’est-à-dire représentant du Ministre de la Guerre, félicite Henri Fargues en lui écrivant : « J’ai appris avec le plus grand plaisir le succès que vous avez eu dans la levée de vos compagnies franches ». En effet, depuis le début de la Révolution, d’abord en tant que maire de Saint-Jean-Pied-de-Port en 1792, puis comme président du directoire départemental des Basses-Pyrénées en 1793, Henri Fargues, inquiet des tensions à la frontière, s’est montré un actif organisateur de la défense de la frontière franco-espagnole et a joué un rôle important pour assurer la montée en puissance des compagnies franches.

Les Espagnols qui ont déclenché les hostilités dans le secteur côtier à partir du 23 avril 1793 par un bombardement d’Hendaye, puis par le franchissement de la Bidassoa au Pas de Béhobie, prennent, fin mai, l’initiative de quelques démonstrations de force en direction de Saint-Jean-Pied-de-Port qui est, de fait, l’objectif principal de leurs opérations. Le 1er juin, ils lancent leur offensive en direction du plateau de Château Pignon sur l’axe Burguete Saint-Jean-Pied-de-Port. Face à eux, la division de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui, le 1er mai 1793 lors de la création de l’Armée des Pyrénées Occidentales, avait remplacé la brigade éponyme, est commandée par le général La Genetière13 qui a succédé au général Nucé, le 19 mars 1793.

Présent à Saint-Jean-Pied-de-Port, Henri Fargues, « Président du département des Basses-Pyrénées », accompagne, le 6 juin 1793, le général La Genetière, revenu la veille de Bayonne où il avait été convoqué par le général Servan14 commandant l’Armée des Pyrénées Occidentales, qui part à cheval de Saint-Jean-Pied-de-Port, tôt le matin, pour se rendre au camp de Château Pignon, où depuis le 1er juin les attaques espagnoles sont quotidiennes. Vers 09h30, alors qu’ils parviennent tous deux à moitié de la côte menant à la « Venta d’Orisson », soit à environ 8 Km. de Saint-Jean-Pied-de-Port et à 4 kilomètres de Château Pignon, le bruit du canon leur apprend que des combats y sont en cours. Ils rencontrent des vivandières qui ont assisté aux premiers combats, des blessés qui sont ramenés vers l’arrière, ainsi que des fuyards qui ont abandonné le champ de bataille. L’attaque en règle du camp de Château Pignon est en cours. Dans les archives militaires se trouve le rapport écrit le 10 juin 1793 par le citoyen Henri Fargues sur sa vision de ces combats, alors qu’il accompagnait, le 6 juin au matin, le général La Genetière en direction du camp de Château Pignon : « Vers 09h30 du matin, parvenus à moitié de la côte d’Orisson, le bruit du canon nous a appris qu’une offensive venait d’être engagée à Castel Pignon. Après avoir dépassé Orisson, nous avons rencontré d’abord des vivandières qui ont assisté à la destruction du camp, puis des blessés enfin des fuyards ». L’attaque espagnole qui s’est emparée du camp de Château Pignon et ne s’est arrêtée qu’à la hauteur du cabaret d’Orisson, est un indéniable succès espagnol.

Après le repli en désordre des unités françaises sur Saint-Jean-Pied-de-Port, la capture du général La Genetière blessé, qui entraîne la prise de commandement de la division de Saint-Jean-Pied-de-Port par le général Delalain, Henri Fargues, président du directoire départemental, participe au Conseil de Guerre, assemblé à Saint-Jean-Pied-de-Port le 6 juin 1793 en fin d’après-midi en présence du citoyen Bayen, maire, qui déclare la ville en « Etat de Siège ». Ces mesures contribuent au rétablissement d’un dispositif défensif français adossé au camp retranché, lui-même centré sur la citadelle, que le nouveau commandant de la division de Saint-Jean-Pied-de-Port, le général Dubouquet, nommé le 8 juin, décide de constituer. Les registres d’état-civil de Saint-Jean-Pied-de-Port enregistrent de très nombreux décès d’officiers, de sous-officiers, de soldats, de chasseurs et de volontaires, survenus au cours des mois de juin et juillet 1793 à l’hôpital militaire de la ville où ils étaient soignés des blessures subies lors des combats de Château Pignon.

Après cet épisode guerrier, la vie municipale de la cité se poursuit. Le 26 nivôse An II (15 janvier 1794), la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port reçoit le nom de Nive-Franche. Ce changement de nom est accueilli « avec transport ». L’assemblée communale arrête que ses réunions auront désormais lieu dans la maison voisine du beffroi, appartenant au citoyen Jaureguizahar, « le vieil hôpital », appelée dorénavant « Maison  Commune ». Les registres des délibérations du conseil municipal indiquent que la chapelle Notre-Dame-du-Bout-du-Pont devient le Temple de la Raison. La municipalité déclare : « Le règne du fanatisme avec toutes ces pratiques religieuses disparoit à la lueur du flambeau de la raison ». Trois jours plus tard, la nouvelle liturgie y est en place : « Que tout le peuple sera invité par une proclamation à se trouver ce jour-là à deux heures l’après-midy au temple de la raison, qu’en masse on irait chanter des himnes patriotiques à l’entour de l’arbre sacré de la liberté et rendre des actions de reconnaissance à ce génie tutélaire qui veille sur le sort des arbres de la république ».

Sur proposition du maire, qui déplore l’absence d’un autel de la Patrie pour célébrer les fêtes décadaires, l’assemblée municipale prend, lors de la séance du 15 Messidor An II (3 juillet 1794), la décision d’ériger un autel de la Patrie en gazon sur la place d’Eyheraberry, sur le terrain ci-devant dénommé « Pré du Lieutenant du Roy », pour célébrer les fêtes décadaires. Le 18 Thermidor An II (5 août 1794), les biens du citoyen Bertrand Jaureguizahar, replié à Orthez, sont mis sous séquestre. Courant 1795, la « Maison commune » est définitivement installée dans « le vieil hôpital ». Le 7 Frimaire An IV (28 novembre 1795), malgré l’opposition de l’assemblée municipale au projet, l’église de la commune, l’église Sainte-Eulalie, est transformée en arsenal. Le 15 messidor An IV (3 juillet 1796), la commune décrète « le vieil hôpital » établissement public et projette d’y aménager au 1er étage une salle pour la justice de paix.

Quant au château Larragoyen d’Ascarat, propriété depuis 1777 de Salomon Barthélemy d’Etchepare, capitaine d’infanterie, et où demeure en 1789 son frère, capitaine de cavalerie, tous deux opposés à la révolution, qui ont rejoint l’armée des émigrés, il est confisqué, puis vendu comme bien national. Il est acquis en 1794 par Henri Fargues qui, ainsi, devient propriétaire du château d’Ascarat que sa belle-famille de Guiroye avait détenu de 1741 à 1777. Cependant, Henri Fargues, est lui-même atteint par la loi des suspects du 17 septembre 1793, et il est arrêté sous la Terreur, en mai 1794 semble-t-il, puis est relâché presque aussitôt sur parole. Pendant la réaction thermidorienne, soit après le 27 juillet 1794, il retrouve son fauteuil de président du Directoire départemental des Basses-Pyrénées.

Sous le Directoire, Henri Fargues est, le 23 vendémiaire an IV (15 octobre 1795), élu par 237 voix sur 283 votants, député du département des Basses-Pyrénées au Conseil des Cinq Cents, où le département compte dix représentants. Il s’y occupe surtout des questions douanières et il y prononce un discours remarqué sur l’amnistie de l’an IV. Il est réélu à ce même Conseil des Cinq-Cents après le coup d’état du 18 fructidor An V (4 septembre 1797). Il est ensuite élu au Conseil des Anciens le 25 Germinal An VII (14 avril 1799), où il collabore activement au Coup d’Etat du 18 Brumaire An VIII (9 novembre 1799), qui porte le général Bonaparte au pouvoir. Ainsi, dès le 19 Brumaire, il fait partie de la Commission Intérimaire chargée du pouvoir législatif sous le Consulat, avant d’être nommé, le 3 Nivôse An VIII (24 décembre 1799), membre du Sénat, dont il devient trésorier en 1803. Peu après, il préside le collège électoral des Basses-Pyrénées. Il est fait chevalier de la Légion d’Honneur le 9 vendémiaire an XII (2 octobre 1803), puis commandeur de la Légion d’Honneur le 25 Prairial de la même année (14 juin 1804).

Monsieur le Sénateur Henri Fargues meurt subitement le 24 septembre 1804, dans sa maison de campagne d’Auteuil, à l’âge de 47 ans, soit deux mois avant le sacre de Napoléon par le pape Pie VII en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804.

La famille Fargues après 1804

Devenue veuve d’Henri Fargues, Dame Clotilde de Pémartin, se retire dans la commune d’Ascarat, où elle élit domicile, ce qui est documenté à partir d’avril 1807 par les inscriptions des mariages de ses filles dans les registres d’état-civil de la commune. Elle s’installe dans la « Maison Larragoyen » dont elle a héritée de son mari qui l’avait achetée en 1794. Cette maison change alors de nom pour prendre celui de « Maison de Fargues » ou « Maison de Farguattenia ».

Madame Henri Fargues, née Clotilde de Pémartin, décède entre 1808 et 1830. En effet, elle assiste en mai 1808 au mariage à Ascarat de sa fille Marie, mais elle est notée « Feue », donc décédée, en 1830, lors du mariage à Ascarat de son fils François-Marie. Cependant, elle ne meurt pas à Ascarat, car son décès n’est pas inscrit dans le registre des décès de la commune.

Les mariages des trois filles nées du mariage de M. Henri Fargues et de Dame Clotilde de Pémartin sont célébrés dans la commune d’Ascarat en 1807 et 1808 :

  • Le dimanche 19 avril 1807, Mariage à Ascarat de Demoiselle Marie de Fargues, née à Saint-Jean-Pied-de-Port le 9 octobre 1782, résidant à Paris, fille majeure et légitime de Feu M. Henri Fargues, sénateur, trésorier du Sénat, commandeur de la Légion d’Honneur, et de Dame Clotilde de Pémartin, sa veuve, domiciliée en la présente commune d’Ascarat, et de M. Louis Alexandre Denis Despagne, négociant, domicilié à Paris, fils majeur de M. Louis Michel Despagne, ancien négociant à Paris et de Dame Claude Lucie Vallery, son épouse ;

  • Le dimanche 25 octobre 1807, Mariage à Ascarat de Demoiselle Marie-Sophie Fargues, née à Saint-Jean-Pied-de-Port le 9 octobre 178215, résidant à Paris, fille majeure et légitime de Feu M. Henri Fargues, sénateur, trésorier du Sénat, commandeur de la Légion d’Honneur, et de Dame Clotilde de Pémartin, sa veuve, rentière, domiciliée en la présente commune d’Ascarat, avec M. Jean-Jacques Louis Bitaube, propriétaire-rentier de la commune de Rébenacq, canton d’Arudy, membre du conseil d’arrondissement de Pau, fils légitime de M. Jean-Baptiste Bitaube et de Dame Gracianne Barrère son épouse, rentiers ;

  • Le 7 mai 1808, Mariage à Ascarat de Demoiselle Marie-Félicité Fargues, née à Saint-Jean-Pied-de-Port le 18 mai 1787, fille majeure et légitime de Feu M. Henri Fargues, sénateur, trésorier du Sénat, commandeur de la Légion d’Honneur, et de Dame Clotilde de Pémartin, sa veuve, rentière, domiciliée en la présente commune d’Ascarat, avec M. Joseph Daugerot, âgé de 33 ans, né à Nay le 24 mars 1775, y domicilié, maire de la commune de Sedzère, fils majeur et légitime de M. Jean-Joseph D’Augerot, ancien officier du parlement, maire de la ville de Nay et président du canton et de Dame Claire Elisabeth Poey, son épouse.

Quant à leurs deux fils, ils font carrière l’un dans l’administration, l’autre dans l’armée, carrières qui subissent les contrecoups des changements successifs de régime politique que connait le pays au cours de la première moitié du XIXème siècle :

  • François Marie de Fargues, né en 1785, est nommé auditeur de 1ère classe au Conseil d’Etat sous l’Empire le 12 février 1809 ; il remplit diverses missions à Laybach (aujourd'hui Ljubljana, en Slovénie), puis il est intendant successivement dans les provinces illyriennes et en Espagne. Ecarté en 1812, il est nommé sous-préfet d’Autun le 7 avril 1813. Rallié à Louis XVIII, il devient sous-préfet de Melun le 26 juillet 1814. Ayant rejoint Napoléon durant les Cent Jours, il est nommé préfet de la Marne le 1er mai 1815. Destitué le 14 juillet 1815, il redevient préfet de la Marne du 6 août 1830 au 7 mars 1831. Epuré par la Restauration, il entre dans la vie privée. Il meurt à Paris le 24 novembre 1861.

  • Jean-Baptiste Vincent Fargues, né en 1792, fait une carrière d’officier d’infanterie dont il est réformé ; mis en disponibilité, il s’installe alors à Ascarat dans la maison familiale, la « Maison de Farguattenia », dont il est déclaré résident et propriétaire le 24 mai 1830, alors qu’à l’âge de 37 ans, il épouse à Ascarat, Demoiselle Malvina Claire Hortense Lemière de Corvey, âgée de 25 ans, née le 25 décembre 1805 à Amsterdam, fille légitime de M. Jean Frédéric Auguste Lemière de Corvey, lieutenant-colonel en retraite, chevalier de l’Ordre Royal de la Légion d’Honneur et du Mérite Militaire, et de Mme Françoise Angélique Moustiers. De ce mariage, naissent quatre enfants, trois filles et un garçon, tous nés à Ascarat.

  • Le 28 mars 1832, une fille prénommée Alexandrine Françoise Henriette,

  • Le 1er mai 1833, une fille prénommée Marie Clotilde Claire,

  • Le 20 septembre 1835, une fille prénommée de Caroline Louise Jeanne,

  • Le 5 octobre 1845, un garçon prénommé Julien Auguste Henri.

Mais, six mois plus tard, le 11 avril 1846, Jean-Baptiste Vincent Fargues décède à Ascarat, à l’âge de 53 ans, maître de la « Maison de Fargues », ou « Maison de Farguattenia », où il s’éteint. Madame Jean-Baptiste Vincent Fargues, née Malvina Claire Hortense Le Mière de Corvey, veuve à l’âge de 40 ans et mère de trois filles âgées de 14, 13 et 11 ans et d’un fils de 6 mois, semble avoir alors quitté la « Maison de Farguattenia » et la commune d’Ascarat. En effet, aucune entrée au nom de Fargues n’apparait dans les registres municipaux après cette date du 11 avril 1846.

Epilogue

La « Maison de Farguattenia », soit l’ancien « Château de Larragoyen » avec ses dépendances, est mise en vente en 1860 par les descendants de la famille Fargues. Cette maison qui change alors plusieurs fois de propriétaire, appartient alors successivement aux familles de Guipeville jusqu’aux années 1940, Jean Inchauspé, puis Léon Inchauspé ensuite.

Elle est dénommée maison « de Fargues » ou « de Farguea » sur le « Cadastre Napoléon ». Elle devient le « Château de Fargas » sur les cartes I.G.N. à l’échelle du 1/25.000. Elle est appelée « Maison Fargasenia » par les habitants de la commune. Récemment rachetée par la commune d’Ascarat, elle est actuellement en cours de restauration, tandis que le lotissement créé dans l’ancien parc du château a pris le nom de « Lotissement de Larregoyen », conservant ainsi le souvenir de l’ancien châtelain d’Ascarat.

Ainsi donc, le « Château de Fargas » dans le village d’Ascarat reste aujourd’hui le dernier témoin de cette famille « Fargues » qui joua un rôle éminent au cours des années de transition que connurent Saint-Jean-Pied-de-Port et le Pays de Cize lors du passage du XVIIIème au XIXème siècle et dont le chef de famille, Henri Fargues, franchit tous les échelons de la vie politique depuis la mairie de Saint-Jean-Pied-de-Port sous la Royauté, puis sous la Révolution, jusqu’au Sénat à la veille de l’Empire.




Bibliographie

-Histoire Générale du Pays Basque par Manex Goyhenetche, Ed. Elkar - Tome IV : La révolution de 1789, Saint-Sébastien-Bayonne 2002 ;

-Saint-Jean-Pied-de-Port en Basse-Navarre, l’histoire et l’archéologie par René Cuzacq, Ed. J. Lacoste, Mont-de-Marsan 1960 ;

-Saint-Jean-Pied-de-Port - Souvenirs historiques et religieux par l’abbé P. Haristoy, Pau 1897, réimprimé à Nîmes par les éditions Lacour en 1992 ;

-De la Cité de Saint-Jean-Pied-de-Port, par Pierre Hourmat, Professeur honoraire à l’université de Pau et des pays de l’Adour ;

-Correspondances de l’Armée des Pyrénées occidentales, Juin 1793 : Archives du Service Historique de la Défense, dossier Terre GR B4 5 ;

-Un siècle d’histoire à Ascarat : 1689-1789, par Jean Irigaray ;

-Archives de la Cour Générale de la vallée de Baîgorry 1686-1790 ;

-Registres des Délibérations de la Municipalité de Saint-Jean-Pied-de-Port :

  • 1er Registre : Registre des Délibérations du 2 octobre 1765 au 15 Thermidor An XIII

    • 1767-1788,

    • 1788-1791 ;

  • 2ème Registre : « Grand Registre de la Municipalité : Février 1790 – Mars 1816

    • 1790-1792 ;

-Registres d’état-civil de la commune de Saint-Jean-Pied-de-Port : BMS et NMD consultés sur internet et Registre des Naissances, des Mariages et des Décès consultés en mairie ;

-Registres d’état-civil de la commune d’Uhart-Cize : BMS et NMD consultés sur internet ;

-Registres d’état-civil de la commune d’Ascarat : BMS et NMD consultés sur internet ;

-Registres d’état-civil de la commune d’Oloron, paroisse Sainte-Croix : BMS consultés sur internet.




1 La famille de Logras est une très ancienne famille noble de Saint-Jean-Pied-de-Port, où sa présence est attestée dès 1513. Sa devise gravée sur le linteau de la porte de son « palacio », située en partie basse de la rue de la citadelle, est : « Post Funera Virtus Vivit » (Le courage survit à la mort). Elle possède également un château, le château d’Olhonce, sur la route conduisant de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Michel, situé sur le territoire de la commune de Çaro, Plusieurs membres de la famille furent jurats de Saint-Jean-Pied-de-Port, dont Gil de Logras en 1514 et Jean de Logras en 1704. La famille de Logras devint « marquis d’Olhonce de par le Roy » en 1758. Bertrand-Dominique-Joachim de Logras, marquis d’Olhonce, conseiller au parlement de Navarre, fut désigné comme député de la noblesse dans la « députation vers le roi » des Etats de Navarre lors de la convocation en 1789 des Etats Généraux. La famille de Logras s’éteignit à la fin du XIXème siècle.

2 Vincent Jean-Baptiste de Guiroye, après une carrière militaire, fut de 1853 à 1858 maire de la ville d’Alger, où il décéda à l’âge de 78 ans le 26 août 1868, et où il avait épousé, le 24 février 1835, Augustine Goyon de Beaucorps ; il était Commandeur de l’Ordre Impérial de la Légion d’Honneur, Chevalier de Saint-Louis et décoré de plusieurs ordres étrangers.

3 Les Caupenne d’Amou sont une famille de la noblesse locale originaire de la Chalosse, apparentés aux Gramont, bien enracinés dans la ville de Bayonne. En 1747, est nommé lieutenant du roi à Bayonne, Jean-Baptiste de Caupenne, (1711-1788), marquis d’Amou, chevalier de l’ordre de Saint-Louis, qui a participé à la guerre de Succession d’Autriche dans les Gardes Françaises, notamment à la bataille de Fontenoy. Henri de Caupenne épouse en 1737 Marthe de Saint-Martin, vicomtesse d’Echaux (ou Etxauz), dont le château surplombe le village de Saint-Etienne-de-Baïgorry.

4 Le traité des Pyrénées de 1659, qui avait déterminé un tracé général de la frontière, n’avait pas réglé certaines situations particulières, auxquelles, déjà en 1614, les « Capitulations royales », signées en 1613 préalablement au mariage de Louis XIII avec l’infante d’Espagne Dona Ana, Anne d’Autriche, n’avaient pas apporté de solutions satisfaisantes.

5 Jusqu’à la Révolution, l’église paroissiale de Saint-Jean-Pied-de-Port était l’église Sainte-Eulalie, située hors les murs de l’enceinte médiévale. Notre-Dame-du-Bout-du-Pont n’avait alors rang que de chapelle. Ce fut en application du concordat de 1801, qu’elle devint église paroissiale lors de la reprise du culte en 1803, et prit le nom d’église Notre-Dame-du-Bout-du Pont.

6 Un dénommé Vergez, sans doute de cette même famille, avait été jurat de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port en 1753.

7 La création de principe de la Garde nationale avait été prise par le décret du 13 juillet 1789. Son organisation fut précisée par la loi du 14 octobre 1791.

8 D’origine lorraine, ancien soldat du régiment royal de « Perche Infanterie », au sein duquel il avait été en garnison dans la citadelle, il s’était marié à Saint-Jean-Pied-de-Port où il exerçait la profession de maitre tailleur, depuis qu’il avait obtenu son congé militaire fin septembre 1777.

9 Delalain (Alexandre de Lalain) 1748-1814 : Engagé en 1748, lieutenant en 1772, capitaine commandant en 1789, lieutenant-colonel en 1791, nommé commandant le 5ème bataillon d’infanterie légère, ex « Chasseurs Cantabres » en la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port le 7 janvier 1792.

10 Pour pallier le manque d’unités de cavalerie dans les Armées de la République, le décret de l’Assemblée Nationale du 31 mai 1792 autorise la création de 54 compagnies franches.

11 Nucé (1740-18 ??) : Né à Innsbruck, en Autriche, sous-lieutenant au service de la France en 1761, capitaine en 1784, lieutenant-colonel en 1791, maréchal de camp le 25 septembre 1792, employé à l’Armée des Pyrénées Occidentales, il commande la place de Saint-Jean-Pied-de-Port jusqu’au 19 mars 1793, date à laquelle il est rappelé à Toulouse.

12 Lacuée (1752-1841) Jean Girard : Aspirant d’artillerie le 1er octobre 1768, député à la Législative, non réélu à la Convention, il est, en 1792, Adjudant-Général détaché à Bayonne comme Commissaire du Conseil exécutif. Chef d’Etat-Major du général Servan commandant l’armée des Pyrénées en décembre 1792, il est nommé, le 6 mai 1793, chef d’état-major de la division de droite, puis, le 8 mai, chef d’état-major, à Toulouse, du général Servan, commandant l’Armée des Pyrénées Occidentales, fonction dans laquelle il succède au général Choderlos de Laclos.

13 La Genetière (1740-1796) Pierre François Lambert Lamoureux de : Né à Givet le 25 septembre 1740, enseigne le 12 avril 1759, capitaine au Gâtinais Infanterie en 1777, il cesse tout service le 9 décembre 1785. Enrôlé dans la garde nationale de Paris le 18 août 1789, il demande à réintégrer l’armée. Nommé maréchal de camp à l’Armée des Pyrénées le 12 octobre 1792, il est désigné commandant du camp de Saint-Jean-Pied-de-Port le 19 mars 1793 et la division éponyme le 1er mai 1793.

14 Servan de Gerbey (Joseph) 1741-1808 : Volontaire au régiment de Guyenne en 1760, sous-lieutenant en 1762, lieutenant-colonel en 1791, lieutenant-général en 1792, ministre de la guerre à deux reprises, nommé commandant-en-chef de l’armée des Pyrénées le 30 septembre 1792, puis de l’armée des Pyrénées Occidentales lors de sa création en avril 1793, il subit les attaques espagnoles d’avril et juin 1793.

15 Il y a erreur sur cette date provenant d’une confusion entre Marie, l’aînée, dont la naissance en octobre 1782 est bien enregistrée dans les archives de la paroisse d’Uhart et Marie-Sophie dont la naissance n’est pas enregistrée dans ces archives, qui pourrait être née vers 1783-84, ou en 1786, mais pas après dès lors qu’elle est dite majeure lors de son mariage en 1807.

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