2014. Le destin d'un soldat de l'armée royale sous la révoution française, Joseph Matenotte dit Lavictoire (1750-1794)
Citoyen
de la Ville de Saint-Jean-Pied-de-Port
Commandant
du 1er Bataillon de Chasseurs Basques
Général
de Brigade des Armées de la Révolution Française sous la
Convention
Article publié par le Bulletin de la Société des sciences lettres et arts de Bayonne, n° 169, année 2014
Mes
travaux sur l’histoire de la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port
m’avaient fait rencontrer un certain Joseph Matenotte, habitant
d’Uhart-Cize, devenu général de brigade sous le pseudonyme de
Lavictoire, durant la Révolution française. Lors de récentes
recherches dans les registres paroissiaux de l’église
d’Uhart-Cize, j’ai, par hasard, trouvé l’acte de mariage de ce
Joseph Matenotte, puis les actes de baptême de son épouse et de
leurs enfants. Je découvris enfin leurs actes de décès dans les
actes d’état-civil des communes de Saint-Etienne-de-Baïgorry et
de Saint-Jean-Pied-de-Port. Décidant alors d’approfondir la
connaissance de ce personnage, j’étendis mes recherches aux
archives du Service Historique de la Défense au château de
Vincennes, afin de reconstituer la vie et la carrière de cet
officier général.
L’Etat-Civil du général Lavictoire
Les
registres paroissiaux de l’église Notre-Dame d’Uhart-Cize
précisent l’état-civil du général Lavictoire. Son vrai nom
était Joseph Matenotte, selon l’orthographe qu’il en
donne lui-même en signant son acte de mariage, d’une calligraphie
qui ne permet pas de douter de sa maîtrise de l’écriture. Les
documents d’état-civil de l’époque, alors que l’orthographe
des noms de famille n’était pas encore stabilisée, comme les
récits historiques ou le dictionnaire de Georges Six, en donnent des
orthographes variés : Matenot, Mattenote et Matenotte. Nous
orthographierons donc son nom : Joseph Matenotte,
orthographe confirmé par son dossier militaire, déposé au château
de Vincennes.
Son
acte de mariage, inscrit au registre des actes de mariage de l’église
d’Uhart-Cize le 15 octobre 1777, nous apprend que Joseph Matenotte
est lorrain. Son acte de baptême, retrouvé dans son dossier
militaire, indique qu’il est né le 24 novembre 1750, à Delme à
proximité de Metz, alors chef-lieu de canton dans le département de
la Meurthe. Il est le fils de Sébastien Matenotte, à cette date
tailleur d’habits à Delme, et d’Antoinette Jean son épouse. Ce
père, Sébastien Matenotte, décédé le 21 janvier 1752, à l’âge
de 29 ans, comme l’indique son acte d’inhumation au cimetière de
Delme, y exerce la profession d’aubergiste lors de son décès. Sa
mère Antoinette Jean, veuve de Sébastien Matenotte, vit à Delme
lors du mariage de son fils à Uhart-Cize en 1777, mariage auquel
elle n’assiste pas.
Joseph
Matenotte exerce la profession de tailleur d’habits lors de son
mariage le 15 octobre 1777, puis de « maître tailleur1
d’habits » un an plus tard, lors du baptême de leur premier
enfant. Il réside alors sur le territoire de la paroisse
d’Uhart-Cize. Il en est de même pour son épouse, Jeanne Fonrouge,
dont les parents étaient déjà membres de cette paroisse en 1759,
ainsi que le précise son acte de baptême. Quant aux actes de
baptême de leurs enfants, ils montrent qu’après son mariage, le
couple continue à résider sur le territoire de la paroisse
d’Uhart-Cize, ce qui est encore le cas en mai 1789, à la veille de
la Révolution française.
Mais
Joseph Matenotte était-il pour autant citoyen de la commune
d’Uhart-Cize (Basses-Pyrénées) », comme l’affirment les
récits des combats de la Révolution française sur la frontière
franco-espagnole ?
La
réponse à cette question se trouve dans les registres paroissiaux
de l’église d’Uhart-Cize et les documents d’état-civil de la
ville de Saint-Jean-Pied-de-Port. Dans l’acte de mariage de Joseph
Matenotte, comme dans tous les actes des registres paroissiaux de
cette église, le curé, M. Mendiry, précise : « Je
soussigné curé de la paroisse d’Uhart et de la rue Saint-Michel à
Saint Jean de pié de port ». En effet, jusqu’à la
Révolution française, la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port ne
constituait pas une paroisse unique. Héritière de l’organisation
territoriale du Moyen-Âge, elle restait partagée entre deux
paroisses distinctes : le quartier de Sainte-Marie et le
faubourg d’Ugange constituaient une première paroisse, dont
l’église Sainte-Eulalie, hors les murs, était l’église
paroissiale2.
Quant au quartier de Saint-Michel (autour de l’actuelle rue
d’Espagne), il appartenait alors à la paroisse d’Uhart-Cize, la
Nive constituant la limite entre les deux paroisses. Ainsi, les
baptêmes, mariages et inhumations des habitants de
Saint-Jean-Pied-de-Port, résidant dans le quartier de Saint-Michel,
étaient célébrés dans l’église Notre-Dame d’Uhart-Cize et
donc inscrits dans les registres paroissiaux de cette paroisse
d’Uhart et de la rue Saint-Michel dans la ville de St Jean de pié
de port.3.
Les
rapports des ingénieurs du Roy, confirmés par les cartes et les
plans de l’époque moderne, précisent que la ville de
Saint-Jean-Pied-de-Port était alors composée de trois entités :
le quartier de Sainte-Marie, la ville haute, fermé par la
muraille médiévale, le faubourg d’Ugange, situé hors de
l’enceinte médiévale, regroupé autour de l’église
Sainte-Eulalie, et le quartier de Saint-Michel sur la rive
gauche de la Nive autour de la rue Saint-Michel4.
Dans son Mémoire de 1718, M. de Salmon, ingénieur du Roy précise
que : « les deux quartiers de la ville, quoique de
paroisses différentes d’Ugange et de Huart ne font qu’une même
juridiction sous le même magistrat ». Les jurats
siégeaient dans la « Maison de Ville », située dans la
partie haute de l’actuelle rue de la citadelle, connue aujourd’hui
sous la curieuse dénomination de « Prison des évêques5 ».
Jusqu’à
la Révolution, la tenue de l’état-civil était déléguée à
l’Eglise qui enregistrait les baptêmes, donc les naissances, les
mariages et les inhumations, donc les décès, au niveau de chaque
paroisse, qui constituait l’organisation territoriale de base du
royaume depuis les origines. Cette organisation n’avait pas été
modifiée lors de la création des villes, dont les limites
territoriales pouvaient être différentes, tel le cas à
Saint-Jean-Pied-de-Port. Les registres paroissiaux étaient en fin de
chaque année remis au greffe, comme cela est indiqué sur le
registre, par exemple pour l’an 1777 : « Remis au
greffe 4 février 1778 ». Ils étaient chaque année,
vérifiés par le juge royal du pays de Cize, qui en paraphait chaque
page : « Mendiry juge » et portait sur la
dernière page la mention : « Nous Jean de Mendiry,
Conseiller du Roy, Alcade juge royal du païs de Cize, avons cotté
et paraphé le présent registre suivant l’ordonnance contenant
douze pages y compris la présente, pour servir aux baptêmes et
mariages de l’église Notre-Dame paroissiale d’Uhart, …».
La
lecture de l’acte de mariage de Joseph Matenotte indique que, lors
de son mariage en 1777, il habitait la paroisse d’Uhart-Cize, sans
autre précision. Il en est de même pour son épouse, « Jeanne
Fonrouge, fille légitime de feu Jean Fonrouge et de Marie Recalde,
résidante aussi en cette paroisse, maison de Margotena »
sans autre précision. Mais d’autres actes, antérieurs ou
postérieurs à ce mariage, nous donnent les informations manquantes.
L’acte de naissance de Jeanne Fonrouge en 1759 précise que ses
parents habitaient alors la rue Saint-Michel de
Saint-Jean-Pied-de-Port : « Jeanne, née d’hier du
légitime mariage de Jean Fonrouge, employé pour les droits du
domaine en Espagne, et de Marie Laco, habitant dans la maison
d’Espinalen en la dite rue Saint-Michel, conjoints ». Le
couple Matenotte habite dans la même rue lors de la naissance de
leur premier enfant le 27 septembre 1778 : « Marie, née
hier du légitime mariage de Joseph Matenotte, dit La Victoire,
maître tailleur d’habits, et de Jeanne Fonrouge, conjoints,
faisant leur résidence dans la maison de Chimalenia, en la dite rue
Saint-Michel ». S’ils déménagent ensuite pour habiter
la maison de Basteguelia, où ils résident en 1785, lors du baptême
de leur cinquième enfant, l’acte précise qu’elle est en la
dite rue Saint-Michel.
Quant
à leur dernier enfant, né en 1794 douze jours après le décès de
son père, sa naissance est inscrite au registre des naissances de la
ville de Saint-Jean-Pied-de-Port : « Le 2 messidor an
II (20 juin 1794) …, Jeanne Fonrouge épouse à feu Joseph
Matenotte dit Lavictoire, général de brigade, est accouchée ce
jour à dix heures du matin, en son domicile, d’un enfant femelle à
laquelle on a imposé le prénom de Marie, … . ».
Cependant,
l’acte de mariage de Joseph Matenotte et Jeanne Fonrouge stipule
que les bans en ont été publiés « tant en cette église
qu’en celle de Saint Jean de pié de port, sans qu’il ait paru
aucun empêchement ny opposition, comme il parait du certificat de M.
d’Arralde, prêtre major de la dite ville de Saint Jean de pié de
port en datte du treize de ce mois ». Cette publication des
bans était nécessaire dès lors Joseph Matenotte avait appartenu à
cette paroisse lorsqu’il était, l’année précédente, en
garnison à la citadelle, comme nous le verrons plus avant.
Ainsi,
si il était paroissien de l’église d’Uhart-Cize, Joseph
Matenotte n’en était pas moins citoyen de la ville de
Saint-Jean-Pied-de-Port.
La famille et les enfants de Joseph Matenotte et Jeanne Fonrouge
L‘acte
de mariage de Joseph Matenotte nous apprend que, âgé de vingt-sept
ans, il se marie, le 15 octobre 1777, avec Jeanne Fonrouge, elle-même
alors âgée de dix-huit ans, fille d’un officier royal, Jean
Fonrouge, alors décédé, employé pour les droits du domaine en
Espagne, qui avait lui-même épousé une basquaise, Marie Laro
Recalde. L’acte de baptême de Jeanne Fonrouge indique qu’elle
est née le 3 janvier 1759, dans la maison d’Espinal en la dite
rue Saint-Michel. Jeanne Fonrouge, a au moins deux sœurs,
dénommées Gracianne et Marie, ainsi que trois frères, Jean et
Pierre, exerçant les professions de blancher6
et de corroyeur7,
et Hugues, cavalier de la maréchaussée en 1783. D’autres Fonrouge
sont, l’un marchand quincaillier à Saint-Jean-Pied-de-Port,
l’autre chaudronnier à Saint-Jean-le-Vieux. Pendant la Révolution,
Favian Fonrouge, né en 1774, et Raymond Fonrouge son frère, né en
1771, probables cousins de Jeanne Fonrouge, sont lieutenants
respectivement aux 3ème et 4ème bataillons de
chasseurs basques8.
La famille Fonrouge est dùment implantée en Pays de Cize.
Du
mariage de Joseph Matenotte et Jeanne Fonrouge naissent neuf enfants,
cinq filles et quatre garçons, qui ont tous atteint l’âge
adulte :
-
Marie, née le 26 septembre 1778,
-
Marie9, née le 15 janvier 1780,
-
Graciane, née le 31 janvier 1781,
-
Hugues, né le 3 avril 1783,
-
Marie, née le 21 juin 1785,
-
Clément, né le 20 septembre 1786,
-
Guillaume, né le 21 mai 178910,
-
Christophe, né le 4 septembre 1792,
-
Marie, née le 20 juin 1794.
Cette
dernière fille naquit douze jours après le décès de son père,
survenu, comme nous le verrons, le 7 juin 1794. Les naissances des
sept premiers de ces enfants sont inscrites dans les registres de
baptême de la paroisse d’Uhart-Cize. La naissance du dernier de
ces enfants est enregistrée dans le registre des naissances de la
commune Saint-Jean-Pied-de-Port. Quant à Christophe, le huitième de
ces enfants, le quatrième garçon, sa naissance n’apparait dans
aucun des registres de baptême ou de naissance des paroisses et
communes d’Uhart-Cize ou de Saint-Jean-Pied-de-Port, qui sont
inexistants ou lacunaires pour l’année 1792. C’est dans le
dossier de pension de la « Veuve Matenotte » que l’on
trouve, sous le timbre de la Commune de Nive Franche, en date du 4
septembre 1792, la copie de l’acte de baptême (sic) de Christophe
Matenotte, fils légitime de Joseph Matenotte, tailleur, et de Jeanne
Fonrouge, son épouse, habitants de cette ville.
La carrière militaire de Joseph Matenotte dans l’armée royale
L’acte
de mariage de Joseph Matenotte nous apprend qu’ancien soldat du
régiment de « Perche Infanterie », qui tenait
précédemment garnison dans la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port,
il est alors en congé de l’armée royale. Les archives conservées
au château de Vincennes permettent de préciser sa carrière
militaire.
Le
2 décembre 1770 à l’âge de vingt ans Joseph Matenotte s’engage
dans l’armée royale au « Régiment du Dauphin » à
Strasbourg où ce régiment tient alors garnison. C’est à cette
époque qu’il prend le nom de « Lavictoire », parfois
écrit « La Victoire ». Créé par Louis XIV le 15 juin
1667, le Régiment du Dauphin, venant de Corse, est arrivé en
septembre 1769 à Strasbourg, où il a participé en mai 1770 à la
réception de la Dauphine Marie-Antoinette. Quittant cette garnison
avec son régiment début 1771, Joseph Matenotte séjourne
successivement dans une demi-douzaine de garnisons françaises, dont,
en dernier, Valencienne.
Dans
le cadre de la réorganisation de l’armée mise en œuvre en 1775,
le Régiment du Dauphin, alors à quatre bataillons, donne naissance
à deux régiments à deux bataillons chacun : le premier
conservant le nom de « Régiment du Dauphin », le second
prenant celui de régiment du « Perche Infanterie ».
Joseph Matenotte est compris dans la formation de l’un des deux
bataillons de ce régiment, où il sert dans une compagnie de
fusiliers, commandée par le capitaine Favas. En octobre 1776, les
deux bataillons s’installent respectivement à Libourne et à
Saint-Jean-Pied-de-Port, ce jusqu’en avril 1777, date à laquelle
ils rejoignent Bayonne et Auch. Joseph Matenotte appartient au
bataillon qui tient garnison à la citadelle de
Saint-Jean-Pied-de-Port pendant six mois, d’octobre 1776 à avril
1777. C’est au cours de ce séjour qu’il fait la connaissance de
Jeanne Fonrouge et de sa famille.
Ayant
obtenu le 22 septembre 1777 son congé militaire, il revient
s’installer à Saint-Jean-Pied-de-Port, soit cinq mois après
l’avoir quitté. Le marquis de Gontaut-Saint-Geniez, colonel du
« Perche Infanterie » depuis sa formation, signe le
« congé militaire » de Joseph Matenotte, qui confirme
qu’il servit au régiment « Dauphin-Infanterie », puis
au régiment de « Perche Infanterie » pendant sept ans
deux mois et douze jours, soit du 2 décembre 1770 au 15 février
1778, date d’effet de son congé obtenu le 22 septembre 1777. Ce
congé est également signé de « Favas, capitaine, Burande,
major du même régiment, et approuvé par Monseigneur Devoyer
d’Argenson, lieutenant-général des armées du Roy. »
La carrière militaire de Joseph Matenotte dans les armées de la Révolution
Depuis
son installation comme « maître tailleur d’habits » à
Saint-Jean-Pied-de-Port en octobre 1777, Joseph Matenotte avait
vraisemblablement fait partie de la compagnie de milice de la ville
de Saint-Jean-Pied-de-Port, placée sous le commandement du maire et
des jurats de la ville. La Révolution venue, il entre dans la Garde
nationale de Saint-Jean-Pied-de-Port, où il effectue un service
continu en qualité de lieutenant-colonel, à compter du 3 août
178911.
Dans
les débuts de la Révolution, la France et l’Espagne,
respectueuses des termes du Pacte de Famille conclu en 1761 entre
Louis XV et Charles III, avaient maintenu la paix entre elles.
Cependant, dès l’année 1791, la frontière franco-espagnole fut
le théâtre de tensions. Lorsque la France, le 20 avril 1792,
déclara la guerre au roi de Bohème et de Hongrie12,
les habitants des pays de Cize et Baïgorry, qui se considéraient en
état de guerre avec les Espagnols depuis la signature du « Traité
d’Elizondo »13,
assumèrent spontanément la garde de leur frontière. Des
concentrations de forces armées espagnoles se produisirent à la
frontière dès la fin de l’été 1792. En réponse, le 2 septembre
1792, la municipalité de Saint-Jean-Pied-de-Port proclama la mise en
alerte de la garde nationale.
Quant
aux armées, réorganisées par des décrets pris en 1791 et 1792,
elles comprenaient d’abord les régiments de ligne, héritiers des
régiments royaux. Ainsi le régiment de Chasseurs Cantabres14,
en garnison à Saint-Jean-Pied-de-Port depuis 1788, devint le 5ème
bataillon d’infanterie légère, articulé en quatre compagnies.
Elles comprenaient ensuite des bataillons de volontaires nationaux
formés à partir des levées de volontaires successives :
50 000 en juillet 1792, 300 000 en février 1793, qui
rencontrèrent des difficultés partout en France, mais plus encore
en Pays Basque, où elles furent un échec. A
Saint-Jean-Pied-de-Port, aucun volontaire ne se présenta.
Pour
pallier le manque d’éléments légers de reconnaissance dans les
armées, l’Assemblée législative15,
par décret du 28 mai 1792, décida la création de compagnies
franches, chacune à 200 hommes, tous volontaires. Dans les vallées
du département des Basses-Pyrénées, quatre de ces compagnies
furent levées en octobre 1792 à partir des éléments qui avaient
spontanément pris les armes. Ces compagnies, d’un effectif
d’environ 150 hommes équipés d’un armement disparate, avaient
une mission d’éclairage et de reconnaissance, où elles
excellaient grâce à leur connaissance du pays, qui palliait leur
manque d’instruction militaire. Les Représentants du Peuple,
Commissaires de la Convention Nationale, Carnot, Lamarque et Garrau
arrivés à Saint-Jean-Pied-de-Port le 6 novembre 1792, « pour
préparer la défense nationale contre une éventuelle agression de
l’Espagne », et inspecter la citadelle, autorisèrent
officiellement la création des quatre compagnies franches déjà
existantes16.
Parmi celles-ci, la compagnie franche recrutée dans la vallée de
Baïgorry élut pour son capitaine le jeune Jean Isidore Harispe17,
âgé de 21 ans, qui l’avait levée.
Six
compagnies franches supplémentaires, équipées et armées, prêtes
à être passées en revue dès le 20 février 1793, sont
officiellement créées à la mi-mars 1793. Joseph Matenotte, sous
son pseudonyme de Lavictoire, se voit attribuer le 2 avril 1793 le
commandement de l’une de ces compagnies franches avec le grade de
capitaine, selon la déclaration signée par lui-même le 16 Floréal
An II (5 mai 1794) de son P.C. de général de brigade à Baïgorry,
déclaration que l’on trouve dans son dossier militaire.
C’est
donc à la tête de cette compagnie franche qu’il fait toute la
campagne de l’année 1793 au sein de l’Armée des Pyrénées
Occidentales (A.P.O.), créée par décret de la Convention du 30
avril 1793 avec son quartier général à Bayonne. Dès la
déclaration de guerre par la Convention à l’Espagne, le 7 mars
1793, ces dix compagnies sont engagées, dont au moins neuf d’entre
elles18,
au sein de la division de Saint-Jean-Pied-de-Port, dans les premiers
combats aux cols frontière contre l’attaque en force menée par
l’armée espagnole. Elles s’illustrent à Arnéguy et Ondarolle,
et surtout dans la vallée de Baïgorry, qui s’avance comme un
doigt de gant entre le Baztan et le Val Carlos espagnols, que
l’ennemi, très supérieur en nombre, s’acharne à déborder par
les cols, notamment ceux d’Ispéguy et de Berdaritz, pour s’emparer
de la fonderie de Banca. C’est lors des combats du mont Arrola,
au-dessus des Aldudes, le 4 juin 1793, que la compagnie d’Harispe
s’illustre en en assurant le recueil du bataillon de volontaires
commandé par le lieutenant-colonel Mauco19,
blessé, qui se replie en désordre du col de Lindus.
Ces
dix compagnies franches sont regroupées pour former, en janvier
1794, trois, puis quatre, bataillons. Lavictoire est nommé
adjudant-général chef de bataillon, commandant le 1er
bataillon de Chasseurs Basques le 30 décembre 1793. La compagnie
franche de Baïgorry20,
ou compagnie Harispe, est intégrée au 2ème
bataillon de Chasseurs basques, dont le commandement est confié à
Harispe, promu adjudant-général chef de bataillon le 3 janvier
1794, grade dont le brevet lui fut remis par le général de brigade
Mauco, adjoint au commandant de la division de
Saint-Jean-Pied-de-Port. L’appellation de « Chasseurs
Basques »
21
semble contemporaine de la fusion des compagnies franches en
bataillons, comme le confirment les inscriptions des registres
d’état-civil de Saint-Jean-Pied-de-Port22.
Chaque bataillon est organisé en 7 compagnies (ou 9, dont une de
carabiniers, selon certains documents), chacune encadrée par un
capitaine, un lieutenant et un sous-lieutenant.
Le
secteur de Baïgorry est tenu en janvier 1794 par le bataillon
Harispe auquel le général Muller, commandant l’A.P.O., recommande
par lettre de « conserver Arrola malgré les difficultés ».
Le secteur de Bidarray est tenu le 1er bataillon, commandé
par le citoyen Lavictoire, auquel, en février, le général Muller
écrit une lettre insistant sur l’importance du secteur qu’il
tient et lui recommandant de conserver une posture défensive en
renonçant à l’attaque du col d’Harrieta comme il le proposait.
Ce 1er bataillon de Lavictoire connait alors un grave
incident : la désertion de quarante-sept chasseurs basques,
dans la nuit du 19 au 20 février 1794, qui rejoignent, avec armes et
bagages, les rangs royalistes de la Légion royale des Emigrés du
marquis de Saint-Simon. Cet incident provoque la sanction de
déportation prise par les Représentants en mission, Pinet et
Cavaignac, contre quatre mille « habitants des communes
infâmes de Sarre, d’Itsatsou, d’Ascain, des communes suspectes
d’Espelette, d’Ainhoa et Souraïde », ainsi que la
condamnation à mort de quatre habitants d’Itxassou, dont le
cabaretier Domingo Garat chez qui ils avaient diné la veille de la
désertion, par la Commission Extraordinaire de Bayonne.
Le général de brigade Joseph Matenotte, dit Lavictoire
L’A.P.O.
consacre le début de l’année 1794 à la préparation de la
reprise de l’offensive prévue au printemps. Au premier trimestre
1794, la division de gauche, celle de Saint-Jean-Pied-de-Port
comprend trois bataillons de Chasseurs Basques23,
dix bataillons de volontaires et la 5ème demi-brigade
légère, formée autour du 5ème bataillon d’infanterie
légère, précédemment bataillon de Chasseurs Cantabres, stationné
dans la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port24
dès avant la Révolution française. Ausein de cette division,
Joseph Matenotte est promu général de brigade, sous le nom de
général Lavictoire, par la Convention le 25 Germinal An II (14
avril 1794) ainsi qu’en témoigne son Brevet de Général de
Brigade établi à Paris à cette date par .le Conseil Exécutif
provisoire, inclus dans son dossier militaire. Il est alors nommé
Commandant de l’Avant-Garde de la division de gauche de l’Armée
des Pyrénées Occidentales. Lavictoire exerce cette fonction de
commandant de l’avant-garde, le 5 mai 1794 (16 Floréal An II),
alors qu’il signe de son P.C. de Baïgorry la déclaration, déjà
citée, insérée dans son dossier militaire.
L’offensive
française commence, début juin 1794, par le nettoyage de la vallée
des Aldudes, réalisé à partir du camp retranché de
Saint-Jean-Pied-de-Port. Sous les ordres du général Mauco, la
division de gauche attaque simultanément en direction des deux cols
d’Ispéguy et de Berdaritz, séparant la vallée de Baïgorry de
celle du Baztan. L’attaque des Aldudes et du col de Berdaritz est
commandée par le général Lavictoire, lui-même accompagné par les
« Représentants du Peuple » en mission Pinet et
Cavaignac. Les troupes sous ses ordres incluent le 2ème
bataillon de chasseurs basques commandé par Harispe. Le 2 juin,
l’ensemble des unités se met en mouvement en direction du col de
Berdaritz (685m), que défendent deux redoutes espagnoles. Situées à
une altitude légèrement supérieure à 700m, à proximité des
bornes 118 et 119 et distantes de 500m environ, elles se soutiennent
mutuellement. Au terme d’une longue marche d’approche de quatorze
heures, en terrain difficile par la montagne, l’assaut à la
baïonnette de la redoute de la cote 119 est déclenché le 15
Prairial An II (3 juin 1794) à 11h00 par le général Lavictoire.
Les Français se heurtent immédiatement à une fusillade intense et
au tir de deux canons. Dès le début de l’action, le général de
brigade Lavictoire, « aussi intrépide que bon
républicain », est grièvement blessé, d’une balle au
ventre, au premier feu que fit la première redoute.
La mort du général Lavictoire
Joseph
Matenotte, blessé d’une balle au ventre à l’attaque de la
redoute de Berdaritz le 3 juin 1794, est transporté à Thermopile
(Saint-Etienne-de-Baïgorry). Il y meurt, à l’âge de
quarante-quatre ans, le 19 Prairial An II (7 juin 1794) comme
l’atteste le registre des décès de la commune de
Saint-Etienne-de-Baïgorry, « à onze heures du matin en la
maison ci-devant curiale à la suite de la blessure qu’il a reçu
dans l’attaque faite contre l’ennemy le quinze du mois de
prairial (combats du 3 juin 1794) dans la redoute de
Berdaritz, où était campé l’ennemy ».
Le
certificat médical d’autopsie de Joseph Matenotte, inclus dans son
dossier militaire, fut établi à Bayonne, le 11 ventôse an III (1er
mars 1795), par l’officier de santé, chirurgien de 1ère
classe de l’A.P.O., ayant pansé le citoyen Lavictoire, général
de brigade. Il rapporte le résultat de l’autopsie pratiquée le 19
prairial (7 juin) après avoir constaté son décès : plaie
pénétrante dans la capacité de l’abdomen, avec lésion de la
portion ascendante de l’intestin colon droit, suivie d’épanchement
de matières fécales dans la cavité du bas-ventre. L’acte de
décès, ou « Extrait de Mort », établi le 19 prairial
an II (7 juin 1794) par la municipalité de Thermopile
(Saint-Etienne-de-Baïgorry) précise que Joseph Matenotte, dit
Lavictoire, a été inhumé et enterré place de la Liberté de la
commune.
Le
dossier militaire de Joseph Matenotte précise le total de ses années
de service : 7 ans, 2 mois et 12 jours d’une part, dans
l’armée royale, 2 ans, 3 mois, d’autre part, dans les armées de
la république, soit un total de : 9 ans, 5 mois et 13 jours. Ce
dossier militaire comporte enfin la copie certifiée conforme par le
citoyen Mauco, général de division de ses « Campagnes,
Actions et Blessures » : « A fait les deux
campagnes de la 2ème année de la
république : 1793 et 1794 à l’APO. Dans le cours de la
seconde, le 15 prairial, il fut blessé au ventre d’un coup de feu
dont il mourut le 19 du même mois ».
Les suites de la mort du général Lavictoire
Le
3 juin, Harispe, à la tête de son bataillon de Chasseurs Basques,
marche dans la colonne d’assaut commandée par le général
Lavictoire. Dès que celui-ci est blessé, Harispe le remplace dans
son commandement. La colonne d’assaut, dans un nouvel élan de vive
force « au pas de charge à la baïonnette en avant »
et en dépit de pertes sensibles, s’empare de la redoute 119, dont
les canons sont encloués par les Espagnols au moment de leur
retraite. Harispe se tourne alors vers la redoute 118. Il est tout
d’abord arrêté par les tirs meurtriers de ses défenseurs dont
une partie s’est installée à l’intérieur de la « maison
crénelée » occupant le centre de la redoute et qui paraît
inexpugnable. Fort heureusement, les Français réussissent à
remettre en état de fonctionnement l’un des canons de la redoute
119, qui est alors pointé sur l’ouvrage 118. Son tir neutralise
les défenseurs qui ne peuvent résister au nouvel assaut des
Français qui s’emparent de la seconde redoute. Le col de Berdaritz
tombe ainsi définitivement aux mains des Chasseurs Basques. Le
rapport des représentants du peuple donne un bilan de 25 morts et de
50 blessés, dont « aucun dangereusement ».
Témoins
directs de la grave blessure du général Lavictoire et de l’assaut
victorieux conduit par « le jeune Harispe », il
est alors âgé de vingt-six ans, qui l’a « remplacé dan
son commandement », les Représentants du Peuple, Pinet et
Cavaignac, l’élèvent sur le champ, à l’intérieur même de la
première redoute (119) de Berdaritz, au grade supérieur en le
nommant adjudant-général-chef-de-brigade (équivalent de colonel),
afin de « le mettre à même de rendre de plus grands
services à la République ». Tels sont les termes de leur
rapport adressé à la Convention pour lui demander son approbation.
Celle-ci ratifie le 28 prairial An II (16 juin 1794) la décision de
promotion de Harispe.
Selon
le rapport établi par le général Mauco, commandant la division de
gauche, le surlendemain 5 juin 1794 (17 Prairial An II), l’action
de l’avant-garde, dont Harispe a maintenant pris le commandement,
se poursuit par la prise des Aldudes, de leurs retranchements, de
leurs redoutes et de leurs canons en faisant environ quatre cents
prisonniers, dont six émigrés, et en leur prenant deux canons. Les
Espagnols repoussés par cette action, se retirent en désordre dans
la vallée du Baztan, après avoir perdu tous leurs bagages.
Ces
événements provoquent, dix jours plus tard, la signature par les
Représentants du Peuple près de l’Armée des Pyrénées
Occidentales, Pinet aîné et Cavaignac, d’un nouveau décret, en
date du 25 Prairial, 2ème année de la République
Française une et indivisible (13 juin 1794), portant :
-
intégration des 1er, 2ème et 3ème bataillons de chasseurs basques, connus sous les noms de bataillon d’Harriet, de Harispe et de Lassalle, en une demi-brigade25 qui portera le nom de « Demi-brigade des Chasseurs Basques »,
-
nomination au commandement26 de la demi-brigade de Chasseurs Basques, du citoyen Harispe que le général-en-chef de l’armée fera reconnaitre en cette qualité.
Le dossier de pension de la citoyenne Jeanne Fonrouge, veuve du général Lavictoire
Fin
juin 1794, Jeanne Fonrouge, veuve La Victoire adresse, de
Saint-Jean-Pied-de-Port, une lettre au citoyen Pinet, Représentant
du Peuple, pour l’informer que, après la mort de son mari, elle
est accouchée de son neuvième enfant, que tous ses enfants sont
vivants et forts et qu’elle a sur les bras sa mère, âgée de 64
ans. A l’évidence, sa situation matérielle étant alors précaire,
la Veuve Lavictoire adresse un appel au secours aux autorités de la
République.
Cette
demande est appuyée par le maire de Saint-Jean-Pied-de-Port qui
établit, en date du 8 mars 1795 (18 ventôse an III), un certificat
confirmant que la veuve Lavictoire, dit Matenotte, a neuf enfants
dont l’ainé a 15 ans et quatre ont moins de 7 ans. Il indique que
la famille est propriétaire de leur maison et d’une vigne. Suite à
ces démarches la Veuve Matenotte obtient un secours le 24 mars 1795
(4 Germinal An III).
En
avril 1795 (Floréal An III), la citoyenne Jeanne Fonrouge, veuve de
Joseph Matenotte dit La Victoire, général de brigade, établit une
demande officielle de pension alimentaire, dans laquelle sont
rappelés les états de service de son époux, dans l’armée
royale, puis dans l’armée républicaine, ainsi que sa situation de
famille : Jeanne Fonrouge et Joseph Matenotte ont eu neuf
enfants, quatre garçons et cinq filles, dont deux ont 11 et 13 ans
et six sont alors en bas âge. Cette demande est appuyée par
l’intervention d’un frère de Joseph Matenotte pour obtenir une
« pension alimentaire » à sa belle-sœur, qui rencontre
des difficultés à établir un dossier complet incluant les
documents certifiant sa carrière militaire, notamment dans l’armée
royale et la garde nationale.
Finalement,
le dossier de Pension, sous timbre de la Convention Nationale,
établit, en date du 18 Fructidor An III (4 septembre 1795), le droit
à pension alimentaire, en faveur de Jeanne Fonrouge, veuve de Joseph
Matenotte, avec effet du 19 Prairial an II (7 juin 1794), date du
décès de son époux.
La descendance de Joseph Matenotte
Aucun
acte d’état-civil concernant les descendants de Joseph Matenotte,
mariages ou décès, n’est enregistré dans les archives de
Saint-Jean-Pied-de-Port consultées. Aucune entrée à ce nom n’a
été trouvée dans les actes de l’an II à l’année 1823 ou dans
les Tables Décennales de 1823 à 1853 de Saint-Jean-Pied-de-Port
Joseph Matenotte aurait une sœur : Marie Matenotte, épouse
Sauvon, marraine de Guillaume Matenotte en 1789, et un frère qui est
intervenu au profit de sa belle-sœur comme indiqué précédemment.
Seul
est inscrit en décembre 1811 à l’état-civil de la ville de
Saint-Jean-Pied-de-Port l’acte de décès d’un autre fils de
Joseph Matenotte, prénommé Charles, sans doute adultérin. Sergent
à la 3ème compagnie du 2ème bataillon de
Chasseurs de Montagne, bataillon appartenant à l’armée d’Aragon,
il meurt durant la guerre d’Espagne sous le Premier Empire, à
Jacca, le 4 juillet 1811, des suites d’une blessure reçue en
service la veille 3 juillet. Il pourrait être né entre 1790 et
1793, années dont les registres de baptêmes, ou de naissances,
d’Uhart-Cize et de Saint-Jean-Pied-de-Port sont inexistants ou
lacunaires. Cet acte de décès de Charles Matenotte précise qu’il
est né à Saint-Jean-Pied-de-Port, « fils de feu Lavictoire
et de Louise ». Dès lors que l’épouse de Joseph
Matenotte est bien dénommée Jeanne Fonrouge, et non Louise,
dans tous les actes d’état-civil consultés, il ne pourrait s’agir
que d’un enfant adultérin de Joseph Matenotte.
Quant
à la veuve de Joseph Matenotte, Jeanne Fonrouge, elle décède à
Saint-Jean-Pied-de-Port le 17 juillet 1831, à l’âge de 72 ans,
comme l’indique le registre des décès de la commune de
Saint-Jean-Pied-de-Port. A cette date, elle habite dans le quartier
de Saint-Michel, dans la rue d’Uhart au n°1, rue perpendiculaire à
la rue de Saint-Michel.
Aucun
mariage, aucune naissance, concernant les descendants de Joseph
Matenotte, n’est enregistré dans les archives d’état-civil de
la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port consultées. Elles comportent
seulement, en date du 27 décembre 1811, l’acte de décès d’un
certain Charles Matenotte. Sergent à la 3ème compagnie
du 2ème bataillon de Chasseurs de Montagne, bataillon
appartenant à l’armée d’Aragon, il meurt durant la guerre
d’Espagne sous le Premier Empire, à Jacca, le 4 juillet 1811, des
suites d’une blessure reçue en service, la veille 3 juillet. Il
pourrait être né entre 1790 et 1793, années dont les registres de
baptêmes, ou de naissances, d’Uhart-Cize et de
Saint-Jean-Pied-de-Port sont inexistants ou lacunaires. Cet acte de
décès de Charles Matenotte précise qu’il est né à
Saint-Jean-Pied-de-Port, « fils de feu Lavictoire et de
Louise ». Dès lors que l’épouse de Joseph Matenotte est
bien dénommée Jeanne Fonrouge, et non Louise, dans
tous les actes d’état-civil consultés, il ne pourrait s’agir
que d’un enfant adultérin de Joseph Matenotte.
Seuls,
les décès de deux des filles de Joseph Matenotte sont inscrits dans
le registre des actes de décès de la commune de
Saint-Jean-Pied-de-Port. Le premier décès, à la date du 13
novembre 1858, est celui de Marie Matenotte, âgée de quatre-vingts
ans, sans profession, domiciliée dans la maison Laco, rue d’Espagne
à Saint-Jean-Pied-de-Port, veuve de Jean-Baptiste Driancourt. Il
s’agit donc de l’aînée des filles Matenotte, née en 1778,
Marie. La copie certifiée conforme de son mariage est enregistrée
dans le registre des mariages de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port,
en date du 17 mars 1858, soit huit mois avant son décès. Elle nous
apprend qu’elle avait épousé le 1er septembre 1811, en
l’église Saint-Nicolas de Pampelune, paroisse de la garnison
militaire, Jean-Baptiste Driancourt, originaire de Bruges en
Flandres, aujourd’hui belges, cavalier dans la gendarmerie
impériale. Le second décès est celui de Gracieuse (ou Gracianne)
Matenotte, dit Lavictoire, veuve de Charles Bertolin, à l’âge de
quatre-vingt-trois ans, buraliste, domicilié à
Saint-Jean-Pied-de-Port, décédée en la maison Cavada rue de
sainte-Eulalie, le 25 mai 1864 à neuf heures du soir. Son nom
apparaît également dans les archives militaires. Veuve, demeurant à
Saint-Jean-Pied-de-Port, la Veuve Bertolin, née Matenotte, fille du
général Matenotte décédé en 1794, fait une demande de secours à
son profit, le 10 octobre 1838, affirmant vivre dans l’indigence.
Elle a obtenu un secours en 1837, avec l’appui du maire de
Saint-Jean-Pied-de-Port, M. Salaberry. Sa nouvelle demande est
appuyée par le Lieutenant Général Harispe, Pair de France.
Conclusion
Ainsi
donc, l’étude des archives paroissiales et municipales
d’Uhart-Cize, de Saint-Jean-Pied-de-Port et de
Saint-Etienne-de-Baïgorry, complétée par des recherches au service
Historique de la Défense au château de Vincennes, permettent de
reconstituer la vie et la carrière de Joseph Matenotte, dit
Lavictoire, citoyen de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port,
commandant du 1er Bataillon de Chasseurs Basques, général
de brigade des Armées de la Révolution Française sous la
Convention.
Lorrain
d’origine, Joseph Matenotte nait, le 24 novembre 1750, à Delme, au
Nord de Metz, où ses parents exercent la profession de tailleur
d’habits et d’aubergiste. Fusilier dans l’armée royale de 1770
à 1777, sous le nom de Lavictoire, dans le « Régiment du
Dauphin », puis dans le régiment de « Perche
Infanterie », il tient garnison, au sein de l’un des deux
bataillons de ce régiment, dans la citadelle de
Saint-Jean-Pied-de-Port pendant six mois, d’octobre 1776 à avril
1777. Il obtient son congé militaire fin septembre 1777.
De
retour à la vie civile en octobre 1777, il s’installe, dans la
ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, dont il devient citoyen, et où il
y embrasse la profession de « maître tailleur d’habits »,
qu’il exerce encore en 1789. Joseph Matenotte épouse le 15 octobre
1777, Jeanne Fonrouge. Le couple réside, comme sa belle famille,
dans la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, rue de Saint-Michel, rue
qui fait partie, jusqu’à la Révolution, de la paroisse
d’Uhart-Cize. Il donne naissance, entre 1777 et 1794, à neuf
enfants, cinq filles et quatre garçons, tous nés rue de
Saint-Michel à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Sous
la Révolution française, dès les premières tensions avec
l’Espagne, Joseph Matenotte commande, avec le grade de
lieutenant-colonel, la Garde Nationale de Saint-Jean-Pied-de-Port. Il
est désigné, sous son pseudonyme de Lavictoire, le 2 avril 1793,
capitaine commandant une compagnie franche. Le 30 décembre 1793, il
est nommé adjudant-général chef de bataillon, commandant le 1er
bataillon de Chasseurs Basques, à la tête duquel il participe aux
nombreuses opérations de la campagne de l’année 1793 sur la
frontière espagnole, notamment dans le secteur de Bidarray. Promu le
14 avril 1794 (25 Germinal An II), général de brigade, Lavictoire,
lors de la reprise générale de l’offensive au printemps 1794,
prend le commandement de l’avant-garde de la division de gauche de
l’Armée des Pyrénées Occidentales, division dont le Poste de
Commandement est à Saint-Jean-Pied-de-Port. Menant cette avant-garde
à l’assaut à la baïonnette des redoutes espagnoles qui défendent
le col de Berdaritz, dominant le village et la vallée des Aldudes,
le général de brigade Lavictoire est mortellement blessé le 3 juin
1794 (15 prairial An II), à l’âge de quarante-quatre ans. Il
décède le 7 juin 1794 (19 prairial an II) à
Saint-Etienne-de-Baïgorry, où il est enterré place de la Liberté.
Jeanne
Fonrouge, veuve du général Lavictoire à l’âge de trente-cinq
ans, et mère de leurs neuf enfants, obtient le 4 septembre 1795 (18
Fructidor An III) une pension alimentaire avec effet du 7 juin 1794,
date du décès de son époux. Elle continue à vivre dans le
quartier de Saint-Michel de Saint-Jean-Pied-de-Port, où elle meurt à
l’âge de soixante-douze ans, le 17 juillet 1831. L’une de ses
filles, devenue veuve, vit encore à Saint-Jean-Pied-de-Port en 1838.
Aucun autre de leurs enfants ne semble y avoir vécu, ou s’y être
marié. Un fils, naturel semble-t-il, de Joseph Matenotte, prénommé
Charles, était mort le 3 juillet 1811, des suites d’une blessure
reçue en service, alors qu’il était sergent à la 3ème
compagnie du 2ème bataillon de chasseurs de montagne, à
Jacca, durant la guerre d’Espagne sous le Premier Empire.
Cette
recherche m’a permis, en outre, de préciser les conditions de la
création de la demi-brigade de Chasseurs Basques, qui a
immédiatement suivi le décès de Joseph Matenotte. La blessure
mortelle au combat du général Lavictoire provoqua, en réaction
immédiate, la promotion, sur le champ de bataille par les
Représentants du Peuple, de l’adjudant-général-chef-de-bataillon
Harispe au grade d’adjudant-général-chef-de-brigade et,
simultanément, sa prise de commandement de l’avant-garde de la
division. Cette première décision en entraina à terme une seconde,
dix jours plus tard : les mêmes Représentants du Peuple près
de l’Armée des Pyrénées Occidentales, Pinet aîné et Cavaignac,
signèrent un décret en date du 13 juin 1794 (25 Prairial, 2ème
année de la République Française une et indivisible), portant :
-
création de la « Demi-Brigade de Chasseurs Basques », par regroupement des 1er, 2ème et 3ème bataillons de chasseurs basques, dénommés bataillons de Harriet, de Harispe et de Lassalle, qui avaient été créés début janvier 1794, à partir des compagnies franches, officialisées pour les premières en novembre 1792, levées pour les suivantes en mars 1793,
-
nomination de l’adjudant-général-chef-de-brigade Harispe au commandement de cette Demi-Brigade de Chasseurs Basques.
Sources et Références bibliographiques
-1-
Registres des mariages et des baptêmes de la paroisse d’Uhart-Cize
de l’année 1759 et des années 1777 à 1789,
-2-
Registre des actes de naissance de la municipalité de
Saint-Jean-Pied-de-Port des années 1792 à 1806
-3-
Registre des décès de la commune de Saint-Jean-Pied-de-Port des
années 1807 à 1812 et de l’année 1831,
-4-
Registre des décès de la commune de Saint-Etienne-de-Baïgorry de
l’An II (1806),
-5-
Dossier individuel du général de brigade Matenotte (SHD/Terre 8YD
491)
-6-
Rapports militaires de l’Armée des Pyrénées Occidentales du
15/01/1794 au 29/07/1795 (SHD Terre B4 77),
-7-
Situation de l’Armée des Pyrénées Occidentales du 01/01/1794 au
31/07/1794 (SHD Terre B4 167),
-8-
Ordres du jour de l’Armée des Pyrénées Occidentales du
16/02/1794 (28 pluviôse) au 02/07/1794 (14 messidor) (SHD Terre B4
46) – Division de Gauche,
-9-
Livre d’ordres général de l’Armée des Pyrénées Occidentales
du 19/02/1794 au 24/06/1794 (SHD Terre B4 76) – Division du centre
-10-
Dictionnaire Biographique des Généraux et Amiraux français de la
Révolution et de l’Empire 1792-1814 (2 Tomes) par Georges Six,
professeur agrégé d’histoire au lycée Condorcet – Paris 1934,
-11-
Histoire de l’infanterie française par le général Susane (5
tomes), Paris 1876,
-12-
« Mémoire instructif de M. de Salmon, concernant la ville et
la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port, 1718 »,
-13-
Histoire générale du Pays Basque par Manex Goyhenetche, Tome IV :
La Révolution de 1789 – Editions Elkar, Saint-Sébastien Bayonne
2002
-14-
Le maréchal comte Harispe – Archives du château de Lacarre –
1792/1795 par le général Jean Ansoborlo (Bulletin SSLA de
Bayonne n° 146, année 1990),
-15-
Archives du château de Lacarre par le général Jean Ansoborlo
(Bulletin SSLA de Bayonne n° 147, année 1991),
-16-
Les Défenseurs de l’An I (octobre 1792-1793) par le général Jean
Ansoborlo, (Bulletin SSLA de Bayonne n° 155, année 2000),
-17-
Les soldats de l’An II en Pays Basque, l’armée des Pyrénées
Occidentales, de Sare 1793 à Bilbao 1795, par le Général Jean
Ansoborlo, Bayonne 1988 (Publication de la société des sciences,
lettres et arts de Bayonne),
-18-
L’Armée des Pyrénées occidentales 1793-1795 par
le général Ansoborlo (Bulletin SSLA de Bayonne n° 141, année
1985),
-19-
Les Redoutes de Berdaritz et leur conquête par le commandant Harispe
par le général Francis Gaudeul (Bulletin SSLA de Bayonne n° 145,
année 1989),
-20-
Histoire Militaire de Bayonne par
le général Jean Ansoborlo, (Revue d’histoire de Bayonne, du Pays
Basque et du Bas-Adour n° 150, année 1995,
-21-
Trois Anciens des Chasseurs Cantabres : Montréal, Moncey,
Schilt par le général Baratchart (Bulletin SSLA de Bayonne n°155,
année 2000),
1Au
XVIIIème siècle, les rapports des ingénieurs du Roy
indiquent que plusieurs maîtres-tailleurs exercent leur profession
à Saint-Jean-Pied-de-Port : trois en 1718 et six en 1753.
2De
cette église, détruite lors de la Révolution, il ne subsiste
aujourd’hui que le porche roman, conservé comme entrée de la
maison de retraite « Toki Eder » construite sur son
emplacement. Deux chapelles en dépendaient : la chapelle
Saint-Jacques, détruite lors de la Révolution, située en haut de
la rue de la citadelle, hors de l’enceinte de la ville, et la
chapelle Notre-Dame-du-bout-du-pont, devenue église paroissiale
après le Concordat de 1801, située en bordure de la rivière Nive
d’Errobi, à l’intérieur de l’enceinte médiévale.
3C’est
ainsi qu’à la date du mardi 1 novembre 1791, est inscrite, dans
le registre paroissial de l’église d’Uhart-Cize, l’inhumation
du maire de la ville de Saint-Jean-Pied-de-Port, Jean Damestoy, le
prédécesseur de Henri Fargues, décédé la veille à l’âge de
66ans, inhumation célébrée par Jean Iralour, prêtre successeur
du curé M. Mendiry, lequel était décédé le dimanche 19 août
1787 à l’âge de 75 ans et avait été inhumé le lendemain 20
août 1787,également au cimetière d’Uhart-Cize.
4Ce
quartier n’était pas encore à l’époque entouré d’un mur
d’enceinte, mais seulement d’une levée de terre établie en
1636, peu après l’entrée de la France dans la guerre de Trente
Ans (1618-1648), ainsi que des fondations du projet d’enceinte
conçu par Vauban en 1685, dont la construction avait été
abandonnée en 1713, à la suite des traités d’Utrecht et de
Rastadt mettant fin à la guerre de Succession d’Espagne.
5La
prison civile était bien installée dans le soubassement de la
« Maison de Ville », puisque, comme le précise M. de
Salmon : « le corps du magistrat est juge civil et
criminel dans la ville et juge criminel dans toute l’étendue de
la chastellenie qui est composée des villes de Baïgorry, Osses,
Iholdy, Armendarry, Irissary et Pays de Cize. Le magistrat a pouvoir
de juger à mort et les appels sont relevés au Parlement de Navarre
qui est scéant à Pau ». En outre, les jurats
commandaient, lorsqu’elle prenait les armes, la compagnie de
milice de cent hommes mise sur pied par la ville.
6Blancher :
mot ancien : tanneur de petites peaux.
7Corroyeur :
ouvrier procédant à la préparation des cuirs en croûte.
8Mariage
le 14 ventôse an VI à Saint-Jean-Pied-de-Port de Favian Fonrouge,
dont Raymond Fonrouge est le témoin.
9Le
couple Matenotte donne comme prénom à ses enfants celui du
parrain, ou de la marraine, ce qui explique l’existence de quatre
« Marie ».
10Il
a pour marraine une sœur de Joseph Matenotte, Marie Matenotte,
épouse Sauvon.
11La
création de principe de la Garde nationale avait été prise par le
décret du 13 juillet 1789. Son organisation fut précisée par la
loi du 14 octobre 1791.
12La
Patrie fut déclarée en danger le 10 juillet 1792 par l’assemblée
législative (oct. 1791 – sept. 1792). La France fut sauvée du
danger d’invasion par la victoire de Valmy du 20 septembre 1792.
13Le
traité des Pyrénées de 1659, qui avait déterminé un tracé
général de la frontière, n’avait pas traité certaines
situations particulières, auxquelles, déjà en 1614, les
Capitulations royales n’avaient pas apporté de solutions
satisfaisantes. L’accord de compromis, réalisé par le « Traité
des Limites », signé le 27 août 1785 à Elizondo, avait
tenté de régler les problèmes particuliers existant entre les
vallées de Cize et Baïgorry, au Nord, et les vallées du Baztan,
d’Erro, du Val Carlos et de Roncevaux au Sud. La délimitation de
la frontière proposée, qui consacrait la séparation entre les
deux Navarre et prévoyait la cession du Pays Quint, avait déchaîné
des explosions de colère dans les populations des pays de Cize et
de Baïgorry, qui n’acceptaient pas les termes du compromis ainsi
réalisé. L’échange des ratifications n’ayant pas pu avoir
lieu avant la révolution, le traité n’était pas entré en
vigueur en 1789.
14L’ordonnance
du 17 mars 1788 réorganisant l’infanterie légère, décida la
transformation du régiment d’infanterie de Montréal en
« Bataillon de Chasseurs Cantabres », dont le
recrutement ne devait comprendre que des hommes des pays compris
entre les Pyrénées, la Garonne et l’Océan. Ce bataillon prit
garnison à Saint-Jean-Pied-de-Port où il se trouvait lors du
déclenchement de la Révolution. Le capitaine Moncey qui y
commandait une compagnie, prit le commandement du bataillon en juin
1793, puis devint commandant de la 3ème
division en juin 1794, et, enfin, de l’Armée des Pyrénées
Occidentales, en août 1794.
15La
Convention nationale qui succéda à l’Assemblée législative le
20 septembre 1792, gouverna jusqu’en octobre 1795. Elle proclama
la République, condamna Louis XVI à la peine capitale, créa le
comité de Salut public en avril 1793 et envoya dans toute la France
des Représentants en mission qui galvanisèrent le patriotisme du
pays.
16Henry
Fargues, né à Saint-Jean-Pied-de-Port le 13 mars 1757 et
commerçant en laine dans la ville, élu maire en 1790, participa
activement aux activités révolutionnaires dès 1789. En 1793, il
joua un rôle important dans la levée des compagnies franches, ce
dont le félicita en mars 1793 Lacuée, commissaire de la guerre de
la 11ème division militaire de Bayonne. En mai 1794,
Fargues fut élu président du Directoire des Basses-Pyrénées,
puis membre du Conseil des Cinq Cents en 1795 et enfin sénateur en
l’an VIII (1799).
17Il
fut bientôt suivi par ses frères Charles et Timothée.
18La
situation d’effectifs, à cette date, de la division de gauche
fait apparaitre au titre de l’ « infanterie légère »,
neuf compagnies franches commandées par : Arispe, Arnautena,
Apesteguy, Harismendy, Lassale, Iriart (Arnaud Iriart, domicilié à
Saint-Jean-Pied-de-Port), Berindoague, Sainte-Marie (démissionnaire
de ses fonctions d’officier municipal de Saint-Jean-Pied-de-Port)
et Lavictoire. Leur effectif total est de 1 945, le 4 janvier
1794 (15 nivôse an II).
19Jean
Mauco, soldat dans l’armée royale de 1766 à 1776, date
d’obtention de son congé, est nommé, le 2 octobre 1792,
lieutenant-colonel en second du 4ème bataillon de
volontaires du département des Basses-Pyrénées.
20Saint-Etienne-de-Baïgorry
prend sous la Révolution le nom de « Thermopile ».
21Le
tableau d’organisation de la division de gauche fait apparaître
le18 Février 1794 (30 Pluviôse An II), au titre de l’infanterie
légère, trois « bataillons de Chasseurs Basques »,
première mention sous cette dénomination.
22Les
archives de Saint-Jean-Pied-de-Port confirment l’évolution de ces
appellations : le registre des Naissances-Mariage-Décès de
Saint-Jean-Pied-de-Port (collection communale, Naissances),
mentionne, en 1793, des « compagnies franches » puis, en
1794, des bataillons de Chasseurs Basques ; le bataillon
Harispe est mentionné en Ventôse an II (février 1794), le 3ème
bataillon de Chasseurs Basques est cité le 9 Germinal An II (29
mars 1794).
23Le
quatrième bataillon de Chasseurs Basques, formé de Souletins et
placé aux ordres de Darhampé, a été incorporé à la division
des vallées, créée à la mi-juin 1794 ; il est
essentiellement engagé en Haute Soule et dans la vallée de
Barétous. L’effectif total des chasseurs basques est de 2 648
hommes en avril 1794.
24Le
15 janvier 1794, la municipalité décida de changer le nom de
Saint-Jean-Pied-de-Port en « Nive-Franche ».
25Les
demi-brigades amalgamaient normalement un bataillon régulier à
deux bataillons de volontaires. Tel fut le cas du 5ème
bataillon d’infanterie légère, ex-bataillon de Chasseurs
Cantabres, qui constitua le noyau de la 5ème
demi-brigade d’infanterie légère. Il en alla autrement pour la
demi-brigade de Chasseurs Basques qui ne comportait aucun bataillon
régulier, mais uniquement trois bataillons de Chasseurs Basques.
26Le
commandant de demi-brigade est assisté d’un PC de demi-brigade
qui inclue sept officiers dont un officier de santé, deux officiers
adjoints, un adjudant major, un quartier-maître trésorier et deux
quartiers-maîtres adjoints.
Commentaires
Enregistrer un commentaire